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L’alliance décide de baisser la production de 100.000 barils/jour : Le message de l’Opep+ au marché

L’Opep+ décide de refermer légèrement les vannes et de resserrer l’offre de pétrole sur le marché. Les inquiétudes sur les perspectives économiques mondiales et les craintes quant à une baisse possible de la demande l’auront finalement emporté. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés signataires de la Déclaration de coopération ont décidé de réduire la production de brut de 100.000 barils /jour. Bien que cette baisse soit modeste, celle-ci a quelque peu surpris les marchés et les cours du baril ont légèrement augmenté hier. Elle a surtout permis de confirmer la détermination de l’Opep+ à prendre toutes les mesures nécessaires afin de préserver l’équilibre du marché en joignant l’acte à la parole. 

En effet, le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, a indiqué hier à l’issue de la réunion ministérielle mensuelle de l’Opep+, que les membres de l’Opep + ont décidé de baisser le niveau de production globale de pétrole de l’alliance de 100.000 barils par jour (b/j) pour octobre prochain. Les 23 pays de l’OPEP+ (13 membres de l’OPEP et 10 pays producteurs non membres) ont ainsi opté, pour octobre prochain, de revenir au même niveau de baisse mensuelle de la production pétrolière, en août dernier, soit une baisse de 100.000 b/j comparée à septembre. Dans ce contexte, la production algérienne s’établira à 1,055 Mb/j en octobre, a précisé Mohamed Arkab. 

Cette décision, bien qu’elle permette de réaligner l’offre de brut sur le marché sur les niveaux du mois d’août dernier, marque une rupture avec la démarche de l’Opep+ qui avait augmenté sa production de 400.000 b/j chaque mois depuis août 2021, avant que la hausse ne passe à 432.000 b/j au mois de juillet dernier puis à 648.000 b/j en août. .

Une rupture motivée par les perspectives d’évolution du marché. Dans ce sens, le département de Mohamed Arkab a souligné, hier dans un communiqué, qu’après avoir examiné les travaux du Comité technique qui s’est réuni quelques jours auparavant, les membres de l’alliance ont « pris note que la volatilité des prix observée au cours des dernières semaines n’était pas liée à un changement majeur des fondamentaux du marché pétrolier mais à des craintes excessives des intervenants sur les marchés financiers ». Et de relever que « les perspectives d’évolution du marché pétrolier à court terme étaient incertaines en raison des risques liés à un ralentissement de l’économie mondiale et d’une demande de pétrole moins robuste dans de nombreux pays industrialisés et émergents ». 

Le ministère de l’Énergie et des Mines a expliqué à l’issue de la réunion que les membres de l’alliance ont exprimé leur « préoccupation face aux facteurs baissiers qui agissent sur la stabilité et l’équilibre du marché pétrolier international et nous avons décidé de poursuivre nos efforts afin d’assurer un approvisionnement stable et régulier ».  Et d’ajouter que si l’Opep+ a décidé de baisser la production, ils restent « extrêmement vigilants sur les développements des prochaines semaines ». « Nous nous reverrons au plus tard dans un mois pour prendre les décisions qui nous permettront de maintenir la stabilité et parvenir à l’équilibre du marché pétrolier international», assure-t-il enfin. Il est vrai que la décision de baisse de la production a quelque peu surpris dans la mesure où les acteurs du marché s’attendaient plutôt à un maintien du niveau de production actuelle en octobre. D’ailleurs, les agences de presse relayaient ces derniers jours des informations allant dans ce sens en citant des sources proches de l’Opep. Il est cependant clair que la décision de l’Opep+ répond au besoin d’envoyer un message au marché pour réaffirmer sa détermination à prendre toutes les mesures nécessaires afin de préserver l’équilibre du marché et des prix, et que l’Opep n’entendait se soumettre à une quelconque pression, ni répondre à aucun facteur géopolitique pour incliner sa politique et sa démarche. Un discours qui a d’ailleurs été largement affiché ces derniers moins et plus encore ces dernières semaines. Il est utile de rappeler dans ce contexte que le nouveau SG de l’Opep, le koweitien Haitham Al-Ghais, avait tenu à faire une mise au point, il y a quelques semaines, concernant la situation du marché pétrolier. Il avait mis à l’index l’extrême volatilité des marchés pétroliers déconnectés de ses fondamentaux et soumis à l’influence de facteurs exogènes. Il y a une quinzaine de jours, c’était le ministre saoudien de l’Énergie, Abdelaziz ben Salmane, qui assurait à l’agence Bloomberg que l’Opep+  avait les moyens notamment de « réduire à tout moment sa production » pour faire face aux défis d’un marché pétrolier « tombé dans un cercle vicieux de faible liquidité et de volatilité extrême » qui « envoient des signaux erronés aux marchés à un moment où l’on a besoin le plus de clarté ».

Samira Ghrib

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