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Le président du Conseil européen à Alger: Gaz algérien, priorité européenne

Face au spectre d’une crise énergétique majeure, l’Union européenne se trouve face à l’urgence de trouver des alternatives au gaz russe. Bruxelles tourne le regard vers l’Algérie, fournisseur de gaz fiable et qui peut présenter les solutions les plus viables et veut relancer la coopération énergétique. Or, cela est conditionné par un préalable, celui de « réparer » les relations entre l’Algérie et l’Union européenne et de la relancer sur des bases assises sur l’intérêt mutuel. 

C’est un fait, le président du Conseil européen, Charles Michel, s’est déplacé hier à Alger, une capitale où il compte de nombreux amis, avec l’intention marquée de demander le soutien des autorités algériennes pour permettre aux pays membres de l’Union européenne de traverser avec le moins de dommages possibles la crise énergétique qui frappe de plein fouet le vieux continent. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les prix de l’énergie ont explosé. Les contre-mesures prises par Moscou pour contrer les sanctions occidentales et qui se sont traduites par des réductions et de multiples suspensions des fournitures de gaz russe aux Européens, ont mis le marché sous tension. Cette situation commence d’ailleurs à fragiliser les économies de pays de l’Union européenne, notamment la première économie européenne, l’Allemagne. Comme beaucoup, les Allemands craignent carrément que leurs réserves d’énergie ne leur permettent pas de tenir tout l’hiver. Une perspective désastreuse pour la locomotive économique de l’Union et donc pour Bruxelles.

C’est donc pour parer au plus urgent que Charles Michel est venu à Alger. Et pour lui autant que pour l’ensemble des Européens, l’urgence consiste à  trouver plus de gaz. Et le gaz algérien est l’alternative, la plus fiable, la plus viable et la moins chère ! Il l’a d’ailleurs clairement reconnu dans une déclaration à la presse  à l’issue de son entretien avec le président Abdelmadjid Tebboune. «Nous avons considéré que dans les circonstances internationales que l’on connaît, la coopération énergétique est évidemment essentielle, et nous voyons dans l’Algérie un partenaire fiable, loyal et engagé», a soutenu le président  du Conseil européen.

Le responsable européen a-t-il obtenu ce qu’il était venu rechercher ? Il est clair que cela se fera avec un préalable, celui de refonder les relations Algérie-UE. Le responsable européen a dit avoir eu un entretien « extrêmement   fructueux, tourné vers l’avenir » avec le Président Tebboune, relevant que les deux parties « partagent une ambition commune de donner un nouvel élan à la qualité des relations entre l’Algérie et l’UE ». Il est clair que les Européens voient, aujourd’hui, un partenaire stratégique et crédible qui n’a d’ailleurs jamais failli à ses obligations. L’Algérie s’est  déjà engagée à aider l’Italie et des discussions sont engagées avec la France pour étudier les possibilités d’une hausse des approvisionnements. Malgré la crise avec Madrid, l’Algérie continue à alimenter normalement  en gaz. Sur ce point, Charles Michel n’a pas tort de dire que l’Algérie est un partenaire fiable. Même du temps de la décennie noire, le pays n’a jamais failli à ses obligations. La fourniture de pétrole et de gaz ne s’est jamais arrêtée. Sonatrach est uniquement limitée par ses capacités de production.

Pour convaincre le président Abdelmadjid Tebboune de voler au secours des Européens pour éviter qu’ils ne passent l’hiver au froid, le président du Conseil européen n’est pas venu les mains vides. Au fond, il savait bien que l’on n’a rien sans rien. Aussi, a-t-il de lui-même proposé une révision de l’accord d’association qui lie l’Algérie à l’Union européenne. Il sait pertinemment qu’Alger veut amender cet accord depuis longtemps en raison de son caractère foncièrement déséquilibré. Le souhait des Algériens de rouvrir  ce dossier s’est plusieurs fois heurté au refus de Bruxelles. Mais les choses ont changé. La place de l’Algérie dans l’espace euro-méditerranéen s’est renforcée depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.  

M. Michel a ainsi souligné « la nécessité de réviser l’Accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne (UE) en identifiant les   priorités conjointes, dans l’intérêt mutuel des deux parties». «Nous avons considéré que l’Accord d’association est un cadre devant donner lieu à des améliorations avec la volonté, de part et d’autre, d’identifier les priorités conjointes dans l’intérêt mutuel », a-t-il ajouté. Le marché proposé par le responsable européen peut éventuellement permettre aux deux parties de gagner au change.

Comme la survie de l’Union européenne est en jeu, Bruxelles paraît disposée aussi à faire d’autres concessions. A ce propos, M. Michel s’est dit « extrêmement optimiste » de développer « plus fortement et de manière plus déterminée, un partenariat qui débouche sur des résultats concrets et tangibles pour les citoyens » de l’Algérie et de  l’Union européenne. Cela non sans souligner que l’Algérie et l’UE ont « une ambition commune pour la stabilité, la sécurité et la prospérité». Il apparaît clairement que la donne géopolitique induite par la guerre en Ukraine a provoqué une redistribution des cartes au plan régional qui profite incontestablement à l’Algérie. Aux Algériens donc de tirer le maximum de ce nouveau contexte.  

Khider Larbi

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