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Situation au Mali : De l’urgence de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger

L’évolution de la situation sécuritaire au Mali suscite des inquiétudes et reflète plus que jamais l’urgence de la concrétisation des engagements et de la pleine application de l’Accord d’Alger.

Deux années après leur arrivée au pouvoir, les autorités de transitions peinent à concrétiser leur promesse de rétablir la sécurité au Mali. La situation sécuritaire s’est détériorée au point où des groupes terroristes comme le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) affilié à Al Qaïda, la katiba du Macina ou l’Etat islamique au grand Sahara (EIGS) réussissent désormais à opérer des incursions sanglantes dans la banlieue même de Bamako, la capitale malienne.

Des terroristes avaient attaqué la base militaire de Kati le 22 juillet dernier, où réside le président de la transition, le colonel Assimi Goita. Elle est située à moins de 20 km de la capitale. Depuis, les raids terroristes ayant fait des dizaines de morts se sont multipliés en divers endroits du pays. C’est le cas particulièrement des localités de Talayate et de Menaka, situées respectivement dans le Nord-Ouest et le centre du pays, qui a été ces dernières semaines la cible de plusieurs attaques de l’EIGS. Les rescapés de Talataye et des localités environnantes ont d’ailleurs eu le choix que de prendre la fuite pour Gao ou Kidal.

Eu égard à cette défaillance dans la lutte contre les terroristes de l’EIGS, la population à Kidal a décidé cette semaine d’assurer elle-même sa sécurité. La ville est ainsi soumise, depuis lundi soir, à un couvre-feu imposé par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), une coalition de groupes armés signataires de l’Accord d’Alger. Le couvre-feu de 21H00 à 05H00 (locales et GMT) fait partie d’un dispositif visant à répondre aux «besoins sécuritaires du moment» et détaillé dans un document officiel de la CMA. Ce couvre-feu s’accompagne, selon la même source, d’une opération prévoyant des missions de sécurisation des routes, des fouilles systématiques et des perquisitions.

Les populations de Kidal, Ménaka et Gao ont en effet de quoi s’inquiéter. Les gains de territoires enregistrés ces derniers mois par les groupes terroristes dans ces régions est évidemment un facteur qui risque, à terme, de transformer le centre et le nord maliens en une sorte d’eldorado terroriste.

La situation devrait préoccuper même au niveau de la sous-région. Des pays comme l’Algérie ou le Niger, qui partagent chacun une longue frontière avec le Mali, devraient ainsi être extrêmement attentifs à l’évolution de la situation. Un rapprochement des foyers pourrait assurément constituer une menace sur leur propre sécurité, même si un pays comme l’Algérie a les moyens d’y faire face.

Autre objet de préoccupation qui est de nature à aggraver la crise : les autorités de transition n’ont pas avancé dans l’application des Accords d’Alger que la communauté internationale estime pourtant être une grande partie de la solution aux problèmes politico-sécuritaires que vit le Mali. Cet état de fait a déjà pour conséquence malheureuse de créer un début de crise de confiance au sein de la population et particulièrement avec les groupes armés du nord qui ont signé ces accords et qui, aujourd’hui, commencent à montrer leur impatience et leur inquiétude. Des extrémistes de tous bords pourraient exploiter l’immobilisme actuel pour mettre le feu aux poudres et mettre en œuvre de sombres agendas susceptibles de déstabiliser encore davantage la sous-région. La situation n’est plus pour l’attentisme. L’urgence de la concrétisation des engagements pris et de pleine application de l’Accord d’Alger est plus que jamais de mise.

Khider Larbi

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