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Burkina Faso : Le président de transition Damiba déposé par l’armée

Le président burkinabé, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, a été démis vendredi soir de ses fonctions par des militaires. Il était lui-même arrivé au pouvoir par un putsch fin janvier. «Le lieutenant-colonel Damiba est démis de ses fonctions de président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration» (MPSR, organe dirigeant de la junte), ont déclaré les militaires dans un communiqué lu par un capitaine à la télévision. Les putschistes ont également annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes, la suspension de la Constitution et la dissolution du gouvernement. Un couvre-feu est aussi mis en place. Le nouvel homme fort du pays, désigné président du MPSR, est désormais le capitaine Ibrahim Traoré.

Les premiers coups de feu ont éclaté au petit matin dans la capitale, Ouagadougou, près du camp militaire de Baba Sy, l’un des plus importants du pays. Très vite, d’autres tirs sont entendus dans le quartier de Ouaga 2000 et dans les environs de l’immense complexe présidentiel de Kosyam. Dans la foulée, des soldats et des véhicules militaires se sont déployés en ville, contrôlant certains carrefours, ainsi que les rues entourant les ministères et le bâtiment de la télévision nationale. Des escarmouches entre le Groupement de sécurité et de protection républicaine (GSPR), la garde présidentielle restée fidèle au pouvoir en place, et plusieurs contingents rebelles dont l’Unité Cobra, un régiment d’élite, ont eu lieu également en divers endroits de la capitale. Ce dernier avait déjà été impliqué dans le coup d’État qui, le 24 janvier 2022, avait chassé le président élu Roch Marc Christian Kaboré et conduit Damiba au pouvoir.  L’Unité Cobra a fini par avoir le dessus, ce qui a permis aux putschistes de prendre le contrôle de toutes les institutions du pays.

Les mouvements et les violences en cours au Burkina n’ont pas surpris. Neuf mois après la prise de pouvoir des putschistes, en promettant de remettre de l’ordre dans le pays et de reprendre en main la lutte contre les groupes terroristes qui ravagent l’est et le nord, l’insécurité est pire que jamais. Les terroristes, souvent liés à al-Qaida, ont gagné du terrain, ce qui a suscité un profond mécontentement au sein de la population. La ville de Djibo, au nord de la capitale, est assiégée, quasiment sous blocus depuis plusieurs mois, sans que l’armée ne semble en mesure de secourir les habitants. Le 27 septembre, un convoi de ravitaillement sous escorte militaire a été attaqué et détruit près de Gaskindé par les islamistes. Le bilan avait été de 11 soldats tués, 28 blessés et une cinquantaine de civils portés disparus.

K.L.

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