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Pakistan : La police échoue à arrêter l’ex-Premier ministre Imran Khan

La police pakistanaise semble avoir renoncé hier à arrêter à son domicile de Lahore l’ancien Premier ministre Imran Khan, qui a crié au complot politique, après de violents affrontements avec des centaines de ses partisans durant la nuit.

Des journalistes et des témoins qui se trouvaient près du domicile de M. Khan, situé dans la banlieue cossue de Zaman Park à Lahore, ont indiqué que les forces de sécurité qui étaient présentes depuis plusieurs heures avaient battu en retraite, après avoir abandonné une série de barrages routiers et de points de contrôle. « La police et les gardes envoyés pour nuire à Imran Khan ont été repoussés par le peuple », a posté le parti de M. Khan, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI, Mouvement du Pakistan pour la justice) sur son compte twitter. Une vidéo postée par le PTI montre également M. Khan saluant des dizaines de personnes à l’intérieur de son jardin et des partisans en liesse célébrant l’événement à l’extérieur. Dans la nuit de mardi à mercredi des affrontements ont éclaté entre les partisans de M. Khan et les policiers qui ont effectué des tirs de gaz lacrymogène et esquivé les pierres lancées par une foule en colère. « La raison (de cette procédure) n’est pas que j’ai enfreint une loi. Ils me veulent en prison pour que je ne puisse pas participer aux élections », a déclaré à la presse Imran Khan, en fin de journée. « Cette arrestation par la force n’a rien à voir avec l’État de droit », a dénoncé l’ex-Premier ministre, déplorant la « loi de la jungle ». L’ex-Premier ministre a été renversé en avril 2022 par une motion de censure et est confronté depuis à une multitude de procédures judiciaires. Il reste très populaire et espère revenir au pouvoir lors d’élections législatives prévues d’ici octobre.

Mandat d’arrêt maintenu

C’est la seconde fois ce mois-ci que des policiers ont été dépêchés à son domicile pour exécuter un mandat d’arrêt, en vain. L’ex-Premier ministre s’est soustrait à plusieurs assignations à comparaître au tribunal, invoquant des raisons de sécurité. Ses avocats assurent qu’il a bénéficié d’une libération sous caution. Imran Khan, 70 ans, a été convoqué au tribunal pour répondre aux accusations selon lesquelles il n’aurait pas déclaré l’ensemble des cadeaux diplomatiques reçus sous son mandat et aurait gagné de l’argent en revendant certains d’entre eux. « Le dirigeant du PTI n’a pas de remise en liberté sous caution pour cette affaire particulière », a souligné à la presse Muhammad Taqi Jawad, porte-parole de la police d’Islamabad. Un porte-parole a déclaré que le mandat d’arrêt serait maintenu malgré la situation sur le terrain. Un peu plus tôt dans la journée, M. Khan avait publié une vidéo le montrant assis à un bureau décoré de bombes lacrymogènes usagées avec en arrière-plan des drapeaux du Pakistan et du PTI. « Ils vont utiliser des gaz lacrymogènes contre notre peuple et faire d’autres choses de ce genre, mais vous devez savoir qu’ils n’ont aucune raison de le faire », avait-il affirmé. Sa résidence avait été encerclée hier par des centaines de ses partisans afin de repousser les tentatives de la police de l’arrêter. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux – en grande partie diffusées par le PTI – ont montré plusieurs partisans ensanglantés et d’autres personnes luttant contre les gaz lacrymogènes. Un responsable du PTI a tweeté qu’il y avait « un besoin urgent » de kits de premiers secours. « La façon dont la police s’en prend à notre peuple est sans précédent », a condamné dans la matinée M. Khan. « Il est clair que la revendication d’une ‘’arrestation’’ n’était qu’une mise en scène, car l’intention réelle est d’enlever et d’assassiner », a-t-il affirmé. La Haute Cour d’Islamabad s’est réunie hier pour examiner une nouvelle requête du PTI visant à empêcher l’arrestation de M. Khan, ce qui pourrait désamorcer la situation. Depuis son éviction, Imran Khan fait pression sur le gouvernement de Shehbaz Sharif, son successeur, en multipliant les grands rassemblements. Il a également dissous les deux assemblées provinciales contrôlées par son parti pour tenter d’obtenir des élections anticipées auxquelles le gouvernement se refuse. M. Khan se considère « au-dessus de la loi », a déclaré mercredi M. Sharif à des journalistes.

K.L. et agences

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