Monde

Vote aux États-Unis : La colère monte au sein de la communauté afro-américaine

La Cour suprême des États-Unis a commencé à examiner hier un découpage des circonscriptions dans l’État de l’Alabama accusé de diminuer l’influence des électeurs noirs, qui sont censés pencher du côté démocrate. Le dossier suscite beaucoup d’attention car la haute juridiction, à majorité conservatrice, pourrait en profiter pour rogner la portée du «Voting Rights Act», la loi emblématique de 1965 adoptée pour mettre un terme aux efforts des anciens États ségrégationnistes pour priver les Afro-Américains du droit de vote.

Concrètement, il porte sur une carte redessinée en 2021 par les élus républicains de l’État pour attribuer les sièges à la Chambre des représentants. Selon le découpage retenu, les électeurs noirs – qui représentent environ un quart des inscrits – sont majoritaires dans une seule des sept circonscriptions. Une façon d’augmenter les chances des républicains dans les six autres circonscriptions. Des citoyens et des associations ont saisi la justice en accusant les législateurs d’avoir violé un volet de la loi sur les droits civiques, qui interdit de diluer ainsi le vote des Afro-Américains. Pour eux, la nouvelle carte passe au milieu d’une région majoritairement noire, la «Black Belt», et la coupe en deux. Ils estiment que l’Alabama aurait plutôt dû créer une seconde circonscription à majorité noire.

L’enjeu est particulièrement fort dans cet État, où les Afro-Américains votent majoritairement démocrate, quand les Blancs votent pour la plupart républicain. En début d’année, un tribunal de première instance avait donné raison aux plaignants et ordonné aux élus locaux de rendre une nouvelle copie. Les autorités républicaines s’étaient alors tournées en urgence vers la Cour suprême.

En février, cinq des neuf sages de la prestigieuse institution les ont autorisées à conserver la carte de 2021 pour l’instant – et donc pour les élections de mi-mandat en novembre – tout en reportant à plus tard l’examen du dossier sur le fond. L’heure est désormais arrivée et les parties vont s’affronter pendant une heure devant la haute cour pour faire prévaloir leurs vues. Au-delà du débat sur sa carte, l’Alabama compte plaider que la Constitution des États-Unis interdit de prendre en compte des critères ethniques lors des découpages électoraux.

Or, le Voting Rights Act autorise à le faire pour assurer que les électeurs issus de groupes minoritaires puissent avoir des élus reflétant leurs vues. « Si la Cour autorise à revenir là-dessus, cela aura sans aucun doute un fort impact sur la représentation des communautés», a mis en garde Sophia Lin Lakin, qui suit le dossier pour l’organisation de défense des droits civiques ACLU, lors d’une conférence de presse. Le gouvernement du président démocrate Joe Biden soutient également le cadre légal actuel. C’est «une réponse mesurée à la réalité malheureuse de la persistance de blocs électoraux» liés à la couleur de peau, a-t-il estimé dans un argumentaire transmis à la Cour.

 Agences

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *