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Accord d’association Algérie-UE, Guerre en Ukraine et crise au Sahel : Ramtane Lamamra met les points sur les « i »

Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, n’a pas omis dans l’entretien qu’il a accordé dimanche au quotidien français l’Opinion de rappeler les raisons du mécontentement des autorités algériennes à l’égard de l’Accord d’association signé par l’Algérie avec l’Union européenne il y a une vingtaine d’années. Pour le chef de la diplomatie algérienne, le constat est clair : ce cadre de coopération est plus à l’avantage de Bruxelles que d’Alger. Autrement dit, il n’a pas servi les intérêts de l’Algérie. «L’Accord d’association avec l’UE n’a pas tenu ses promesses. Le président Tebboune l’a rappelé aux dirigeants européens (Emmanuel Macron, Mario Draghi, Charles Michel…) lorsqu’il les a rencontrés », a-t-il asséné.

M. Lamamra révélera que « lors des négociations initiales de cet accord, l’UE n’a pas voulu tenir compte de la volonté algérienne de remettre à niveau son industrie, au sortir de la décennie noire ». « On espérait pourtant établir une relation stratégique mais l’instrument produit n’est pas à la hauteur de cette ambition et son application n’a pas permis de mettre l’Algérie à l’abri des nombreuses formes de protectionnisme déguisé, même s’il y a un accord de libre-échange », a-t-il regretté. Cet accord n’a également pas permis, selon lui, de recueillir l’afflux d’investissements espéré au bénéfice d’un co-développement. Il soulignera que « l’Algérie attend aujourd’hui de bâtir un véritable partenariat stratégique loin de toute vision techno-étroite ». « Le monde est en train de changer. L’Europe a l’occasion de se positionner dans un ensemble dynamique et prospère qui pèsera dans le nouvel ordre économique de demain», a-t-il conclu.

A propos justement d’ordre économique et des risques qu’induit par la guerre en Ukraine, Ramtane Lamamra a estimé que « dans cette période de dérèglement de l’ordre mondial et d’hypothèque sur la paix et la sécurité, le monde a besoin des valeurs et pratiques de pays non-alignés comme l’Algérie». « Nous avons toujours gardé cette rectitude, y compris dans les pires moments de la Guerre froide. L’Algérie adhère aux principes intangibles du droit international contemporain et à la charte des Nations unies. Le rapport de force ne peut engendrer qu’une solution injuste, non équilibrée et non durable. Il faut relancer la négociation et résister à l’option militaire. Nous sommes dans cet état d’esprit. C’est la seule voie susceptible de prémunir la communauté internationale de conséquences dommageables pour tous», a-t-il répondu à une question concernant précisément le positionnement de l’Algérie dans le basculement géopolitique mondial lié à la guerre en Ukraine. 

Questionné sur la situation au Sahel, Ramtane Lamamra a considéré que la multiplication des coups d’Etat dans certains pays « contribue à rendre plus complexe la situation ». « Il y a eu des échecs des classes politiques successives qui expliquent, sans les justifier, les problèmes de changements de gouvernants. Il faut éviter la contagion à l’ensemble des pays », a-t-il indiqué, estimant que le Sahel est à un moment déterminant de l’évolution de son histoire. Comment parvenir à stabiliser la région ? M. Lamamra s’est dit persuadé que « la volatilité de la région, les incertitudes sur l’avenir et la complexité des interactions entre les théâtres et les sujets (sécurité, jeunesse, migration, désertification…) font que l’on ne peut régler les problèmes de manière isolée ». « Il faut mettre en œuvre une approche globale sur les plans politique, économique, social, environnemental et en matière de développement », a-t-il insisté.

A ce propos, il a fait savoir que le secrétaire général des Nations unies et le président de la commission de l’Union africaine ont désigné un panel de haut niveau présidé par l’ex-président nigérien Issoufou pour réaliser une étude et proposer des solutions à la communauté africaine et internationale à laquelle l’Algérie apportera sa contribution. « Il y a la nécessité de repenser les contributions des acteurs internationaux qui doivent s’articuler autour du «compter pour soi collectif» au niveau de la région. Incontestablement, il y a aussi besoin d’actualiser le logiciel d’aide de la communauté internationale pour aller au-delà du militaire. Le développement sera à la base du règlement de ces crises multiformes », a-t-il conclu.

Khider Larbi

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