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La Russie décide de réduire sa présence diplomatique dans les pays occidentaux : Moscou se tourne vers l’Afrique et l’Asie

La guerre en Ukraine installe mois après mois le monde dans un scénario de guerre froide. De plus en plus d’éléments le confirment. Le large éventail de sanctions prises contre la Russie par les Occidentaux et l’aide militaire massive apportée par le camp atlantiste à Kiev ont déjà eu pour effet d’amener les autorités russes à reconsidérer leurs rapports avec l’Ouest et à revoir leurs priorités en termes de coopération internationale.

Cette décision devrait également bientôt s’accompagner par une diminution notable de la présence diplomatique russe dans les pays occidentaux qui sont accusés par Moscou de rendre la vie impossible à ses diplomates. « Il n’y a aucun sens et aucune envie, naturellement, de garder la même présence dans les pays occidentaux », a déclaré à ce propos le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, mardi lors d’une rencontre avec des jeunes diplômés récemment embauchés par le ministère russe des Affaires étrangères. Les diplomates russes y travaillent « dans des conditions qu’on peut difficilement qualifier d’humaines, on leur crée constamment des problèmes, en avançant constamment des menaces », a fait savoir M. Lavrov. « Mais le plus important est qu’il n’y a pas de travail là-bas depuis que l’Europe a décidé de se fermer face à nous, de suspendre toute coopération économique » avec Moscou, a-t-il poursuivi.

Sergueï Lavrov confirme par là que les Occidentaux se sont clairement inscrits dans une logique de confrontation avec la Russie dont les conséquences ne peuvent être que la reconstitution de blocs géopolitiques concurrents. Que compte faire dans ce cas la Russie ? Moscou, affirme le ministre russe des Affaires étrangères, s’investira davantage dans ses relations avec l’Asie et l’Afrique. « Les pays du tiers monde, en Asie comme en Afrique, ont besoin au contraire d’une attention supplémentaire », a-t-il indiqué, précisant que la Russie a beaucoup de projets là-bas, notamment commerciaux, «qui demandent un accompagnement diplomatique». « Dans ces conditions, nous allons bien sûr placer le centre de gravité dans les pays qui sont prêts à travailler à des conditions d’égalité et à coopérer avec nous sur une base mutuellement avantageuse », a conclu Sergueï Lavrov.

Ce n’est pas la première fois que Sergueï Lavrov reproche à l’Occident de chercher à replonger le monde dans une nouvelle guerre froide. Lors d’une conférence de presse animée au début du mois à la Douma, le Parlement russe, il avait déjà accusé « les Etats-Unis d’avoir transformé l’Ukraine en instrument de guerre contre la Russie ». A l’occasion, il avait dénoncé une nouvelle fois «l’arrogance de l’Occident et l’exceptionnalisme américain » qui «ont une portée destructrice». Évoquant la guerre en Ukraine, il a soutenu que les Occidentaux étaient devenus des belligérants. Autrement dit, avec la guerre en Ukraine, nous assistons en fait à un conflit entre Russie et Occident

La fracture entre Moscou et l’Occident a conduit récemment le président Vladimir Poutine à redynamiser et renforcer les cadres de coopération entre la Russie et l’Asie, comme celui qu’offre l’Organisation de la coopération de Shanghai (OCS) dont le sommet s’est tenu le 15 septembre dernier en Ouzbékistan. Cette réunion a vu un rapprochement clair entre la Russie, la Chine et l’Inde. A l’occasion, le président chinois Xi Jinping s’était engagé à nouveau à soutenir davantage Moscou sur les questions de « souveraineté et de sécurité » malgré les mises en garde des Occidentaux. Xi Jinping est allé encore plus loin en promettant d’approfondir la coordination stratégique entre Moscou et Pékin, ce qui confirme que la Chine fait partie des pays qui ne veulent plus s’accommoder de l’hégémonie américaine. On comprend d’ailleurs pourquoi la Russie n’a pas trop de peine à trouver en Asie de nouveaux clients pour son industrie pétrolière et gazière.

C’est, en effet, grâce notamment à la Chine et l’Inde qu’elle a pu atténuer les effets des fortes sanctions économiques imposées aux produits russes par les Occidentaux. C’est ainsi que malgré des décennies de désaccords, le récent rapprochement entre la Russie, la Chine et l’Inde apporte non seulement des gains financiers pour tous, mais renforce également leurs positions internationales dans le conflit naissant avec le bloc antagoniste, dirigé par les États-Unis.

Khider Larbi

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