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Péninsule coréenne : Pyongyang menace Washington

La Corée du Nord a lancé quatre missiles de courte portée vers la mer Jaune, a déclaré hier l’armée sud-coréenne, après une série record de tirs de missiles par Pyongyang cette semaine.

L’armée de Corée du Sud a détecté le lancement «depuis Donglim, dans la province de North Pyongan, vers la mer occidentale, entre 11H32 et 11H39 (entre 02H32 et 02H39 GMT) aujourd’hui (hier, Ndlr)», a déclaré l’état-major interarmées sud-coréen dans un communiqué, utilisant un autre nom pour la mer Jaune.Leur «distance de vol a été détectée à quelque 130 km, à une altitude d’environ 20 km et une vitesse de Mach 5», ajoute le communiqué. Mach 5 représente cinq fois la vitesse du son. Peu auparavant, l’armée sud-coréenne avait annoncé la participation hier après-midi du bombardier lourd supersonique américain B-1B aux vastes exercices aériens en cours en Corée du Sud menés conjointement par Séoul et Washington. «Les armées de l’air sud-coréenne et américaine ont procédé à des exercices conjoints le 5 novembre sur la péninsule coréenne avec deux B-1B de l’armée de l’air américaine, quatre F-35A sud-coréens et quatre F-16 américains», selon un communiqué de l’état-major sud-coréen à la fin des manœuvres samedi après-midi.

Le B-1B est un bombardier supersonique que l’armée de l’air américaine décrit comme la «colonne vertébrale de la force américaine de bombardement à longue portée». Son déploiement dans le cadre des manœuvres avec la Corée du Sud sera considéré comme une «menace significative» par la Corée du Nord, avait déclaré à un média occidental Ahn Chan-il, expert des questions nord-coréennes. Les exercices aériens «Vigilant Storm» («Tempête vigilante»), qui ont démarré le 31 octobre, sont les plus importants jamais organisés conjointement par la Corée du Sud et les États-Unis. Initialement prévus jusqu’à vendredi, ils ont été prolongés jusqu’à hier après la multiplication, par la Corée du Nord, des tirs de missiles ces derniers jours, et notamment le lancement apparemment raté d’un missile balistique intercontinental (ICBM) en direction de la mer du Japon.La Corée du Nord considère depuis toujours les manœuvres militaires américano-sud-coréennes comme des répétitions générales à une invasion de son territoire ou à un renversement de ses dirigeants. L’exercice «Tempête Vigilante» constitue «une manœuvre militaire agressive et provocatrice visant la République populaire et démocratique de Corée», a dénoncé mercredi Pyongyang qui a menacé Séoul et Washington de «payer le plus horrible prix de l’histoire».

Même s’il a été initialement conçu pour porter des armes nucléaires, le B-1B n’est plus utilisé par les États-Unis que pour des missions de combat exclusivement conventionnelles depuis le milieu des années 1990, indique son constructeur Boeing sur son site internet. Il a notamment été utilisé en Irak, en Afghanistan et en Libye. Il peut transporter jusqu’à 34 tonnes de missiles ou bombes guidées laser (BGL), selon la US Airforce. Son ravitaillement en air lui permet de frapper n’importe où dans le monde. Vendredi soir, l’armée sud-coréenne avait annoncé avoir déployé quelque 80 avions furtifs F-35A après avoir détecté 180 avions de combat volant dans l’espace aérien nord-coréen, nouvel épisode de la spectaculaire montée des tensions dans la péninsule coréenne ces dernières semaines. Les États-Unis ont dénoncé vendredi les tirs répétés de missiles par la Corée du Nord qui «tournent en ridicule» le Conseil de sécurité de l’ONU, avec la complicité selon eux de la Russie et de la Chine, alliées de Pyongyang.Après s’en être pris à la Russie et à la Chine, Washington, Paris, Londres et d’autresl Etats membres non permanents du Conseil de sécurité ont prôné dans une déclaration commune «l’unité» face à la «menace que la Corée du Nord représente pour la paix internationale». Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a exhorté, par la voix de son porte-parole, à ce que «la Corée du Nord s’abstienne immédiatement de tout acte de provocation et se conforme pleinement à ses obligations découlant des résolutions du Conseil de sécurité». Il s’est dit «profondément préoccupé par les tensions sur la péninsule coréenne et la poussée d’une rhétorique de confrontation», a insisté son porte-parole Stéphane Dujarric. Pyongyang a tiré une trentaine de missiles mercredi et jeudi, dont un a terminé sa course près des eaux territoriales du Sud pour la première fois depuis la fin de la guerre de Corée en 1953. Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a parlé d’une «invasion territoriale de fait».

Des analystes attribuent la réaction particulièrement courroucée de Pyongyang à l’utilisation, pendant «Tempête Vigilante», d’avions furtifs de pointe F-35A et F-35B, perçus comme un outil idéal pour mener des «frappes de décapitation» éclair contre des dirigeants nord-coréens. La Corée du Nord avait déjà, en septembre, révisé sa doctrine nucléaire pour s’autoriser à mener des frappes préventives en cas de menace existentielle contre le régime de Kim Jong Un. Si le «système de commandement et de contrôle» nucléaire de la Corée du Nord est «mis en danger par une attaque de forces hostiles, une frappe nucléaire sera lancée automatiquement et immédiatement», précise la nouvelle doctrine. Séoul et Washington avertissent depuis des mois que la Corée du Nord s’apprête à réaliser un essai nucléaire, qui serait son septième.

Agences

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