L’Iran acte son adhésion à l’organisation de coopération de Shanghai : Le bloc géopolitique eurasiatique se renforce
Le Parlement iranien a approuvé hier à la majorité un projet de loi sur l’adhésion de l’Iran à l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS).L’Iran avait jusqu’à présent un rôle d’observateur dans cette organisation, dont la Russie et la Chine sont également membres.
Avec 205 voix pour, trois voix contre et quatre abstentions, le parlement iranien a approuvé le projet de loi permettant à l’Iran d’adhérer à l’organisation, fondée en 2001, qui regroupe les principales nations productrices de pétrole dans le monde.Un porte-parole de la commission de sécurité nationale du parlement iranien a déclaré lors du vote que l’OCS avait « un message international important », car elle est « l’une des organisations régionales les plus influentes » «en raison du volume des échanges économiques entre les pays », selon l’agence de presse IRNA. C’est au cours du sommet de l’OCS qui s’est tenu en septembre dernier en Ouzbékistan que l’Iran a signé un protocole d’engagement à rejoindre l’organisation. Le mois de septembre a également vu le début du processus d’admission du Belarus comme membre à part entière de l’organisation.L’expansion de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) témoigne de la popularité de ses principes. L’OCS a été fondée avec six membres en 2001 et en compte aujourd’hui huit, auxquels s’ajoutent quatre Etats observateurs et six partenaires de dialogue. Une dizaine de pays ont exprimé leur souhait de rejoindre l’OCS ou de renforcer leur statut au sein de l’organisation. Pourquoi ce fort intérêt pour l’OCS ? Pour le secrétaire général de l’organisation, Zhang Ming, cet attrait s’explique par l’Esprit de Shanghai qui promeut le multilatéralisme et représente les valeurs partagées par les Etats membres. « Son essence est que les relations interétatiques doivent être construites sur des fondations d’égalité, de respect mutuel, de considération des préoccupations et des intérêts respectifs, de coopération gagnant-gagnant et de reconnaissance mutuelle du droit de chacun à choisir sa propre voie de développement social et politique», avait-il soutenu lors du dernier sommet de l’OCS qui s’est tenu en septembre dernier en Ouzbékistan.
Bloc géopolitique eurasiatique
Zhang Ming avait souligné également que l’Esprit de Shanghai constitue un élément central pour bâtir un nouveau type de relations internationales et une communauté de destin pour l’humanité, précisant que l’aspiration originale de la fondation de l’OCS, à savoir la préservation de la sécurité et de la stabilité régionales, reste sa priorité. Autrement dit, les membres militent en faveur d’un monde multipolaire et pour la fin de l’hégémonie occidentale. L’OCS constitue l’aboutissement de la volonté russo-chinoise de stabiliser l’Asie centrale, considérée comme un enjeu de sécurité commun et prioritaire. Il n’est plus un secret pour personne aussi en effet que cette instance sert également de contrepoids à l’influence américaine à l’international et de relais pour des ambitions plus globales.
A l’image de la Chine, la Russie s’investit beaucoup effectivement dans la promotion de l’OCS comme bloc géopolitique (eurasiatique) capable de contrebalancer l’influence de l’Occident. Cela surtout que l’OCS renferme de nombreuses puissances économiques et militaires. Début novembre, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a d’ailleurs salué le rôle de l’Organisation et exprimé sa confiance dans son développement futur.
Selon le chef de la diplomatie russe, l’OCS a achevé sa tâche initiale d’assurer l’ordre aux frontières entre les pays d’Asie centrale, la Chine et la Russie. « Au fur et à mesure de son évolution, l’OCS a commencé à accorder plus d’attention à la lutte contre les nouveaux défis et menaces, tels que le terrorisme, le séparatisme et l’extrémisme, et à l’utilisation de ses avantages comparatifs, du fait qu’elle est située sur une grande partie du continent eurasien », a indiqué M. Lavrov. « Les pays membres de l’OCS souhaitent utiliser ces avantages pour développer davantage leurs liens économiques, élargir les flux commerciaux et créer des infrastructures de transport supplémentaires qui minimiseront les coûts et, par conséquent, augmenteront les bénéfices et profiteront à chacun de nos pays », a-t-il ajouté. Il a insisté en outre sur l’idée que l’utilisation de la route maritime du Nord, une ligne maritime dans l’Arctique reliant la partie européenne de la Russie à l’Extrême-Orient, allait ouvrir des perspectives impressionnantes pour l’OCS. Plusieurs éléments laissent penser que la Russie mise plus sur l’OCS que sur les BRICS.
A rappeler que le Conseil des chefs d’État constitue l’organe suprême de l’organisation. Il est convoqué une fois par an. Le secrétariat de l’OCS, installé à Pékin, fonctionne en revanche de façon permanente. L’OCS organise des exercices contre-terroristes, permet des coopérations économiques entre ses membres, lutte contre le trafic de drogue et prévoit de grands projets d’infrastructure. Cette entité est héritière du groupe de Shanghaï, fondé en 1996. À l’époque, ce forum rassemblait seulement le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan, la Russie et la Chine. Depuis, beaucoup de chemin a été parcouru.
Khider Larbi