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Elle évoque un « Plan Matteï » pour l’Afrique et un hub énergétique méditerranéen : L’appel du pied de Giorgia Meloni à l’Algérie

L’Italie a pris pleinement conscience du rôle clé que peut jouer l’Algérie non seulement pour sa sécurité énergétique et par extension celle de l’Europe, mais aussi dans le renforcement de sa position de partenaire politique et économique de l’Afrique. Ainsi au moment où l’Algérie propose de relancer le projet de gazoduc Galsi, la nouvelle présidente du Conseil italien propose un « plan Mattei » pour l’Afrique et souligne que son pays peut constituer un pont énergétique naturel entre l’Afrique et l’Europe.

La présidente du Conseil des ministres italien, Giorgia Meloni, a prononcé un discours lors de la séance de clôture de la 8ème édition du Forum du dialogue méditerranéen MED, organisé à Rome par le ministère italien des Affaires étrangères et l’Institut pour les études politiques internationales, au cours duquel elle a appelé à instaurer une « collaboration vertueuse » entre les pays des deux rives de la Méditerranée. « Nous comprenons que la construction d’un espace partagé de richesse est le seul moyen de traiter efficacement des problèmes urgents tels que le changement climatique, la sécurité alimentaire et la santé », a-t-elle indiqué. La responsable italienne estimé que les pays de l’UE ne peuvent être prospères que si leurs voisins africains le sont.

A l’occasion, Mme Meloni a présenté son plan baptisé « plan Mattei » pour l’Afrique, en hommage à Enrico Mattei, fondateur de l’énergéticien italien Eni. L’homme politique avait, à son époque, négocié des partenariats plus équitables et plus coopératifs avec les pays producteurs de pétrole comme l’Algérie, une façon de défier directement les accords habituellement négociés par les grandes compagnies pétrolières. L’Italie adoptera une « attitude non prédatrice mais coopérative » à l’égard du marché africain, de manière à imiter l’approche de M. Mattei, a-t-elle assuré.

Pour Giorgia Meloni, la Méditerranée divise mais unit aussi l’UE et l’Afrique. « La stabilité et la sécurité dans cette zone sont la condition préalable au développement économique et social des États européens et africains », a-t-elle insisté. A ce propos, Mme Meloni indiquera que les priorités « les plus urgentes » du gouvernement italien en matière de politique étrangère et de sécurité nationale comprennent « la stabilisation complète et durable de la Libye » et l’adoption d’une position de premier plan dans la lutte contre la propagation du « radicalisme extrémiste » dans la région subsaharienne. Elle ajoutera que « l’Italie peut-être (…) une charnière naturelle et un pont énergétique entre la Méditerranée et l’Europe », a conclu la responsable italienne.

Une coopération stratégique

La présidente du conseil italien a expliqué que « l’Italie peut servir de conduit d’énergie (hub énergétique) entre la Méditerranée et l’Europe grâce à sa situation géographique, ses infrastructures, son esprit de coopération et le soutien de ses entreprises ». Dans ce contexte, elle a décrit la relation entre l’Italie et l’Algérie comme « stratégique », reconnaissant que « c’est grâce à cette relation que l’Italie a pu sortir de la dépendance au gaz russe ». Plus largement, elle a appelé à resserrer les liens avec le Maghreb. Elle évoquera la Tunisie, la Libye et la Mauritanie mais ne fera aucune mention du Maroc.

La déclaration de la présidente du Conseil des ministres italien fait écho à celle du ministre algérien de l’Energie, Mohamed Arkab qui a indiqué également samedi à Rome que les autorités algériennes envisageaient de relancer le projet du gazoduc GALSI reliant l’Algérie à la Sardaigne. « Nous sommes aussi attentifs aux besoins de nos clients, et disposés à relancer et à réactualiser les études du gazoduc GALSI, reliant l’Algérie à la Sardaigne », a-t-il soutenu, expliquant que la réalisation de ce second gazoduc « permettra à l’Italie de renforcer son rôle de hub gazier européen ». Un appel du pied qui semble avoir trouvé une réponse.

Initié en 2009 et long de près de 300 km, le projet de gazoduc baptisé Galsi devait, rappelle-t-on, relier Koudiat Edraouech à El Kala à la Sardaigne. Il devait permettre d’augmenter les capacités de transport de gaz entre l’Algérie et l’Italie. Le projet avait été abandonné en 2012 après l’offensive du Russe Gazprom sur le marché européen. Or, le contexte a changé. Un projet comme le Galsi gagne en pertinence et peut réaliser l’ambition de Giorgia Meloni de faire véritablement de l’Italie un hub gazier en Europe.Si l’Italie veut réellement devenir un hub énergétique comme le prétend Giogia Meloni, elle devrait donc logiquement accepter l’offre de l’Algérie de relancer le Galsi. Tout le monde y gagnerait. D’un côté, le projet permettra de sécuriser les approvisionnements énergétiques européens et de l’autre consolider la position de l’Algérie et de l’Italie au sein du réseau gazier européen.L’Algérie est actuellement reliée à l’Italie par le gazoduc Transmed rebaptisé « Enrico Mattei » en hommage à l’énergéticien italien et via lequel sont acheminés les volumes exportés vers ce pays. M. Arkab a rappelé que l’Algérie s’impose «en tant que fournisseur énergétique historique, sûr et fiable», et qui «œuvre pour maintenir ce statut sur la scène énergétique internationale». Il a souligné les investissements projetés pour porter les capacités de productions de gaz à 110 milliards de m3 à moyen terme et dont la moitié est destinée à l’exportation, de même qu’il a souligné les synergies énergétiques et économiques africaines que devrait permettre la réalisation du gazoduc transsaharien reliant l’Algérie et le Nigeria. Un gazoduc qui devrait à terme permettre d’acheminer 30 milliards m3 de gaz nigérian vers l’Europe via la Méditerranée.Bref, la volonté et l’ambition du côté algérien ne manquent pas. La balle est désormais dans le camp italien.

Khider Larbi

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