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Entre conditions du marché mondial et mesures pour limiter les abus : Le véhicule moins cher en 2023 ?

Si les voitures importées sont assujettis au marché des pays d’origine, notamment l’Europe et l’Asie, il est temps d’engager la réflexion sur les coûts des véhicules qui seront fabriqués dans les usines algériennes qui, vraisemblablement, seront très compétitifs.

Les véhicules importés au courant du premier trimestre de l’année 2023 seront-ils moins chers sur le marché algérien ? Pas si évident si on se fie aux déclarations du directeur des industries sidérurgiques, mécaniques, aéronautiques et navales au ministère de l’Industrie, Mohamed Djebili. Même si ce responsable argue que « les prix reviendront comme ils étaient avant, en 2015 et 2016 », il avouera qu’« il y aura les mêmes prix que dans les autres pays. Le véhicule commercialisé en Italie à un prix donné aura le même tarif en dinars algériens selon le taux de change ». Autrement dit, les prix seront assujettis au taux de change des devises, ce qui, au demeurant, soulève des interrogations quant aux tarifs qui seront appliqués, selon les lois en vigueur dans le pays (taxes à l’importation, TVA…etc.). S’exprimant sur une chaine de télévision privée, ce responsable n’a pas donné plus de détails sur les segments et les modèles qui pourraient être cédés à des prix pratiqués il y a près de huit ans sur un marché qui broie du noir depuis 2017, année durant laquelle les importations ont toutes été gelées pour laisser place aux usines de montage SKD/CKD et qui ont abouti à un échec cuisant. A première vue, même si l’on concède que ces prix varieront entre 1,2 et 1,5 millions de dinars pour une citadine sur le « Segment A » et le « Segment A’ », la logique voudrait que ces voitures ne pourraient que receler des équipements et des motorisations low-cost, alors que les citadines des mêmes segments, mais de type « Sedan », qui étaient cédées, il y a sept ans, entre 1,3 et 1,8 million de dinars se vendent, aujourd’hui, chez des concessionnaires dûment agrées, à plus de 2,8 millions de dinars. Ne parlons pas du « Segment B » ou de « Segment C », encore moins des véhicules utilitaires qui, de nos jours, sont affichés à partir de 4 millions de dinars. Les raisons sont évidentes et rien ne pourrait inscrire une démarche de tarifications en porte-à-faux avec un marché qui dépend des fournisseurs et des équipementiers, sachant qu’ils peinent à s’approvisionner en matières premières pour cause des coûts élevés des composants. A la bonne heure si les prix seront accessibles, du moins pour les « Segment A » et « Segment A’ » qui composent près de 60 % du Parc national automobile (PNA). Partant du constat que la voiture constitue « une solution de transport » pour la majorité des consommateurs algériens et non « un moyen de locomotion », pour manque criant des transports en commun en dehors des grandes agglomérations, la demande est tellement forte sur certains segments que les prix qui seront pratiqués feront l’objet d’une polémique, et ce, malgré que l’Etat a défini les lignes rouges pour les concessionnaires agrées pour, d’une part, limiter à un véhicule neuf chaque cinq ans pour chaque client, et, d’autre part, l’envoi obligatoire du listing des clients qui ont acquis un véhicule neuf pour pouvoir juguler le phénomène des « revendeurs » et de spéculateurs. Car, il faudra le souligner, à aucun moment le décret exécutif N° 22-383 fixant les conditions et les modalités d’exercice de l’activité de concessionnaire de véhicules neufs n’a fait référence à un barème des prix par segmentations, par modèle et/ou par finition. En revanche, les assurances de Mohamed Djebili vont dans le sens où les concessionnaires devront obéir à des clauses sévères en termes de déclarations obligatoires des tarifs avant les opérations d’importation pour parer aux surfacturations abusives qui ont longtemps gangréné le secteur et qui ont siphonné le Trésor public. Du reste, le marché est tel que les prix pratiqués en Europe et en Asie, que ce soit en dollars ou en euros, restent plus ou moins élevés par rapport aux années 2018 et 2019. La crise sanitaire due au Covid-19 est passé par là, les constructeurs, au même titre que les équipementiers, ont trouvé du mal à redémarre leurs activités à cause des coûts élevés des matières premières, en sus de l’augmentation vertigineuse des prix du fret et de la logistique, tant terrestre que maritime.

Quid des voitures fabriquées localement

En revanche, il y a lieu d’engager la réflexion, dès à présent, sur les coûts des véhicules qui seront fabriqués dans les usines algériennes où les coûts de l’énergie et de la main d’œuvre sont sensiblement incomparables aux manufactures tant asiatiques qu’européennes. Combien même des banques se frottent les mains pour déployer toutes sortes de formules pour faciliter l’acquisition d’un véhicule neuf pour les particuliers (crédit à la consommation) et pour les entreprises (leasing automobile). Citant l’exemple des marques Fiat (groupe Stellantis), des marques Renault et Dacia (groupe Renault), ce responsable a, d’emblée, souligné, que ces usines sont tenues de se conformer au décret exécutif N° 22-384 du 17 novembre 2022 fixant les conditions et les modalités d’exercice de l’activité de construction de véhicules. Partant, M. Djebili a indiqué que le Gouvernement sera très regardant sur cette activité, même si le taux d’intégration durant les deux premières années, après l’obtention de l’agrément, n’est fixé qu’à 10 %. Révélant que la première voiture sortira des chaînes de la marque Fiat en décembre 2023, avec l’assemblage de quatre modèles de voitures, dont un véhicule utilitaire léger (4X2), M. Djebili a insinué que les voitures fabriquées localement seront moins chères, ce qui impactera le marché qui, pour le moment, enregistre une flambée abusive des prix. D’autant que le constructeur Fiat va intégrer, dès le départ, plusieurs composants fabriqués localement, à l’instar de Renault qui s’est, récemment, engagé avec plusieurs sous-traitants algériens (plasturgie, pneumatiques, échappement, batterie…etc.). Mieux, si l’assiette de la voiture, la tôlerie et peinture et la robotisation sont intégrés, les tarifs des voitures fabriqués localement seront très compétitifs sur le marché. A l’arrêt depuis 2020 au lendemain de l’interdiction d’importer les kits SKD/CKD destinés au montage automobile, l’’usine algérienne de Renault, elle aussi basé à Oran vabientôt reprendre son activité, avec à la clé, des kits déjà dédouanés et rapatriés depuis le port de Mostaganem. Du coup, si Stellantis démarre avec un volume de production de 60 000 voitures/an aux côtés de Renault et Dacia qui produiront près de 75 000/an (90 000 unités à terme), les prix des voitures fabriqués localement seront à la portée des petites et moyennes bourses, sachant que le produit local est éligible au crédit à la consommation.

Riad Lamara

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