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Sommet Etats-Unis-Afrique : Washington veut rester dans la course

Washington DC, la capitale fédérale américaine, s’apprête à accueillir la seconde édition du sommet Etats-Unis-Afrique. La rencontre qui doit réunir du 13 au 15 décembre prochains les principaux leaders du continent avec les plus grands décideurs américains est tout sauf folklorique.

Le président américain, Joe Biden, et son administration ne voient en tout cas pas les choses de la sorte. Contrairement à Donald Trump, son prédécesseur, qui ne cachait pas son aversion pour les Africains, Joe Biden estime que l’Afrique est importante et que son pays se doit, par conséquent, d’y être présent, surtout que la Chine et la Russie y sont présentes…et en force. Enfin, la remarque vaut surtout pour la Chine.Le sommet Etats-Unis -Afrique intervient d’ailleurs dans un contexte de forte rivalité sur le continent entre les Occidentaux d’un côté, les Chinois et les Russes de l’autre. L’Afrique est même (re)devenue un terrain d’affrontement entre ces trois grandes puissances. Pour contrer notamment l’influence de plus en plus grande de la Russie, le Congrès américain a déjà pris des mesures. Il a adopté le 27 avril dernier un projet de loi qui vise à développer une stratégie contre les «activités malveillantes» de la Russie en Afrique qui « sape les objectifs et les intérêts des Etats-Unis en Afrique ». La loi couvre également la surveillance étroite des « tentatives d’influence politique, des activités de désinformation et des opérations militaires » de la Russie.

L’enjeu des terres rares

L’attention est également attirée sur le renforcement des institutions démocratiques en Afrique, le suivi et l’évaluation dans les domaines de la transparence, la responsabilité, les droits de l’homme, la lutte contre la corruption, les ressources naturelles et l’exploitation minière, et le développement de principes de bonne gouvernance.

Le sommet intervient également dans le sillage de la nouvelle stratégie « Afrique » dévoilée l’été dernier par la Maison Blanche qui prévoit une refonte de la politique des États-Unis en Afrique subsaharienne. Lors d’une tournée en Afrique cet été, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken avait aussi plaidé en faveur d’un « véritable partenariat » avec l’Afrique.

Tout comme Pékin et Moscou, Washington a donc compris qu’«avec une population qui connaît l’une des croissances les plus rapides au monde, les plus grandes zones de libre-échange, les écosystèmes les plus diversifiés et le plus grand bloc de vote aux Nations unies, il est impossible de relever les défis déterminants de cette ère sans les contributions, les partenariats et le leadership de l’Afrique ». Tout est dit ou presque. Car il faut aussi ajouter le formidable potentiel minier que recèle continent. Et quand on parle de potentiel minier, on parle bien évidemment de gaz, de pétrole, d’or, de diamants et de terres rares. Cela explique amplement pourquoi Joe Biden et son administration ont décidé de faire de la promotion à long terme de la relation Etats-Unis-Afrique une de leurs priorités. 

Un siège pour l’Afrique au G20 et au Conseil de sécurité

Le sommet de Washington sera ainsi l’occasion d’annoncer de nouveaux investissements entre les États-Unis et les pays africains. Les parties prenantes doivent notamment parler de sécurité alimentaire – aggravée par la guerre en Ukraine -, du changement climatique mais aussi de démocratie et gouvernance. Pour ne pas donner l’impression que les Etats-Unis sont dans une posture prédatrice et qu’ils ne pensent qu’à leurs intérêts, le président américain s’est engagé à aider l’Afrique à intégrer le G20 et à obtenir un siège de membre permanent au Conseil de sécurité.

Démocratie et droits de l’Homme

Il faut s’attendre aussi que le regain d’intérêt des Etats-Unis pour l’Afrique se traduise par un plus grand suivi par Washington de l’état de la démocratie et des libertés sur le continent. Concernant cet aspect, le Directeur principal du Conseil national de sécurité pour les affaires africaines, Judd Devermont, a expliqué la semaine dernière que les Etats-Unis sont «préoccupés par le recul démocratique en Afrique», avec notamment des coups d’Etat au Mali, en Guinée et au Burkina Faso.

Ce recul, a-t-il expliqué, intervient à un moment où « la demande en matière de démocratie en Afrique est beaucoup plus élevée que dans toute autre région ». « Nous reconnaissons que si nous voulons qu’il y ait un retour à une transition civile, il va falloir beaucoup plus d’investissements de notre part. En partenariat avec la CEDEAO, l’Union africaine, la société civile et les autres institutions, nous discuterons au sommet de la manière dont nous pouvons nous y prendre pour faire plus et nous assurer que les pays qui ont connu des coups d’Etat, retrouvent la voie de la démocratie » a déclaré Judd Devermont lors d’une conférence de presse.

Selon lui, les Etats-Unis d’Amérique sont disponibles. Ils feront tout ce qui est possible dans ce partenariat, pour «progresser vers une transition démocratique dans ces pays » et toutes les idées et propositions seront les bienvenues. «Nous comptons travailler avec toutes les composantes de la société africaine pour nous assurer que la démocratie revienne» a-t-il conclu. Il est certain que de tels propos qui sonnent comme des avertissements ne feront pas du tout plaisir à bon nombre de régimes autoritaires et de dirigeants africains qui s’accrochent au pouvoir par la force depuis des dizaines d’années.      

Khider Larbi

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