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Présence de mercenaires en Libye : L’ONU et les États-Unis mettent la pression sur Haftar

Les États-Unis ont multiplié ces dernières semaines les pressions sur leurs alliés au Moyen-Orient pour expulser la société militaire privée russe Wagner de la Libye, pays en proie au chaos. En Libye, le groupe Wagner est associé à Khalifa Haftar, seigneur de la guerre qui contrôle la Cyrénaïque et une partie du Fezzan. L’administration Biden compte aussi sur l’Égypte et les Émirats arabes unis pour qu’ils persuadent Khalifa Haftar de mettre fin à ses liens avec le groupe. Il est établi que c’est Abu Dhabi qui finance une partie des activités de Wagner en Libye, ce qui a pour effet de faire perdurer la crise. Un haut responsable du gouvernement égyptien ayant une connaissance directe des pourparlers a déclaré que le groupe Wagner « est au sommet de chaque réunion » avec les Américains.

Le rôle du groupe en Libye a été au cœur de pourparlers entre le directeur de la CIA, William Burns, et des responsables égyptiens et libyens en janvier. Le secrétaire d’État Antony Blinken a également discuté du groupe avec le président Abdelfattah Al-Sissi lors d’un voyage au Caire fin janvier. William Burns a reconnu dans un discours prononcé jeudi dernier à l’Université de Georgetown à Washington qu’il était préoccupé par l’influence croissante de Wagner sur le continent. Lors d’une récente tournée dans la région, William Burns s’est effectivement entretenu à Tripoli avec le Premier ministre Abdul Hamid Dbeibah, chef du gouvernement d’union national libyen. Il a également rencontré Khalifa Hafter au complexe militaire d’al-Rajma, le siège du commandement de Haftar qui se trouve dans la banlieue de Benghazi. Wagner était le principal sujet abordé.

Des experts de l’ONU soutiennent que des éléments du groupe Wagner sont déployés en Libye depuis 2018 et ont aidé les milices de Khalifa Haftar. Wagner a également été impliqué dans son offensive ratée sur Tripoli en avril 2019. Le Commandement américain pour l’Afrique, AFRICOM, a estimé que quelque 2 000 éléments de Wagner se trouvaient en Libye entre juillet et septembre 2020. Ils étaient équipés de véhicules blindés, de systèmes de défense aérienne, d’avions de chasse et d’autres équipements. Le rapport de l’AFRICOM confirme également que Wagner reçoit de l’argent des Émirats arabes unis, l’un des principaux bailleurs de fonds étrangers de Hafter.

Le jeu trouble des Emirats

Depuis le cessez-le-feu de 2020, les activités de Wagner se sont concentrées sur les installations pétrolières dans le centre de la Libye, et ils ont continué à fournir une formation militaire aux forces Khalifa Haftar. Des responsables américains ont exigé que les Wagners soient retirés des installations pétrolières, a déclaré un responsable libyen à la presse américaine. L’Égypte, qui entretient des liens étroits avec Hafter, a exigé de son côté que les éléments de Wagner ne soient pas stationnés près de ses frontières.Khalifa Haftar qui n’a jamais caché son projet de prendre le pouvoir par la force en Libye n’a offert aucun engagement aux Américains. Il a toutefois demandé des assurances que la Turquie et les milices libyennes alliées au gouvernement de Tripoli n’attaqueront pas ses forces dans la ville côtière de Syrte et dans d’autres régions du centre de la Libye. Il n’y a pas encore de preuve que la pression de l’administration Biden ait donné des résultats en Libye.

Il y a lieu de signaler qu’en plus de la présence d’éléments du groupe Wagner, la Libye est également le terrain d’actions de mercenaires originaires des pays voisins de l’’ex-Jamahiriya. Selon la Manul, il y a quelque 20.000 mercenaires et combattants étrangers en Libye. Outre donc les pressions américaines, l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Libye, Abdoulaye Bathily, a appelé, la semaine dernière, les représentants du Niger, du Tchad et du Soudan à Tripoli « à accélérer le retrait des mercenaires issus de leurs pays ». Pour rappel, le Niger, le Tchad et le Soudan, pays concernés par le retrait des mercenaires étrangers en Libye, avaient exprimé en novembre 2021 lors d’une rencontre avec les représentants du Comité militaire mixte libyen (5+5) au Caire leur accord à retirer les mercenaires issus de leurs pays.

Le départ de ces mercenaires pourrait permettre d’instaurer un climat favorable à la tenue d’élections générales et à la mise en place d’institutions légitimes, ce qui marquerait la fin de la guerre civile en Libye. A ce propos, le président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed el-Menfi, a insisté samedi sur l’impératif de mettre en œuvre une base constitutionnelle consensuelle avant la fin du mois d’avril prochain, afin de permettre la tenue des élections générales au cours de cette année. « Nous devons mettre en œuvre des lois électorales consensuelles avant la fin du mois d’avril prochain, pour permettre la tenue des élections avant la fin de cette année », a-t-il tweeté peu avant sa visite dans la ville de Benghazi, à l’Est du pays. Il a affirmé que « le Conseil présidentiel tient toujours à la feuille de route émanant du Forum de dialogue politique libyen (FDPL) et aux conclusions des Conférences de Berlin 1 et 2 sur la paix en Libye, ainsi qu’aux résolutions du Conseil de sécurité en la matière », a-t-il insisté. 

Khider Larbi

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