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Pressions US pour augmenter la production de pétrole : L’Opep ne cède pas

Washington a saisi l’occasion du CERAWeek qui se tient du 6 au 10 mars en cours aux Etats-Unis pour faire, une nouvelle fois, pression sur l’Opep pour une augmentation de la production de pétrole.

La grand-messe du secteur de l’énergie rassemble, depuis lundi à Houston au Texas, les acteurs les plus importants de l’industrie. Majors, compagnies nationales et organismes gouvernementaux se rencontrent pour parler des perspectives du marché et de l’industrie énergétiques. L’occasion a d’ailleurs été mise à profit par l’administration américaine pour tenter, encore une fois, d’infléchir la position de l’Opep et demander une augmentation de la production de pétrole. Pour sa part, l’Organisation ne cède pas et s’attache à son credo, celui de la nécessaire préservation de la stabilité du marché pour sécuriser les investissements et donc l’offre à long terme. En effet, le sous-secrétaire d’Etat américain aux Affaires économiques, à l’Energie et l’Environnement, Jose Fernandez, a indiqué lors du CERAWeek qu’« à mesure que les économies du monde se rétablissent » de la pandémie de coronavirus, « la consommation de pétrole va augmenter. Dès lors, nous aimerions voir l’offre correspondre à la demande. Nous voudrions plus de production de brut sur le plan mondial, y compris de l’Opep, soit l’Opep et ses alliés ». Or, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés non-Opep affichent leur attachement à d’abord scruter le marché et l’évolution de ses fondamentaux avant d’opérer tout changement dans sa politique de production, la finalité étant de veiller à la stabilité du marché. C’est ce qu’a d’ailleurs tenu à réaffirmer le Secrétaire général de l’Opep, Haitham Al-Ghais, qui souligné à Houston que « la chose clé sur laquelle nous nous concentrons est toujours de veiller à ce qu’il y ait de la stabilité, une offre suffisante sur le marché », la finalité étant de sécuriser les investissements pour garantir l’offre à long terme. Selon l’agence de presse Reuters, le SG de l’Opep a rappelé que  l’industrie de l’énergie a besoin d’investissements considérables pour répondre à la demande mondiale croissante et assurer la stabilité du marché, alors que les préoccupations en matière de sécurité énergétique reviennent au premier plan. « Nous avons constaté un déficit important d’investissements dans le secteur pétrolier », a-t-il déclaré. Al-Ghais a également répondu aux arguments relatifs à l’offre russe et a indiqué qu’il n’était « pas préoccupant que la Russie redirige ses exportations de pétrole brut tandis que les exportations du Moyen-Orient vont de plus en plus en Europe ». « C’est tout à fait normal de voir cela », a-t-il déclaré. « Nous avons toujours vu une redirection des flux », a-t-il affirmé.

Des sénateurs US reviennent à la charge

Un avis partagé par les membres de l’Opep. Dans ce sens le ministre angolais chargé du pétrole et du gaz, a estimé qu’il n’y a pas besoin pour l’Opep d’augmenter la production de pétrole pour compenser la réduction de la production de 500 000 barils par jour de la Russie. « Nous pensons que le pétrole russe est toujours là », a déclaré Jose Barroso lors du CERAWeek. « Ils  (les Russes, NDLR) trouvent de nouveaux marchés… Il y a un équilibre sur le marché. », a-t-il ajouté.  Si la Chine importe plus de pétrole de Russie, elle importe peut-être moins d’autres pays, a déclaré Barroso. « Nous pensons qu’il n’est pas nécessaire pour les pays membres de l’OPEP d’augmenter leur production pour le moment », a-t-il ajouté.

Il est clair que l’Opep refuse de céder aux pressions US. C’est dans ce contexte que les Américains tentent d’introduire de nouvelles tactiques. Ainsi, des sénateurs américains ont réintroduit hierune législation bipartite pour faire pression sur l’Opep.

Le projet de loi appelé « No Oil Producing and Exporting Cartels » ou NOPEC a été réintroduit par les sénateurs Chuck Grassley, un républicain, et Amy Klobuchar, une démocrate, et d’autres membres du comité judiciaire.

Si le NOPEC est adopté par le comité, les deux chambres du Congrès et signé par le président Joe Biden, il modifiera la loi américaine sur l’antitrust pour « révoquer l’immunité souveraine des compagnies pétrolières nationales contre les poursuites en matière de collusion des prix », indique Reuters.

Samira Ghrib

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