Inflations galopantes, misères sociales et répression féroce / Maroc : la bombe sociale !
Le gouvernement marocain dirigé par Aziz Akhannouch est dans de sales draps. Accusé d’avoir précipité de larges pans de la société marocaine dans la misère, il est décrié de partout. En optant pour un cap ultralibéral, Aziz Akhannouch a transformé le Maroc en une bombe sociale. L’asphyxie est tellement forte qu’il ne se passe pratiquement pas une journée sans que les partis de l’opposition et les syndicats ne sortent battre le pavé pour demander une gouvernance plus humaine.
Le secrétaire général du Mouvement populaire marocain, Mohamed Ouzzine, a une nouvelle fois critiqué hier le gouvernement dirigé par Aziz Akhannouch et son parti le Rassemblement national des indépendants (RNI), soulignant qu’il « vendait des illusions aux Marocains ». Lors d’une réunion avec des membres de son parti à Fquih ben Salah, organisée en collaboration avec le Parti populaire pour la liberté et la démocratie des Pays-Bas, Mohamed Ouzzine a blâmé le gouvernement et le RNI, qui détient la majorité au Parlement, pour « la détérioration des conditions de vie des Marocains, en particulier leur pouvoir d’achat durement touché par la hausse généralisée des prix ». « Nous sommes au Parlement et avons un rôle de supervision au sein du gouvernement, nous n’avons rien compris», a déclaré Ouzzine, en référence aux politiques du gouvernement actuel. «Ils votent des lois, ils ne consultent pas, ils ont leur majorité. Pas de problème, c’est la démocratie. Mais dans les dossiers qui concernent les citoyens, des dossiers sociaux sensibles, de grande envergure, il est difficile de les traiter avec cette logique de majorité », a-t-il pesté.
Le secrétaire général du Mouvement populaire marocain a indiqué que « les détenteurs de la majorité répondent souvent aux critiques en affirmant qu’ils ont la confiance du peuple à travers les élections », ce qui n’est plus le cas avec les différentes marches et actions de protestation dans la rue. Ce n’est pas la première fois qu’Ouzzine adresse de telles critiques au gouvernement. En février, l’homme politique a déclaré que la crise actuelle «créait un fossé » entre les Marocains, soulignant le danger de « l’inaction et du manque de transparence du gouvernement ». Les prix ont atteint des niveaux record au Royaume du Maroc, que ce soit pour les carburants, les denrées alimentaires, les biens de consommation, les matériaux de construction ou autres. Les inquiétudes à ce sujet augmentent particulièrement à l’approche du mois sacré du Ramadhan.
Les Marocains poussés au suicide
La situation est tellement intenable pour les Marocains que beaucoup se suicident. Dans un long reportage sur la crise économique et sociale sans précédant au Maroc, conséquence d’une inflation extrêmement élevée et d’une hausse exponentielle des prix, le journal français Libération rapporte dans une enquête publiée cette semaine que certaines personnes, incapables de payer leurs dettes, sont amenées à se suicider. Dans cette enquête intitulée « Inflation au Maroc : Des gens se suicident car ils ne peuvent plus payer leurs dettes », le journal français cite les témoignages de plusieurs Marocains se plaignant du coût de la vie, devenu « très difficile » dans le Royaume. Le quotidien s’est appuyé sur de récentes enquêtes qui montrent que « le bien-être de la population (marocaine) a nettement diminué, tombant en-dessous des niveaux observés pendant les mois les plus difficiles de la pandémie de Covid-19 », relevant que « près d’un Marocain sur deux se considère désormais comme pauvre ». Il est notamment précisé que les effets combinés de la pandémie de Covid-19, de la hausse des prix, de la crise en Ukraine, et d’années de sécheresse ont eu un effet dévastateur sur la population, en particulier les ménages les moins aisés. Citant une étude menée par le Haut-Commissariat au Plan, l’institution marocaine chargée de la production statistique, Libération souligne que pas moins de 3,2 millions de personnes supplémentaires ont basculé dans la pauvreté ou dans la vulnérabilité au Maroc.
L’auteur de l’article repris lundi par l’APS s’est rendu à « souk El-Had », plus grand marché d’Agadir, où des vendeurs se sont plaints de la hausse des prix. Soulignant que de plus en plus de Marocains ont du mal à joindre les deux bouts ces derniers mois, il a recueilli les témoignages de plusieurs personnes qui se plaignent de conditions de vie « très dures ». Selon les chiffres dévoilés dans le reportage, l’inflation annuelle dans le royaume chérifien, qui touche surtout les ménages les plus pauvres, a atteint un pic alarmant de 8,3% à la fin 2022, soit le plus haut niveau depuis trente ans, liée notamment à l’envolée des prix des produits alimentaires (16,8%), surtout les fruits et les légumes mais également aux coûts à l’importation comme l’explique l’économiste Najib Akesbi. La part des échanges internationaux dans l’économie marocaine est très importante et la dépendance est forte, en particulier dans les domaines alimentaire et énergétique, a-t-il indiqué, notant qu’outre les pressions extérieures, les conflits d’intérêts internes entre les sphères politique et économique sont également très puissants. A cet égard, l’expert relève que « les Marocains paient le prix de dizaines d’années de mauvais choix politiques ». Et cela ne semble pas fini.
Khider Larbi