Coopération, Accord d’Alger et situation au Sahel : Ce que Attaf a dit aux autorités maliennes
Pour son tout premier déplacement à l’étranger en tant que ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf a choisi de se rendre en Mauritanie et au Mali. Pour bon nombre d’observateurs, ce choix n’est pas fortuit. Il ne fait que confirmer l’importance qu’accorde l’Algérie à ces deux pays.
Le successeur de Ramtane Lamamra à la tête de la diplomatie algérienne a d’ailleurs confirmé au micro dans d’un média mauritanien que « le choix de Nouakchott comme première capitale qu’il visite depuis sa nomination à la tête de la diplomatie algérienne, constitue la preuve de la solidité des relations entre l’Algérie et la Mauritanie et témoigne de la forte volonté du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, de hisser ces relations « aux plus hauts niveaux » ». C’est pratiquement le même message que Ahmed Attaf a délivré aux autorités maliennes de transition à son arrivée mardi soir à Bamako en sa qualité d’envoyé spécial du président Abdelmadjid Tebboune. Comme pour son déplacement en Mauritanie, Ahmed Attaf s’est rendu au Mali pour renforcer les relations bilatérales et soutenir le processus de paix dans ce pays voisin.
Sur place, le ministre Ahmed Attaf a eu des entretiens bilatéraux avec son homologue malien, Abdoulaye Diop, en présence du ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants et du ministre de la Réconciliation nationale chargé de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali issu du Processus d’Alger, selon la même source. Les entretiens bilatéraux ont ensuite été élargis aux délégations des deux pays, lors d’une séance de travail axée sur « les moyens de renforcer les relations de coopération entre les deux pays, et d’aplanir les obstacles qui entravent actuellement les efforts de parachèvement du Processus de paix et de réconciliation au Mali », précise un communiqué des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger.
Les deux parties ont par ailleurs passé en revue la coopération bilatérale dans des domaines liés aux télécommunications, à la fibre optique, aux hydrocarbures, à l’enseignement supérieur, à la formation et à l’augmentation du nombre de vols vers Bamako pour faire de cette dernière un pôle régional continental. Les deux responsables ont évoqué les prochaines échéances qui lient les deux pays dans les domaines politique, économique et commercial, en sus du suivi de la mise en œuvre des projets décidés par le président de la République au profit de la région de Kidal et pris en charge par l’Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement.
A cette occasion, le chef de la diplomatie algérienne a réaffirmé « la solidarité constante de l’Algérie et son soutien permanent à la République du Mali pour la réalisation des priorités de l’étape de transition et la concrétisation des échéances nationales permettant le retour du pays à la situation constitutionnelle dans les délais fixés de façon souveraine par le Mali, pays frère », saluant ses efforts visant « à faire face aux défis sécuritaires imposés par les menaces terroristes ».
Attaf a souligné, en outre, la disponibilité de l’Algérie d’intensifier ses efforts visant à restaurer et conforter la confiance entre les parties maliennes signataires de l’accord et de les accompagner vers la cristallisation des consensus nécessaires pour aller de l’avant dans la concrétisation de l’accord sur terrain en vue de préserver l’unité du pays et son peuple », a ajouté le communiqué qui rappelle l’attachement de l’Algérie à la sécurité et à la stabilité de la République du Mali, pays frère, et en sa qualité de chef de file de la médiation internationale et présidente du Comité de suivi de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. La visite de M. Attaf au Mali tombe à point nommé dans la mesure où les tensions se sont multipliées ces dernières semaines entre Bamako et les groupes politico-militaires du nord malien. Sa présence à Bamako devrait contribuer à apaiser ces tensions qui menacent l’accord de paix d’Alger.
Renforcer la coordination
Pour sa part, la partie malienne a exprimé, par la voix de son ministre des Affaires étrangères et de coopération internationale, Abdoulaye Diop, sa grande considération à l’égard des efforts inlassables consentis par l’Algérie, sous la conduite du Président Abdelmadjid Tebboune, pour soutenir la République du Mali sur tous les plans, notamment en cette période charnière de son histoire contemporaine. Il a été convenu d’intensifier la concertation et la coordination entre les deux parties en prévision des prochaines échéances bilatérales et celles relatives à l’activité des mécanismes de mise en œuvre de l’accord d’Alger. M. Attaf a été, par ailleurs, reçu hier par le président du Conseil national malien de transition (CNT), le colonel Malick Diaw. Selon un communiqué du ministère, les entretiens qui se sont déroulés en présence de députés maliens membres du CNT, ont porté sur les relations bilatérales et les perspectives de leur renforcement, notamment dans le domaine parlementaire, à travers l’installation du groupe d’amitié parlementaire et l’intensification des échanges et des visites entre les deux institutions législatives à différents niveaux, « en vue de contribuer, en tant que levier important dans la prospection et la concrétisation des perspectives prometteuses pour les relations algéro-maliennes ». Les deux parties ont également abordé « le rôle du CNT dans la concrétisation des échéances nationales maliennes en lien avec la gestion de la phase de transition actuelle, outre les développements relatifs à la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, la situation qui prévaut au plan régional, ainsi que le rôle du Comité d’Etat-major opérationnel conjoint (CEMOC) dans la lutte contre les menaces liées à la propagation des deux fléaux du terrorisme et du crime organisé dans la région », conclut le communiqué.
Khider Larbi