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Les responsables marocains exposés à des sanctions européennes : Le Makhzen face au retour de flamme du Marocgate

Sale temps pour le Makhzen et ses relais en Europe. Acteur principal du scandale de corruption qui a entaché le Parlement européen, le régime marocain pourrait voir ses responsables impliqués dans le « Marocgate » soumis à des sanctions européennes et blacklistés en Europe.  En effet, la commission européenne a formulé hier une série de propositions pour renforcer la lutte contre la corruption au sein des institutions européennes. Elle propose ainsi la création « d’une liste noire de sanctions pour les étrangers jugés corrompus ». En effet, la Commission européenne a proposé hier de nouvelles lois visant à renforcer la lutte contre la corruption en harmonisant les définitions et les sanctions pour les délits de corruption dans l’ensemble de l’UE, ainsi qu’en introduisant des sanctions pour les étrangers jugés corrompus.

Le projet de loi entrera en vigueur s’il est approuvé par les 27 États membres, ainsi que par le Parlement européen. La normalisation des définitions juridiques et des peines d’emprisonnement correspondantes faciliterait les enquêtes transfrontalières, selon la Commission. Bien qu’il couvre les fonctionnaires de l’UE comme les citoyens ordinaires, le plan ne vise pas spécifiquement les institutions de l’UE. La commission propose ainsi la création « d’une liste noire de sanctions pour les étrangers jugés corrompus ». Une disposition qui exposera assurément plusieurs responsables marocains aux sanctions européennes, d’autant plus que l’implication de plusieurs dignitaires du régime du Makhzen dans des réseaux de corruption qu’ils activement alimentés au sein du Parlement européen a largement été démontrée par les enquêteurs belges en charge du dossier. Cela a d’ailleurs eu des conséquences immédiates, vu que les eurodéputés ont adopté un nouvel ensemble de lignes directrices visant à interdire l’accès des lobbyistes marocains à l’enceinte de l’institution européenne. Les députés européens ne seront pas autorisés à effectuer des voyages officiels au Maroc tant que l’enquête criminelle se poursuivra. Par ailleurs, les eurodéputés et membres du personnel sont priés de demander l’autorisation du Parlement européen pour inviter les diplomates des pays dans les locaux, et les législateurs doivent également informer la présidente du Parlement, Roberta Metsola, chaque fois qu’ils les rencontrent. Pour rappel, dans le cadre de l’affaire de corruption ayant éclaboussé le Parlement européen, les enquêteurs belges ont mis la main sur 1,5 million d’euros en liquide, saisis aux domiciles de Pier Antonio Panzeri, ancien eurodéputé socialiste devenu dirigeant d’ONG et qui fait figure de personnage central dans cette histoire, et de l’eurodéputée socialiste grecque Eva Kaili, ainsi que dans une valise transportée par le père de celle-ci. Comme M. Panzeri, Mme Kaili a déjà été écrouée, de même que son compagnon, l’Italien Francesco Giorgi, assistant parlementaire, un autre Italien, Niccolo Figa-Talamanca, responsable d’ONG et le Belge Marc Tarabella. Ils sont inculpés d’«appartenance à une organisation criminelle», «blanchiment d’argent» et «corruption». Francesco Giorgi aurait notamment expliqué aux juges que l’eurodéputé Andrea Cozzolino était impliqué dans cette affaire et a eu des contacts avec l’ambassadeur du Maroc à Varsovie, Abderrahim Atmoun, grâce à Panzeri, qui était le président de la commission Maghreb et qui avait ensuite passé le relais à Cozzolino.

Selon certains éléments de l’enquête, celle-ci a mis au jour des actions d’ingérence au sein des institutions de l’Union européenne » menées par le Maroc « par le biais de la corruption de personnes au sommet du monde institutionnel européen » en général.

Selon les médias européens, la justice se concentre principalement sur ce qui s’est passé au Parlement européen où « la politique du groupe Socialistes et Démocrates (S&D) aurait été influencée au nom du Maroc par une équipe de trois Italiens » dont les noms sont cités dans cet ordre : Pier Antonio Panzeri, Andrea Cozzolino et Francesco Giorgi. Le Maroc se serait tourné vers ce groupe parlementaire pour « cultiver ses multiples intérêts en le faisant guider dans ses opérations par Mohamed Belahrache, un officier de la DGED (Direction générale des études et de la documentation), les services secrets de Rabat ».

Hocine Fadheli

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