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Algérie-France : Stéphane Romatet en mission séduction

Le nouvel ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, qui a pris ses fonctions, le 18 juillet, en remplacement de François Gouyette admis à la retraite, entame son opération de séduction.

En guise de prise de contact, le diplomate entame son entrée par une vidéo publiée sur la page Facebook de l’ambassade de France en Algérie. Romatet évoque dans sa déclaration la relation entre la France et l’Algérie et la considère d’« unique à tous égards et doit être renforcée ». Exprimant « son enthousiasme à découvrir l’Algérie, ses villes, ses paysages naturels, sa culture et ses multiples potentialités », Romatet affirme « s’efforcer de tisser des liens qui font la force et la singularité de ce qui uni la France et l’Algérie », car, dira-t-il « ce qui unit les deux pays est unique à tous les égards ». Et de préciser que « la France n’entretient pas une telle proximité avec un autre pays que l’Algérie, que ce soit maintenant ou auparavant ». Il appelle à « faire de cette proximité un atout pour ensemble établir les passerelles de demain, pour ensemble construire les coopérations d’avenir ». « C’est cette mission qui m’a été confiée et je la mènerai avec votre soutien », dira-t-il. Néanmoins et si les intentions de ce haut représentant de la République française en Algérie relèvent du vœu pieu de voir s’apaiser les tensions existant entre les deux pays, il est, cependant, loin de la coupe aux lèvres tant l’animosité s’est développée pour devenir conflictuelle et laisser place à des « remontées » séculaires. Si l’intention du diplomate français et ceux du président Macron de raviver les liens et jeter des ponts entre les deux rives reste louable, il est apparu au fil du temps que cette ambition est loin d’être partagée par une bonne partie de la classe politique française et des lobbys nostalgiques d’un passé colonial douloureux. A lui seul, le président français, balloté entre les pressions exercées sur lui par l’extrême droite et les exigences qu’impose le contexte international, ne semble pas en mesure d’apaiser les tensions. Le drame survenu récemment à la suite de la mort du jeune Nahel et la réaction d’une partie des français qui ont « voté » à leur façon en contribuant sournoisement à la cagnotte lancée par Jean Messiha pour démontrer toute la haine et la xénophobie cultivées envers les Algériens et l’islam en général,  tout comme le débat vain que la classe politique française entretient autour des accords de 1968 sur l’immigration, sont des signes que les blessures d’hier ne veulent pas se refermer et que les séquelles se transforment en plaies ouvertes. Bien plus, des cercles français hostiles à tout rapprochement avec l’Algérie oeuvrent à envenimer les rapports et pousser la situation au pourrissement. Les déclarations hasardeuses du président Macron vis à vis de l’Algérie ont eu aussi leur effet néfaste sur  les fragiles tentatives de rapprochement et ont fini par fâcher Alger qui a eu à rappeler son ambassadeur en marque de protestation par deux fois. Autant de bévues et de maladresses sont commises. Ce qui est loin de permettre un quelconque réchauffement. Ce qui ne réjouit notamment pas Emmanuel Macron qui ne souhaite pas perdre un important « ami », particulièrement en cette période de crise multiforme. Le nouvel ambassadeur doit avoir été instruit qu’entre l’Algérie et la France il est surtout question d’économie, de géostratégie et d’intérêts et que pour ce faire, ce chemin doit forcément passer par l’apurement de la question de la Mémoire, un sujet fâcheux qui relève du sacré, tient à cœur les Algériens et demeure de ce fait la condition sine qua non à toute évolution entre les deux pays. Si le Président Abdelmadjid Tebboune admet qu’ « il est urgent d’ouvrir une nouvelle ère des relations bilatérales entre l’Algérie et la France » et qu’ « il faut passer à autre chose », il a toujours tenu à préciser que  le « dossier de la Mémoire ne sera pas occulté » mais qu’ « une partie de la colonisation doit être dépolitisée et remise à l’histoire ». Il rappelle cependant, dans un entretien accordé il y a quelques mois au quotidien français Le Figaro, que « (…) la mémoire fait partie de nos gènes communs, nous partageons aussi bon nombre d’intérêts fondamentaux, même si nos points de vue peuvent diverger ». Il « conseille » à la France de « (…) se libérer de son complexe de colonisateur » rappelant que « l’Algérie est une puissance africaine qui ne ressemble plus du tout à ce qu’elle était en 1962 ».  Il est aussi question des essais nucléaires, des sites où les expériences ont eu lieu ainsi qu’à la dépollution des site et l’indemnisation des victimes de ces essais. D’ailleurs le Chef de l’Etat n’a pas manqué de demander « que la France nettoie les sites de ces essais, vers Reggane et Tamanrasset, où la pollution est énorme » et « qu’elle prenne en charge les soins médicaux dont ont besoin les personnes sur place ». La circulation des personnes figure aussi sur la liste des points à débattre. L’un des aspects de ces relations concernent les quelque cinq millions d’Algériens qui vivent en France et que l’Algérie n’entend jamais abandonner et fait de sorte d’entretenir une relation solide leur permettant de garder les liens avec leur mère-patrie. En dépit de quelques tentatives de certains hommes politiques français appelant à réviser les Accords de 1968 et les « renégocier », Tebboune rappelle la « (…)spécificité algérienne, même par rapport aux autres pays maghrébins. Elle a été négociée et il convient de la respecter » et que de ce fait il « est simplement dans la logique des choses que la circulation des personnes entre nos deux pays a été réglée par les Accords d’Evian de 1962 et l’Accord de 1968 ».

Azzedine Belferag

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