À la UneActualité

L’Algérie déploie sa diplomatie pour promouvoir une solution pacifique au Niger : Tout pour éviter la guerre !

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a souligné la nécessité de recours à des solutions pacifiques à la crise au Niger.

L’Algérie déploie sa machine diplomatique pour empêcher une aggravation de la situation au Niger. Si elle souligne son attachement à un retour à l’ordre constitutionnel dans ce pays qui a été secoué par un coup d’État, il y une dizaine de jours, elle s’oppose à toute forme d’intervention militaire dans ce pays qui ne ferait qu’envenimer la situation, non seulement au Niger, mais aussi dans l’ensemble de la région du Sahel miné par une instabilité politique qui favorise la propagation du terrorisme. Une position qui a été réaffirmé par le président de la République Abdelmadjid Tebboune, au cours de son entrevue périodique avec les médias nationaux et qui a été diffusée hier soir par la Télévision publique. Le président de la République a réaffirmé la nécessité du retour à la légitimité constitutionnelle au Niger et de prôner une solution pacifique à la crise dans ce pays. Il a d’ailleurs affiché la prédisposition de l’Algérie à apporter son aide à un règlement de la crise, d’autant plus que l’Algérie s’est toujours illustrée à travers ses médiations dans le règlement des crises sur le continent. « Nous sommes prêts à aider le Niger, si on nous le demande », a-t-il d’ailleurs assuré. Un appel à la sagesse qui intervient alors que l’ultimatum que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest a adressé aux putschistes au Niger pour restaurer l’ordre constitutionnel et le président renverser Mohamed Bazoum dans ses fonctions expire aujourd’hui. Ce qui ouvre la voie à une possible intervention militaire de la Cédéao, et notamment du Nigéria. D’ailleurs, les chefs d’état-major de la Cedeao ont défini vendredi les contours d’une « éventuelle intervention militaire ». «Tous les éléments d’une éventuelle intervention ont été élaborés lors de cette réunion, y compris les ressources nécessaires, mais aussi la manière et le moment où nous allons déployer la force », a affirmé le commissaire chargé des Affaires politiques et de la Sécurité, Abdel-Fatau Musah, à l’issue d’une réunion à Abuja.

Une intervention qui fait face à l’opposition de l’ensemble des voisins du Niger, que ce soit le Tchad, le Burkina Faso, le Mali et l’Algérie qui craint une aggravation de la crise dans la région du Sahel qui conduirait assurément à une dérive totale sur le plan sécuritaire.

Une action diplomatique continue

Il faut dire que l’Algérie mène une action diplomatique soutenue depuis le début de la crise au Niger pour rétablir l’ordre des choses, à travers un processus politique qui doit permettre d’éviter le pire. En plus d’avoir réagi immédiatement après le coup d’État pour afficher son soutien au autorités légitimes à Niamey et notamment au président Mohamed Bazoum, le Président Tebboune a également avec son homologue du Bénin à la veille de la réunion de la Cédéao dimanche dernier à Abuja.  Depuis, la diplomatie algérienne assure un suivi continu de la situation au Niger et multiplie les contacts afin de parvenir à une solution pacifique à la crise, affichant une ferme opposition à toute forme d’intervention militaire étrangère au Niger. C’est justement dans ce contexte que le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, a reçu vendredi, sur instruction du président de la république, l’Envoyé spécial du président de la République fédérale du Nigeria, Baba Gana Kingibe. Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangère, Cette visite s’inscrit dans le cadre de « l’échange de vues et la concertation autour des développements de la situation en République du Niger ». L’occasion aussi de réaffirmer   « la position de l’Algérie qui rejette le coup d’Etat militaire contre le président légitimement élu dans ce pays frère et voisin, et appelle à son retour à son poste constitutionnel, en sa qualité de président de la République du Niger ». Attaf a également souligné « la nécessité d’activer toutes les voies et moyens diplomatiques et pacifiques, pour éviter le choix du recours à la force qui ne ferait qu’exacerber la situation pour le Niger et la région toute entière ».

Une position qu’il a également exprimé hier samedi lors de son échange téléphonique avec le Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borrell. Selon un communiqué du MAE, les deux parties ont souligné « la nécessité d’œuvrer de concert afin d’exercer des pressions politiques et diplomatiques pour assurer le retour à l’ordre constitutionnel en République du Niger à travers le rétablissement de M. Mohamed Bazoum dans son poste de Président légitimement élu de ce pays ».

Attaf a ainsi, réaffirmé « la conviction de l’Algérie quant à la nécessité de prioriser le processus politique et diplomatique, au vu des répercussions de l’option du recours à la force sur la situation qui risque de s’aggraver davantage aux niveaux local et régional ».

Paris jette de l’huile sur le feu

Il faut dire qu’un nouveau conflit armé dans la région n’est pas pour améliorer la situation dans une région qui est devenue le champ de confrontation des grandes et moyennes puissances dans ce bouleversement géopolitique à l’œuvre actuellement. Des confrontations qui risquent encore d’aggraver l’instabilité, la pauvreté et la détresse des populations dans ces pays qui sont déjà la cible de groupes terroristes. En sus de contribuer à consolider le terreau qui alimente la propagation des groupes terroristes dans la région, un nouveau conflit armé risque de provoquer de nouveaux déplacements de la population er mouvements migratoires de masse. Ce qui constitue la source de nouvelles menaces. L’analogie avec ce qui s’est passé en Libye en 2011 permet de bien cerner les risques induits par une intervention militaires au Niger. L’intervention « multinationale » en Libye a largement contribué à déstabiliser la région du Sahel en permettant le développement de l’activité des mercenaires et des groupes terroristes, ainsi que des réseaux de trafic d’armes et de criminalité.

Des risques que Paris ne veut pas prendre en considération en soutenant ouvertement une intervention militaire de la Cédéao au Niger. Dans un communiqué, le ministère français des Affaires étrangères a indiqué que Paris appuyait « avec fermeté et détermination » l’action de la Cedeao au Niger. Une position réaffirmée par la MAE française Catherine Colonna dans une interview avec Radio France internationale. Il faut dire que Paris a à cœur de préserver ses intérêts dans ce pays qui constituent l’un de ses derniers bastions dans la région du Sahel et dans lequel il a transféré sa Force militaire Barkhane après s’être fait éjecter du Mali. Paris persiste d’ailleurs à vouloir garder ses 1.500 soldats au Niger, même si les putschistes ont décidé de révoquer les accords militaires entre le Niger et la France. Il s’agit surtout de préserver ses intérêts dans les mines d’uranium d’Arlit au Nord du Niger exploitées par Orano (ex-Areva restructurée depuis pour faire oublier les casseroles et affaires de corruption que le groupe traine).

Lyes Saidi

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *