Commerce et finances: Une feuille de route pour s’attaquer au marché parallèle
Une réunion interministérielle entre les ministres des Finances et du Commerce intérieur a été tenue mardi pour se pencher sur la problématique du marché parallèle et traduit une volonté politique claire de régulation et de formalisation des activités économiques. Laaziz Faid, ministre des Finances, a ouvert la discussion en soulignant la complexité du défi économique. « La réduction de l’économie non réglementée et des marchés parallèles nécessite un traitement global de toutes les transactions », a-t-il déclaré, mettant en lumière l’approche systémique requise pour aborder cette problématique multidimensionnelle. Sa vision s’articule autour d’une transformation progressive et méthodique, où chaque intervention est pensée comme un élément d’une stratégie globale de régulation. Le ministre a notamment projeté l’année 2025 comme un point de bascule numérique, la définissant comme « celle de la numérisation et de l’utilisation généralisée des moyens de paiement électronique ». Cette perspective technologique n’est pas simplement un objectif technique, mais une véritable révolution culturelle dans les pratiques économiques algériennes, destinée à tracer un chemin vers une économie plus transparente et traçable. Son homologue du Commerce intérieur, Tayeb Zitouni, a apporté une dimension sociale et éthique à cette approche. « Il est crucial d’encourager la justice financière sociale et d’instaurer le caractère social de l’État », a-t-il affirmé, inscrivant la démarche dans un projet plus large de transformation sociétale. L’objectif n’est pas uniquement économique, mais vise à reconstruire un contrat social renouvelé entre l’État et les acteurs économiques. Les ateliers périodiques qui seront désormais organisés entre les deux ministères constituent le cœur opérationnel de cette stratégie. Ils ont pour mission de définir des objectifs précis à moyen terme, de suivre continuellement les résultats obtenus et d’ajuster les trajectoires avec agilité et pragmatisme. Cette approche itérative permettra une adaptation constante aux réalités du terrain. Les défis sont multiples : réduire l’impact des marchés parallèles, élargir l’assiette fiscale, lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. La Direction générale des impôts a présenté des mécanismes détaillés de mobilisation des ressources fiscales, démontrant la profondeur de la réflexion stratégique engagée. La dimension technologique sera centrale dans cette transformation. La généralisation des paiements électroniques, la digitalisation des processus fiscaux et commerciaux vont progressivement créer un écosystème économique plus transparent, moins propice aux pratiques informelles. C’est une mutation culturelle autant que technologique qui se profile. Zitouni a insisté sur la nécessité de diffuser « la culture du civisme fiscal », transformant ainsi l’approche répressive traditionnelle en une démarche collaborative et pédagogique. L’objectif est de conscientiser les acteurs économiques, de les accompagner vers la formalisation plutôt que de les sanctionner. Cette initiative s’inscrit directement dans les orientations présidentielles de coordination interministérielle et de modernisation économique. Elle traduit une vision stratégique où la régulation n’est plus perçue comme une contrainte, mais comme un levier de développement économique et de justice sociale. Les enjeux dépassent largement la simple régulation administrative. Il s’agit de reconstruire la confiance entre l’État et les acteurs économiques, de créer un environnement propice à l’investissement, à la création d’emplois et à une croissance économique inclusive.
Salim Amokrane