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Une loi est en préparation : Le Danemark interdit l’autodafé du Coran

Le Danemark compte mettre fin aux actes de profanation du Saint Coran et est en passe d’instaurer une nouvelle loi punissant quiconque brûlera un livre sacré d’une peine allant jusqu’à deux ans de prison. Cet outil juridique vise à mettre fin aux autodafés de Coran qui se sont multipliées ces derniers mois.

La mi-août, le ministre des affaires étrangères danois Lars Lokke Rasmussen avait, dans un appel telephonque à son homologue algérien, Ahmed Attaf, exprimé ses « regrets et excuses » pour la vague criminelle d’autodafé du Coran devant les ambassades de pays musulmans, y compris l’ambassade d’Algérie à Copenhague. Lars Lokke Rasmussen qui avait qualifié ces actes « d’intolérables et d’inacceptables » avait rassuré le ministre des Affaires etrangeres et de la Communauté etablie à l’etranger que le gouvernement danois « finalise aujourd’hui le texte de loi devant mettre fin à ces pratiques inqualifiables ». Lars Lokke Rasmussen qui a estimé que ces actes étaient « intrinsèquement contraires aux traditions d’accueil, d’ouverture et de tolérance qui sont solidement ancrées dans la société danoise », avait ajouté que « le Parlement sera saisi de ce projet de loi dès la reprise de sa session dans quatre semaines ».  Et c’est chose faite. Le gouvernement danois a présenté vendredi un projet de loi pour interdire les autodafés de livres religieux, après que des profanations du Coran au Danemark et en Suède ont entraîné des tensions dans plusieurs pays musulmans. Le texte vient préciser un article du code criminel déjà existant, qui punit quiconque «insulte publiquement une nation étrangère» à une amende et à jusqu’à deux ans de prison. Désormais, un nouveau paragraphe étend le champ d’application de la loi au «traitement inapproprié d’un objet ayant une signification religieuse importante pour une communauté religieuse». Le texte sera soumis à une consultation publique pendant quatre semaines, de sorte qu’il puisse être déposé au cours de la semaine d’ouverture de la prochaine rentrée parlementaire. Dans les faits, la disposition cible le fait de brûler ou de piétiner un objet considéré comme sacré ou «particulièrement représentatif de la foi», précise une fiche d’information publiée par le ministère de la Justice danois. La note précise que la loi s’applique si la dégradation est réalisée dans un lieu public, ou en privé, en vue d’une distribution publique ultérieure, ce qui inclut la publication en streaming ou en vidéo. Toutefois, «le projet de loi ne comprendra pas les déclarations verbales ou écrites, y compris les dessins». Afin de justifier ce projet, le ministre danois de la Justice, Peter Hummelgaard, a déclaré ne pas pouvoir « (…) continuer à rester les bras croisés alors que quelques individus font tout ce qu’ils peuvent pour provoquer des réactions violentes.» Assumant la «responsabilité d’une situation difficile et dangereuse», le vice-Premier ministre, Jakob Ellemann-Jensen, a expliqué dans une note du ministère de la Justice que «brûler, profaner ou détruire de toute autre manière les saintes écritures d’autrui n’a d’autre but que de provoquer pour le seul fait de provoquer».  Le projet de loi a déjà commencé à soulever les critiques de certains libéraux danois, qui voient en ce projet de loi « une atteinte à la liberté d’expression ».

Pour rappel, et suite à une campagne d’autodafé du Coran, le Danemark et la Suède se sont enfoncés dans une crise diplomatique avec plusieurs pays musulmans, au premier rang desquels, l’Irak. Le 30 juillet, cinq livres du Coran avaient été brûlés devant des ambassades étrangères au Danemark, et sept autres autodafés avaient été signalés le lendemain, selon le ministre des Affaires étrangères danois, Lars Løkke Rasmussen. Le même jour, ce dernier a annoncé chercher à instaurer un outil juridique pour lutter contre les profanations. Plus tôt, le mouvement d’extrême droite Danske Patrioter avait posté sur Facebook deux vidéos de leurs militants en train de brûler un Coran devant l’ambassade d’Irak au Danemark.  Des actes qui ont suscité de nombreuses réactions d’indignations dans les pays musulmans. En Algérie, le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a convoqué le 24 juillet dernier l’ambassadrice du Danemark en Algérie et le chargé d’affaires de l’ambassade de Suède suite aux actes d’autodafé du Coran pour signifier la protestation officielle de l’Algérie et de sa ferme condamnation de « ces actes immoraux et non civilisés qui portent atteinte aux croyances des musulmans et suscitent leurs indignations ». Il a également été signifié aux deux diplomates que de tels actes “de par leur nature effroyable et abjecte, ne relèvent nullement de la liberté d’expression, comme le prétendent à tort ceux qui les défendent, les prônent et en tirent profit”. Le ministère a souligné qu”‘il est inadmissible que la liberté d’expression serve de couverture pour protéger les auteurs de ces crimes odieux”

Samir Benisid

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