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Le Conseil de sécurité assume enfin ses responsabilités

Le Conseil de sécurité de l’ONU a fini par assumer ses responsabilités et a adopté hier une résolution présentée par ses dix membres non-permanents à l’initiative de l’Algérie dans laquelle il exige un cessez-le-feu immédiat à Ghaza.

Le Conseil de sécurité décide enfin d’agir et arrive enfin à adopter une résolution qui exige u cessez-le-feu immédiat à Ghaza. La résolution adoptée par 14 membres du Conseil sur 15 avec l’abstention des Etats-Unis, « exige un cessez-le-feu humanitaire immédiat pendant le mois du Ramadan qui soit respecté par toutes les parties et mène à un cessez-le-feu durable ». Les membres du Conseil insistent enfin « sur la nécessité urgente d’étendre l’acheminement de l’aide humanitaire aux civils et de renforcer la protection des civils dans l’ensemble de la bande de Ghaza » et « exigent à nouveau la levée de toutes les entraves à la fourniture d’une aide humanitaire à grande échelle ». C’est une décision historique et une défaite cinglante pour l’entité sioniste, dans la mesure où c’est la première fois que Washington décide de ne pas recourir à son véto pour bloquer une résolution du Conseil de sécurité exigeant un cessez-le-feu, même si les USA ont décidé de s’abstenir. Il faut dire que bien que l’administration Biden ait toujours affiché un soutien inconditionnel à son allié sioniste, des divergences concernant l’offensive terrestre israélienne annoncée sur Rafah, ainsi que l’entêtement des Israéliens à miner les efforts de médiations menés par le Qatar, l’Égypte et les Etats-Unis gâtent quelques peu l’entente entre Tel Aviv et Washington qui mise désormais sur un départ rapide de Benyamin Netanyahu et de son gouvernement d’extrême droite.

Il faut dire que l’immobilisme du Conseil de sécurité et son échec à plusieurs reprises à adopter une résolution pour un cessez-le-feu à Ghaza en raison du veto américain ne pouvait plus durer face à l’indignation de la communauté internationale et les avertissements des agences onusiennes sur le génocide en cours à Ghaza.

La persévérance de l’Algérie paie

La résolution adoptée hier a été présentée par le groupe dit « E-10 », doit des dix membres non-permanents du Conseil de sécurité au sein duquel l’Algérie a été à l’origine dudit projet de résolution dont elle a négocié le contenu avec les autres membres du Conseil de sécurité.

L’Algérie a mené d’intenses négociations ces deux derniers jours, au cours desquels elle a rédigé une proposition succincte traitant des éléments les plus complexes, y compris un cessez-le-feu immédiat conduisant à un cessez-le-feu permanent, la libération de tous les détenus et la garantie de l’acheminement de l’aide humanitaire et des besoins médicaux.Le projet de résolution adopté constitue un précédent dans l’action du Conseil de sécurité, illustrant l’habileté de la diplomatie algérienne et sa maîtrise des rouages du travail dans l’enceinte des Nations Unies. En effet, c’est la première fois que tous les membres élus présentent un projet au Conseil sur la question palestinienne. Dans une allocution prononcée après le vote sur la résolution, le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies, l’ambassadeur Amar Bendjama, a rappelé qu’après le vote sur son projet de résolution en février dernier, l’Algérie s’était engagée à saisir à nouveau le Conseil de sécurité et à ne ménager aucun effort pour que ce dernier assume ses responsabilités, et la voici de retour aujourd’hui, accompagnée de « tous les pays élus, portant un message clair au peuple palestinien: la communauté internationale, dans toutes ses composantes, ressent vos souffrances et ne vous a pas abandonné ».

Le représentant permanent de l’Algérie a affirmé que l’adoption de la résolution d’aujourd’hui « n’est que le début du chemin vers la réalisation des aspirations du peuple palestinien », ajoutant que « l’Algérie espère voir toutes les parties honorer cette résolution pour que cessent, séance tenante et sans conditions, l’effusion de sang et les souffrances ». Et de souligner qu’il était du devoir du Conseil de sécurité de garantir l’application de ses résolutions. L’ambassadeur Bendjama a, par ailleurs, assuré que l’Algérie, conformément aux directives du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, retournera à nouveau au Conseil de sécurité pour poursuivre ses efforts afin que l’Etat de Palestine accède à la place qui lui sied en tant que membre à part entière et souverain de l’ONU.

Le Secrétaire général des Nations-unies, Antonio Guterres, s’est pour sa part félicité de l’adoption de cette résolution. » Cette résolution doit être mise en œuvre. Un échec serait impardonnable », a écrit Guterres sur la plateforme X . De son côté, Riyad Mansour, Observateur permanent de Palestine, a noté qu’il avait fallu six mois, avec plus de 100.000 Palestiniens tués et mutilés, pour finalement exiger un cessez-le-feu immédiat.

« Les Palestiniens de Ghaza vivent dans un contexte de famine et nombre d’entre eux sont enterrés sous les décombres de leurs propres maisons », a-t-il dit. « Leur épreuve doit prendre fin, et elle doit prendre fin immédiatement, maintenant ».

Enfin, le Mouvement de la résistance palestinienne Hamas a salué l’adoption de cette résolutionremerciant « l’Algérie et tous les Etats soutenant le peuple palestinien et œuvrant sans relâche pour la fin de l’agression sioniste contre la bande de Ghaza ».

Dans un communiqué, le mouvement Hamas s’est dit prêt à s’engager immédiatement dans l’opération d’échange de prisonniers entre les deux parties, soulignant « l’importance de poursuivre les efforts en vue de parvenir à un cessez-le-feu permanent à Ghaza à même de permettre le retrait de tous les soldats de l’armée sioniste de la bande de Ghaza et de permettre le retour de tous les réfugiés palestiniens chez-eux ».Il a appelé, en outre, le Conseil de sécurité « à contraindre l’entité sioniste à respecter le cessez-le-feu à Ghaza et à s’interdire ses agressions contre les Palestiniens », réitérant « le droit des Palestiniens à établir leur Etat indépendant et souverain avec El-Qods comme capitale, le droit au retour pour les réfugiés et à l’autodétermination, ainsi que l’application de toutes les résolutions onusiennes ».

Lyes Saïdi

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