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La rentrée « sera chaude » au Maroc !

Un fossé se creuse au Maroc entre le régime et la population. Alors que le front social est en ébullition, la politique honteuse de normalisation, menée tambours battants par le Makhzen alimente la colère des Marocains qui considèrent cette normalisation comme une atteinte à leur dignité et un mépris pour leur soutien à la cause juste du peuple palestinien. Les Marocains battent le pavé depuis plusieurs mois pour dénoncer cette normalisation qui dépasse tout entendement et qui affecte la sécurité du Maroc, mais aussi ses valeurs sociales. Dans ce contexte, une vague de protestations monte dans les universités du royaume. Au cœur de la contestation : les partenariats noués entre des établissements marocains et ceux de l’entité sioniste.

Une pétition appelant à « la rupture des liens » entre l’université Mohammed VI polytechnique (UM6P) – un établissement privé d’enseignement supérieur, de propriété de l’Office chérifien des phosphates (OCP) – et ses partenaires de l’entité sioniste a récolté près de 1300 signatures, rapporte le quotidien français « Le Monde ». Les signataires dénoncent l’implication de ces institutions dans « des crimes et des violations flagrantes des droits fondamentaux du peuple palestinien ». En signant des accords de partenariat entre l’UM6P et huit universités sionistes connues pour mener, selon les signataires, des programmes de recherche avec l’armée ou les services de sécurité sionistes. Elles seraient, de ce fait, « directement impliquées dans des crimes et des violations flagrantes des droits fondamentaux du peuple palestinien et des droits de l’homme en général », dénoncent les signataires, qui se sont regroupés en un « mouvement contre la normalisation académique ». L’initiative – une première à l’UM6P – un établissement privé, où le prince héritier Hassan poursuit ses études, a été particulièrement suivie du côté des étudiants, précisent les initiateurs du mouvement. Les protestataires indiquent que plusieurs de leurs représentants ont été reçus par un membre du conseil de gestion de l’UM6P, également médiateur du groupe OCP, pour leur annoncer qu’une telle décision (rompre avec les huit universités sionistes) ne pouvait être prise par l’UM6P.

Les étudiants empêchés d’arborer les symboles palestiniens

Cette mobilisation s’étend au-delà de l’UM6P. Dans les universités publiques, des cérémonies de remise de diplômes ont été annulées pour empêcher les étudiants d’arborer des symboles pro-palestiniens. une cérémonie à la faculté de gouvernance, sciences économiques et sociales (FGSES) prévue pour le vendredi dernier, aurait été « annulée brutalement » la veille, affirment les pétitionnaires, alors que « le port de keffiehs et la lecture de messages de soutien à la cause palestinienne étaient prévus ». A l’université publique, des cérémonies de remise de diplômes, au cours desquelles des étudiants projetaient de porter des symboles pro-palestiniens, ont, elles aussi, été annulées, comme à la faculté des lettres et des sciences humaines (FLSH) de l’université Mohammed V de Rabat. Samedi dernier, c’est le doyen de la faculté des sciences Ben M’Sik de Casablanca qui a refusé de remettre une distinction à une étudiante, « parce qu’elle arborait un keffieh », s’est insurgé dans un communiqué le Syndicat marocain de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (Smesrs). À Tétouan, plus de 600 professeurs et cadres de l’université Abdelmalek Essaâdi exigent la rupture des relations avec l’université de Haïfa. Une pétition du même genre serait en préparation à l’institut agronomique et vétérinaire Hassan II (IAV) de Rabat. Le professeur Mohamed Naji signale qu’elle sera remise à l’administration dès la rentrée prochaine et ajoute que des étudiants préparent, eux aussi, une lettre de protestation.

Ces actions reflètent un sentiment largement partagé au sein de la société marocaine solidaire de la cause palestinienne. Elles contrastent fortement avec la politique officielle du régime, qui cherche à renforcer ses liens avec l’entité sioniste, notamment dans les domaines économique et sécuritaire. La dichotomie est frappante et la tension risque de s’accentuer dans les mois à venir. Comme le promet un syndicaliste, « la rentrée sera chaude ».

Chokri Hafed

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