Football: Vers le plafonnement des salaires des joueurs dès 2025
Le football professionnel algérien s’apprête à connaître une transformation majeure dans sa gestion financière avec l’annonce d’un plafonnement historique des salaires des joueurs de la Ligue 1-Mobilis. Cette décision, qui s’inscrit dans une politique plus large de rationalisation des dépenses des clubs, a été présentée lors d’une réunion élargie avec les présidents de clubs, présidée par Amine Mesloug, membre du bureau fédéral et chargé de la gestion provisoire de la Ligue de Football Professionnel (LFP).
Selon les informations rapportées par le quotidien El Moudjahid, cette réforme établit un plafond salarial mensuel fixé à 250 millions de centimes, une mesure qui marque un tournant décisif dans la gestion économique du football national. Cette initiative fait suite aux récentes déclarations du ministre des Sports, Walid Sadi, devant l’Assemblée populaire nationale (APN), où il avait exposé sa vision pour une meilleure gouvernance du football professionnel. La nouvelle réglementation, tout en fixant un plafond, maintient une certaine flexibilité : les clubs conservent la possibilité de recruter des joueurs dont les émoluments dépasseraient cette limite, à condition toutefois de démontrer que ces rémunérations ne proviennent pas des budgets alloués par les sociétés mères, c’est-à-dire de l’argent public. Cette disposition vise explicitement à encourager les clubs à diversifier leurs sources de financement et à réduire leur dépendance vis-à-vis des sociétés actionnaires étatiques. L’objectif est de pousser les clubs vers une autonomie financière accrue, notamment en les incitant à développer leurs activités commerciales et à rechercher des partenariats avec le secteur privé. Cette réforme s’inscrit dans un contexte plus large de restructuration du football professionnel algérien. Comme l’a rappelé le ministre Sadi lors d’une séance plénière jeudi dernier à l’APN, une réunion s’est tenue récemment avec les représentants des sociétés nationales propriétaires ou actionnaires des clubs professionnels. Cette concertation a abouti à l’élaboration d’une feuille de route ambitieuse dont la mise en application est prévue pour janvier 2025. Le plan d’action ne se limite pas à la seule question salariale mais englobe plusieurs axes stratégiques. Sur le plan financier, les clubs seront tenus de réduire significativement leur masse salariale à partir de la saison 2025-2026, avec une révision à la baisse de leurs budgets annuels pour atteindre des niveaux plus raisonnables. Le volet sportif n’est pas en reste, avec un plan d’investissement axé sur la formation des jeunes talents. Ce programme prévoit notamment la création d’académies dédiées aux catégories des moins de 11 ans, 13 ans et 15 ans, une initiative qui devrait débuter en janvier 2025. La dimension organisationnelle fait également l’objet d’une attention particulière, avec la mise en place prévue d’un modèle standardisé pour la structure des clubs professionnels et le recrutement de gestionnaires compétents dès l’année prochaine. Les sociétés actionnaires devront par ailleurs fournir une analyse détaillée de leur situation actuelle, couvrant les aspects juridiques, financiers, administratifs et sportifs. Cette réforme s’accompagne d’un renforcement de la lutte contre la corruption dans le sport, un engagement ferme du ministre Sadi qui a assuré que son département « ne ménagera aucun effort pour lutter contre la corruption sous toutes ses formes ». Cette volonté se traduit par la mise en place d’un programme annuel d’inspection, exécuté par l’inspection générale du ministère, couvrant aussi bien l’administration centrale que les structures décentralisées. Le ministère des Sports a également annoncé sa collaboration étroite avec la Haute autorité de transparence, de prévention et de lutte contre la corruption (HATPLC), notamment dans les domaines de la formation, de la sensibilisation et de l’échange de données. Cette coopération vise à actualiser le système juridique pour mieux protéger les deniers publics, notamment à travers un projet de décret exécutif définissant les modalités de financement et de contrôle des structures sportives. Cette réforme ambitieuse du football professionnel algérien marque ainsi une volonté claire de modernisation et de professionnalisation du secteur, avec pour objectifs principaux la rationalisation des dépenses, le développement de la formation des jeunes et l’assainissement des pratiques de gestion.
Moncef Dahleb