Ramadhan: L’Exécutif muscle son dispositif anti-pénurie
Le ministère du Commerce et de la Régulation des marchés déploie un arsenal de mesures pour garantir un Ramadan serein aux consommateurs algériens. Le dispositif, particulièrement ambitieux cette année, a été détaillé hier matin sur les ondes de la Chaîne 1 de la radio nationale par Mohamed Mezghache, directeur général du contrôle et de la répression des fraudes, lors de son passage dans l’émission « Invité du matin ».
Au cœur de ce programme figure un important volet dédié à l’approvisionnement en viandes, produit particulièrement sensible durant le mois sacré. Le plan prévoit l’importation de 13 000 tonnes de viande rouge et 15 000 tonnes de viande blanche, un volume conséquent venant renforcer une production locale déjà substantielle de 35 000 tonnes de viande blanche. Pour diversifier les sources d’approvisionnement et garantir la fraîcheur des produits, le ministère a également programmé l’importation de troupeaux vivants destinés à l’abattage, une stratégie qui devrait permettre de réguler plus efficacement les prix sur le marché. La préparation de ce mois de forte consommation n’a rien laissé au hasard. « Le ministère du Commerce intérieur et de la régulation du marché a tenu des réunions consultatives en coordination avec les ministères de l’Industrie et du Commerce, et avec la participation d’opérateurs économiques, d’associations professionnelles, de l’Union des commerçants et de l’Union des agriculteurs, pour traiter toutes les perturbations qu’ont connues les marchés durant le mois sacré », a expliqué Mezghache. Cette approche inclusive vise à anticiper et prévenir les dysfonctionnements observés lors des précédentes éditions du Ramadan. La lutte contre la spéculation, véritable fléau des périodes de forte demande, constitue un autre axe majeur du dispositif.
Le marché sera inondé de produits de base
« Nous inonderons le marché de toutes sortes de céréales, d’huile et de sucre pour lutter contre la spéculation », a affirmé le responsable, dévoilant une stratégie offensive pour contrer les tentatives de manipulation des prix. Cette politique s’accompagne d’une augmentation significative des capacités de production nationale. La production quotidienne de sucre connaîtra ainsi une hausse spectaculaire, passant de 1 900 à 4 200 tonnes, tandis que celle d’huile fera plus que doubler, progressant de 1 800 à 3 600 tonnes grâce à la mise en service de nouvelles unités spécialisées dans la trituration des graines de soja.
L’innovation majeure de ce dispositif réside dans la mise en place d’un système de surveillance digitalisé. Le ministère déploie des plateformes numériques permettant un suivi en temps réel des niveaux de production et de distribution dans l’ensemble des wilayas. Cette modernisation du contrôle s’accompagne d’opérations traditionnelles de surveillance sur le terrain, couvrant l’intégralité de la chaîne de distribution, des unités de production aux commerces de détail, avec une attention particulière portée à la qualité des produits et au respect des prix réglementés. Pour Mezghache, la réussite de ce dispositif repose sur une connaissance précise des réalités du marché : « Le défi actuel est de procéder à un recensement précis des capacités de production et de définir les indicateurs de consommation ». Ce travail d’analyse approfondi, qui sera intensifié d’ici la fin du mois, s’accompagne d’efforts pour optimiser les réseaux de distribution et harmoniser les prix réglementés sur l’ensemble du territoire national. Cette approche scientifique de la régulation du marché témoigne d’une volonté de dépasser les solutions d’urgence au profit d’une gestion structurée et pérenne.
Le plan prévoit également un important volet logistique pour garantir une distribution équitable des produits sur l’ensemble du territoire. Les services du ministère travaillent à l’harmonisation des réseaux de distribution et à l’uniformisation des prix réglementés entre les différentes wilayas, une mesure visant à éviter les disparités régionales souvent sources de tensions durant le Ramadan. Le dispositif de contrôle a été particulièrement renforcé avec la mise en place d’équipes dédiées qui superviseront l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. Ces équipes auront pour mission de vérifier non seulement la disponibilité des produits mais également leur qualité et le respect des prix réglementés, depuis les unités de production jusqu’aux points de vente au détail. En conclusion de son intervention radiophonique, le directeur général du contrôle et de la répression des fraudes a tenu à rassurer la population quant à la disponibilité de tous les produits de consommation durant le mois sacré. Il a souligné l’engagement de son ministère à mettre en œuvre les directives du Président Abdelmadjid Tebboune pour une régulation efficace du marché, rappelant que l’ensemble de ces mesures s’inscrit dans une stratégie globale visant à garantir un Ramadan serein pour tous les citoyens. Cette approche multidimensionnelle, combinant importations stratégiques, augmentation de la production nationale, modernisation des systèmes de contrôle et renforcement de la coordination entre les différents acteurs, témoigne de l’importance accordée par les autorités à la stabilité du marché durant cette période sensible. La réussite de ce dispositif dépendra maintenant de sa mise en œuvre effective sur le terrain et de la capacité des différents intervenants à maintenir une coordination efficace tout au long du mois sacré.
Salim Amokrane
