État d’urgence aux frontières et retrait de l’accord sur le climat et l’OMS marquent le début du mandat de Trump
Donald Trump a entamé son second mandat à la Maison Blanche avec une série de décisions spectaculaires et controversées, marquant d’emblée sa volonté de rupture avec l’administration Biden et son intention de mettre en œuvre rapidement ses promesses de campagne les plus radicales. Devenu à 78 ans le plus vieux président de l’histoire des États-Unis, le républicain a utilisé ses premières heures au pouvoir pour signer une avalanche de décrets présidentiels et prendre des mesures symboliques fortes, tout en prononçant un discours d’investiture aux accents sombres et revanchards qui laisse présager un mandat sous le signe de la confrontation. La cérémonie d’investiture elle-même a donné le ton de ce nouveau mandat Trump, avec une rupture notable dans le protocole traditionnel. Les grands patrons de la tech et de l’industrie, dont Mark Zuckerberg de Meta, Elon Musk de SpaceX et X, et le Français Bernard Arnault de LVMH, ont occupé les places d’honneur, reléguant de nombreux dignitaires républicains, y compris des gouverneurs, à l’extérieur de la salle. Cette mise en scène illustre l’importance accordée par Trump aux barons des affaires dans sa vision du pouvoir, au détriment de l’establishment politique traditionnel. Dans son discours d’investiture prononcé sous la coupole du Capitole, Trump n’a pas cherché à rassembler le pays ni à apaiser les tensions. Au contraire, il a promis de s’attaquer à ce qu’il qualifie d' »élite corrompue et radicale », sous le regard impassible de son prédécesseur Joe Biden. Le ton était donné pour un mandat placé sous le signe de la revanche politique. Les premières mesures de Trump se sont concentrées sur plusieurs axes majeurs : l’immigration, l’environnement, la politique étrangère et la santé. Sur le front de l’immigration, le président a décrété un « état d’urgence à la frontière sud » avec le Mexique, une mesure qui lui permet de mobiliser les forces armées pour ce qu’il décrit comme une lutte contre « l’invasion désastreuse » du pays. Il a promis l’expulsion de « millions et des millions d’étrangers criminels », signalant une intensification drastique de la politique migratoire américaine. En matière environnementale, Trump a marqué une rupture totale avec les engagements climatiques de son prédécesseur. Il a décrété un état d’urgence énergétique visant à augmenter la production d’hydrocarbures, alors même que les États-Unis en sont déjà le premier producteur mondial. Plus symboliquement encore, il a annoncé le retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat, renouvelant ainsi une décision de son premier mandat que Biden avait annulée.
Sur le plan international, Trump a multiplié les déclarations provocatrices et les positions agressives. Il a notamment affirmé sa volonté de « reprendre » le canal de Panama, estimant que le transfert de son contrôle en 1999 était un « cadeau insensé » et accusant la Chine de l’exploiter. Il a également réitéré ses visées sur le Groenland, territoire autonome danois, affirmant avec assurance que « le Danemark va se faire à l’idée » de le céder aux États-Unis. Dans une démarche symbolique supplémentaire, il a annoncé que son administration commencerait à désigner le golfe du Mexique comme le « golfe d’Amérique ». En matière de santé publique, Trump a signé un décret retirant les États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une décision qui inquiète les experts de santé publique. Cette sortie, qui prendra effet dans un an conformément aux règles de l’ONU, pourrait avoir des conséquences importantes sur la capacité des États-Unis à surveiller et prévenir les menaces sanitaires mondiales, particulièrement préoccupant dans un contexte où le pays fait face à des cas de grippe aviaire H5N1.
Sur le plan intérieur, Trump a immédiatement entrepris une purge de l’administration fédérale, annonçant sur sa plateforme Truth Social le limogeage de quatre responsables gouvernementaux et promettant d’identifier et de destituer plus de mille personnes nommées par l’administration Biden. Cette démarche s’inscrit dans sa promesse de campagne de « nettoyer le marais » de Washington. Dans un geste particulièrement controversé, Trump a gracié plus de 1.500 de ses partisans qui avaient participé à l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021, une action qui avait visé à empêcher la certification de la victoire de Joe Biden. Cette décision, prise dès le premier jour de son mandat, illustre sa volonté de réhabiliter ceux qu’il considère comme des alliés politiques, même lorsqu’ils ont participé à une tentative de subversion du processus démocratique. Concernant le Moyen-Orient, Trump s’est positionné en « artisan de la paix », s’attribuant le mérite de l’accord sur le cessez-le-feu à Ghaza. Il a également révoqué une mesure de Biden qui permettait de sanctionner des colons israéliens auteurs de violences contre des Palestiniens en Cisjordanie occupée, signalant un changement radical dans l’approche américaine du conflit israélo-palestinien. Alors que certains espéraient voir un Trump plus modéré pour son second mandat, ces premières vingt-quatre heures suggèrent au contraire une présidence encore plus radicale que la première. La question reste de savoir dans quelle mesure ces annonces spectaculaires pourront se traduire en actions concrètes, notamment face à des majorités parlementaires étroites et à un système judiciaire qui pourrait être amené à examiner la légalité de certaines de ces mesures.
L.S.