Des pratiques qui « déshonorent » la France
L’Algérie a vivement réagi suite aux traitements « provocateurs » et « dégradants » subis par nos concitoyens dans les aéroports parisiens de Roissy Charles-De-Gaulle et d’Orly. Le Secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la communauté nationale à l’étranger, M. Sofiane Chaib, a convoqué l’ambassadeur de France en Algérie.
Dans un communiqué officiel, le ministère des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines indique : « L’Algérie relève avec une profonde préoccupation les témoignages concordants d’un certain nombre de ressortissants algériens sur des traitements provocateurs, dégradants et discriminatoires auxquels ils sont soumis par la Police aux Frontières au niveau des aéroports de Roissy Charles-De-Gaulle et d’Orly ». Le texte précise que suite à la confirmation de la véracité de ces informations, M. Chaib a convoqué l’ambassadeur de France en Algérie, « ‘pour lui signifier la ferme protestation du gouvernement algérien face à de tels agissements totalement inadmissibles », précise le texte. Le communiqué souligne également que le Secrétaire d’État « a affirmé le rejet catégorique de l’Algérie de toute atteinte, de quelque manière que ce soit, à la dignité de ses citoyens, ou de les instrumentaliser à des fins de pression, de provocation ou de tentative d’intimidation à l’encontre de leur pays ». La note diplomatique conclut en indiquant que « le Secrétaire d’État a demandé à l’ambassadeur d’informer son gouvernement de la nécessité de prendre toutes les mesures indispensables, afin qu’il soit mis fin, sans délai, à ces agissements et pratiques inacceptables qui déshonorent le gouvernement français ».
Lundi, les ressortissants algériens, pourtant munis de visas en règles, ont été soumis à des contrôles abusifs et traitements dégradants de la part de la police des frontières françaises.
Selon le quotidien El Moudjahid qui a rapporté les faits à l’instar de plusieurs autres titres de la presse nationale, les témoignages relayés sur les réseaux sociaux ont mis en avant une situation particulièrement tendue dans les aéroports parisiens. Les voyageurs algériens, bien que munis de visas en règle, ont été confrontés à des procédures de contrôle particulièrement longues et contraignantes. La situation a notamment été marquée par la fermeture délibérée de tous les guichets à l’exception d’un seul, réservé exclusivement aux ressortissants algériens, entraînant des files d’attente interminables. Le cinéaste algérien Bachir Derrais a notamment témoigné sur sa page Facebook de la situation chaotique rencontrée après l’arrivée du vol AH 1230 en provenance d’Alger. Les témoignages recueillis font état d’attentes pouvant atteindre trois heures, bien au-delà des normes habituelles de l’aéroport qui prévoient un temps d’attente maximum de 45 minutes pour les ressortissants non-européens. Une situation d’autant plus anormale que selon les statistiques officielles, 85,2% des 2,9 millions de passagers internationaux ayant transité par Paris-Charles-de-Gaulle en novembre 2024 ont passé moins de 10 minutes aux contrôles aux frontières. À Paris-Orly, ce taux atteint même 90,7% pour les quelque 800 000 passagers internationaux recensés sur la même période. Ces traitements discriminatoires orchestrés sous l’impulsion de Bruno Retailleau, est l’objet de vives critiques, et dont l’attitude reflète une volonté délibérée de sabotage des relations franco-algériennes de la part de ce ministre aux idées profondément marquées dans l’extrême et qui verse clairement tout comme une bonne partie de gouvernement Bayrou dans une forme d’hystérie, un opportunisme électoraliste. Le quotidien souligne que ces agissements surviennent dans un contexte où des efforts de rapprochement avaient été entrepris par les hautes autorités françaises, avec l’envoi d’émissaires à Alger pour aplanir les différends.
Hocine Fadheli