Conférence-débat jeudi prochain à Paris sur les atrocités coloniales commises en Algérie : La France face à son passé colonial
La torture, les essais nucléaires et les massacres en Algérie, ces pages sombres de l’histoire française continuent de hanter les relations franco-algériennes. Alors qu’une conférence-débat s’apprête à lever le voile sur ces atrocités jeudi prochain à Paris, retour sur un passé qui ne passe pas.
Entre 1960 et 1966, la France a mené 57 essais nucléaires dans le Sahara algérien, principalement à Reggane et In Ekker. Ces tests, dont quatre atmosphériques et treize souterrains, ont laissé des séquelles durables. Les populations locales continuent de payer le prix fort : cancers, malformations congénitales et contamination des sols. Certaines zones restent dangereusement radioactives plus de 60 ans après les faits, tandis que la France tarde à assumer pleinement sa responsabilité dans cette catastrophe environnementale et sanitaire.
Durant la guerre d’indépendance qui a duré près de huit ans, la torture est devenue un outil systématique de répression. Électrocutions, « gégène », simulation de noyade, les méthodes employées par l’armée française ont marqué des générations entières. Des figures comme le général Aussaresses ont plus tard reconnu publiquement ces pratiques, sans pour autant que la France ne présente des excuses officielles aux victimes. De Sétif et Guelma, en mai 1945 aux ratonnades de Paris en octobre 1961, la répression coloniale a fait des dizaines de milliers de victimes civiles. Le massacre de Sétif, qui a fait entre 15 000 et 45 000 morts selon les sources, reste emblématique de cette violence coloniale. C’est dans ce contexte que plusieurs associations organisent une conférence-débat cruciale à Paris. L’événement réunira notamment Nils Andersson, témoin majeur de la résistance à la guerre de libération, et l’historien Fabrice Riceputi, auteur de « Le Pen et la torture, Alger 1957, l’histoire contre l’oubli ». Cette rencontre, organisée par l’ACCA, les 4 ACG, l’AFASPA et le groupe Histoire coloniale et postcoloniale, vise à ouvrir un dialogue franc sur ces mémoires douloureuses. Elle s’inscrit dans un mouvement plus large réclamant la reconnaissance officielle des crimes commis pendant la période coloniale. La rencontre promet d’être un moment fort de réflexion sur l’héritage colonial français et ses conséquences contemporaines. Elle souligne l’importance cruciale du devoir de mémoire dans la construction d’un avenir commun apaisé entre les deux nations.
Notons dans ce contexte que l’Algérie se prépare à commémorer le 65e anniversaire des explosions nucléaires françaises dans le Sahara algérien. Le ministre des Moudjahidine et des Ayants droit, Laïd Rebiga, a dans ce sens présidé, hier, une réunion préparatoire. Il a rappelé à cette occasion, que l’Etat algérien exige de la France de «nettoyer les sites des explosions qui, bien plus que de simples essais, étaient de véritables crimes de guerre et des crimes contre l’humanité dont les effets délétères subsistent encore aujourd’hui».
A ce propos, le ministre a précisé que les autorités compétentes avaient recensé, à ce jour, «plus de 26 maladies directement liées aux conséquences de ces explosions nucléaires», soulignant que la France coloniale a «réalisé 57 explosions, la première étant celle de la +Gerboise bleue+ à Reggane, le 13 février 1960, avec une puissance de 60 à 70 kilotonnes d’explosifs, soit cinq fois celle de la bombe atomique d’Hiroshima au Japon».
Samir Benisid