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Projet du Grand Port Centre : Les Italiens se positionnent

L’entreprise italienne Condotte 1880 manifeste un intérêt croissant pour le méga-projet du port d’El Hamdania, confirmant ainsi la montée en puissance des opérateurs italiens en Algérie, dans un contexte marqué par le renforcement des relations bilatérales entre les deux pays. 

Selon les informations rapportées mercredi par l’agence de presse italienne Nova, ce projet portuaire, estimé à plus de 5 milliards de dollars, prévoit la construction de 25 quais capables de gérer 25,7 millions de tonnes de marchandises, faisant de cette infrastructure le plus important port commercial d’Afrique du Nord. Si les entreprises chinoises ont déjà manifesté leur intérêt pour ce projet stratégique, proposant notamment de financer les travaux en contrepartie de la gestion du futur port, Condotte 1880 se positionne également comme un acteur crédible pour sa réalisation. Le vice-président de l’entreprise italienne, Ugo Cozzani, met en avant les « excellentes relations » développées avec le groupe algérien Cosider ainsi que les accords commerciaux déjà conclus avec le géant chinois CRCC International, laissant entrevoir la possibilité d’une participation italienne à ce projet majeur. Cette ambition s’inscrit dans la continuité d’une présence déjà significative de Condotte 1880 en Algérie, où l’entreprise « joue un rôle de premier plan dans les infrastructures », comme le souligne son vice-président. L’entreprise italienne, qui a fait ses preuves à travers le continent africain en réalisant « des ouvrages de grande valeur d’ingénierie, depuis les barrages jusqu’au déplacement de monuments archéologiques », est actuellement engagée dans plusieurs projets d’envergure en Algérie. Parmi ces projets figure la réalisation de la ligne ferroviaire électrifiée à double voie Oued Tlelat-Tlemcen, un chantier majeur qui illustre l’expertise technique de l’entreprise. Comme l’explique Ugo Cozzani, cette ligne « s’étend sur un parcours de 130 kilomètres entre la ville d’Oued Tlelat et la capitale de la culture maghrébine Tlemcen, dans la région d’Oran située au nord-ouest de l’Algérie ». Ce projet, réalisé à 80%, s’inscrit dans le cadre du vaste programme de modernisation du réseau ferroviaire, comprenant « la construction d’une dorsale subparallèle au littoral qui relie la frontière avec le Maroc à celle tunisienne avec une ligne électrifiée à 220 km/h ». L’envergure technique de ce projet est particulièrement remarquable, avec la construction de ce que le vice-président qualifie d' »ouvrages exceptionnels », notamment « 17 kilomètres de viaducs, un tunnel naturel, un tunnel artificiel et une gare ferroviaire, en plus des ouvrages technologiques et accessoires ». Ce chantier est réalisé dans le cadre d’une association temporaire d’entreprises (Ati) où Condotte détient 75% des parts aux côtés de Rizzani De Eccher (25%), pour un montant contractuel d’environ 1,2 milliard d’euros pour la seule part de Condotte. Parallèlement, l’entreprise italienne est également impliquée dans la construction de la « 4eme Rocade D’Alger », un projet autoroutier situé à environ 100 kilomètres à l’est de la capitale. Dans ce consortium, dont Condotte est l’agent principal avec une participation de 53%, le montant du contrat pour sa part s’élève à « environ 200 millions d’euros ». Selon Ugo Cozzani, « la nouvelle organisation du chantier, en plus de conduire à des optimisations économiques, a permis la recréation d’une unité opérationnelle hautement spécialisée dans la construction de ponts et de viaducs ». Cette présence grandissante des entreprises italiennes en Algérie s’inscrit dans le cadre plus large du Plan Mattei, une initiative lancée en 2022 par la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni pour renforcer la coopération entre l’Italie et l’Afrique. Comme le rappelle le vice-président de Condotte, « l’Algérie est l’un des États africains du plan Mattei et à travers la Cassa Depositi e Prestiti, la Cdp, la Sace et la Simest, des financements et des réductions de taux d’intérêt sont prévus également pour la réalisation des mêmes projets liés aux travaux ». Cette dimension politique et stratégique est d’autant plus importante que, comme le souligne Cozzani, « les autorités algériennes, comme d’autres pays, accueillent toujours favorablement le dialogue avec le gouvernement (italien) ou ses représentants ». Cette dynamique positive entre les deux pays se traduit également par l’intérêt de Condotte pour d’autres projets d’infrastructure, notamment « l’extension du port de Djen Djen dans la wilaya de Jijel, à 300 kilomètres à l’est d’Alger ». La montée en puissance des entreprises italiennes en Algérie intervient dans un contexte de diversification des partenariats économiques du pays, marqué notamment par le recul relatif des entreprises françaises au profit d’acteurs chinois, turcs et italiens. L’expertise technique démontrée par Condotte dans la réalisation d’infrastructures complexes, combinée au cadre favorable des relations bilatérales italo-algériennes, laisse présager un renforcement continu de la présence italienne dans les grands projets d’infrastructure en Algérie. La possible participation de l’entreprise au projet du port d’El Hamdania constituerait ainsi une nouvelle étape significative dans cette dynamique de coopération croissante entre les deux pays.

Sabrina Aziouez

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