La RASD célèbre la 49e anniversaire de sa proclamation : Un parcours de lutte et de victoires diplomatiques
La République arabe sahraouie démocratique (RASD) s’apprête à célébrer aujourd’hui jeudi le 49e anniversaire de sa proclamation, une date hautement symbolique qui marque près d’un demi-siècle de résistance et de combat pour l’autodétermination.
Cette commémoration intervient dans un contexte particulier où le peuple sahraoui continue de faire face à l’occupation marocaine tout en engrangeant d’importantes victoires sur les plans diplomatique et juridique, renforçant sa position sur la scène internationale. C’est le 27 février 1976 que fut proclamée la RASD à Bir Lahlou, dans les territoires libérés du Sahara occidental, au lendemain du départ des dernières forces coloniales espagnoles. Depuis cette date historique, la République sahraouie a construit pas à pas les fondements d’un État indépendant, développant ses institutions et affirmant sa présence sur la scène internationale malgré l’occupation persistante d’une partie de son territoire par le Maroc. Cette célébration intervient alors que le conflit armé a repris depuis novembre 2020, lorsque le Maroc a violé le cessez-le-feu en vigueur depuis 1991 en lançant une opération militaire dans la zone tampon de Guerguerat. Cinq années de guerre qui n’ont pas entamé la détermination du peuple sahraoui à poursuivre sa lutte pour l’indépendance. Le 49e anniversaire sera l’occasion pour les autorités sahraouies de rappeler à la communauté internationale la nature fondamentale de leur combat : celle d’une lutte anticoloniale reconnue comme telle par les Nations Unies. Comme l’a récemment souligné Sidi Mohammed Ammar, représentant du Front Polisario auprès des Nations Unies et coordonnateur avec la MINURSO (Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental), « la reconnaissance de la cause du Sahara occidental comme une question de décolonisation constitue un acquis important pour le peuple sahraoui ». Cette position a d’ailleurs été réaffirmée en décembre 2024, lorsque l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté, lors de sa 79e session, une résolution sans vote concernant le Sahara occidental. Ce texte, inscrit sous le point relatif à la mise en œuvre de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples colonisés, a clairement confirmé le cadre juridique de la question en tant que problématique de décolonisation, infligeant un nouveau revers diplomatique au régime marocain.
Sur le plan international, la RASD peut se prévaloir de réalisations significatives, à commencer par sa reconnaissance officielle par plus de 80 États qui entretiennent des relations diplomatiques avec elle. Son adhésion à l’Union africaine constitue également un succès diplomatique majeur qui a considérablement renforcé sa légitimité continentale et internationale, malgré les manœuvres répétées de Rabat pour tenter de l’isoler.
C’est toutefois sur le terrain juridique que les avancées les plus spectaculaires ont été enregistrées ces dernières années. La bataille menée par le Front Polisario devant les juridictions européennes a abouti à des victoires décisives concernant l’exploitation illégale des ressources naturelles sahraouies par le Maroc avec la complicité de certains pays européens. Le 4 octobre 2024, la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) a rejeté le recours déposé par le Conseil et la Commission européenne contre la décision du Tribunal européen portant annulation de deux accords commerciaux UE-Maroc qui incluaient illégalement les territoires du Sahara occidental. Cette décision majeure confirme la jurisprudence constante de la CJUE qui, depuis 2016, affirme que le Sahara occidental et le Maroc sont deux territoires distincts et séparés, et que tout accord commercial concernant le Sahara occidental ne peut être conclu sans le consentement du peuple sahraoui représenté par le Front Polisario. Dans un autre arrêt significatif, la Cour a rappelé que l’indication du pays d’origine qui doit figurer sur les produits agricoles comme les melons et les tomates importés dans l’UE « ne peut désigner que le seul Sahara occidental, puisque ces produits sont récoltés sur ce territoire », soulignant une nouvelle fois qu' »au regard du droit international, le Sahara occidental dispose d’un statut propre et distinct ».
Séisme juridique
Pour le président sahraoui, Brahim Ghali, ces arrêts « ont accordé au peuple sahraoui ce que certains tentaient de nier concernant ses richesses et sa souveraineté ». Une reconnaissance juridique essentielle du droit du peuple sahraoui à disposer de ses ressources naturelles. Plus récemment encore, la CJUE a rejeté une demande de la Commission européenne qui visait, selon l’Observatoire international Western Sahara Resource Watch (WSRW), à « déformer la démographie du Sahara occidental ». Dans le même esprit, le nouveau commissaire européen aux Transports et au Tourisme durable, Apostolos Tzitzikostas, a formellement réaffirmé que l’accord aérien entre l’UE et le Maroc ne s’applique pas au Sahara occidental, suite à l’annulation de son application par la CJUE. Ces décisions en cascade constituent ce que Maître Manuel Devers, qui a repris le flambeau de son père Gilles Devers, éminent avocat français récemment décédé et figure emblématique du combat juridique sahraoui, qualifie de véritable « séisme juridique en Europe ». L’impact de ces victoires dépasse le cadre strictement juridique pour renforcer considérablement la position politique de la RASD sur la scène internationale. Ces succès diplomatiques et juridiques confortent la stratégie multidimensionnelle adoptée par les autorités sahraouies pour faire avancer leur cause. Ils s’inscrivent dans une approche globale combinant résistance sur le terrain, mobilisation diplomatique et actions juridiques.
Le peuple sahraoui reste toutefois confronté à la dure réalité de l’occupation. Dans les territoires occupés, les violations des droits humains se poursuivent, tandis que l’exploitation illégale des ressources naturelles continue malgré les décisions de justice européennes. Alors que la RASD s’apprête à entrer dans son cinquantième anniversaire, le peuple sahraoui réaffirme sa détermination inébranlable à poursuivre sa lutte jusqu’à l’obtention de son droit à l’autodétermination et à l’indépendance complète. Le 49e anniversaire de la proclamation de la République ne sera donc pas seulement une célébration du chemin parcouru, mais aussi et surtout une occasion de mobilisation pour les défis qui restent à relever sur la route de l’indépendance.
Lyes Saïdi