Le Gouvernement s’est penché hier sur le dosser : L’Algérie se prépare à déployer des réseaux 5G

Le Gouvernement lance les préparatifs du déploiement des réseaux mobiles de cinquième génération.

Le Gouvernement franchit une nouvelle étape décisive dans sa stratégie de transformation numérique en plaçant la 5G au cœur de ses priorités.

Lors d’une réunion tenue hier sous la présidence du Premier ministre, M. Nadir Larbaoui, le Gouvernement a examiné les préparatifs du déploiement des réseaux mobiles de cinquième génération, selon un communiqué des services du Premier ministre. Cette initiative s’inscrit dans une démarche globale visant à renforcer l’infrastructure numérique du pays et à consolider sa souveraineté technologique dans un contexte marqué par une croissance exponentielle du secteur des télécommunications. « Le Gouvernement a entendu une communication sur les préparatifs du projet de lancement des réseaux mobiles de la 5G, qui constitue un levier clé du développement économique et industriel en Algérie, améliorant l’accès aux services publics numériques et contribuant à la transformation numérique », précise le communiqué officiel. Cette annonce intervient dans un contexte où le marché algérien des télécommunications connaît une expansion remarquable, particulièrement dans le segment de l’internet mobile. Selon les dernières statistiques du ministère de la Poste et des Télécommunications, le nombre total d’abonnés internet a atteint le chiffre impressionnant de 57,25 millions en décembre 2024, représentant un taux de couverture dépassant les 110% de la population actuelle du pays, estimée à 44 millions d’habitants. Le secteur est actuellement dominé par l’internet mobile avec 49,26 millions d’abonnés, dont 44,89 millions connectés au réseau 4G, soit près de 80% des usagers, répartis entre les trois opérateurs Mobilis, Djezzy et Ooredoo. Le déploiement de la 5G représente ainsi une évolution naturelle pour un marché déjà mature et en constante progression. L’introduction de cette technologie de pointe s’accompagne d’une refonte du cadre juridique encadrant les services numériques.

Certification électronique

En effet, lors de la même réunion, le gouvernement a examiné « un avant-projet de loi fixant les règles générales relatives aux services et transactions électroniques et à l’identification électronique ». Cette initiative législative vise à « améliorer le cadre juridique relatif à la certification électronique, permettant ainsi la mise en place d’un environnement numérique fiable garantissant l’utilisation sécurisée des services numériques et le renforcement de la souveraineté numérique nationale », souligne le communiqué. Cette réforme juridique constitue un pilier essentiel pour l’écosystème numérique que l’Algérie s’efforce de bâtir, en créant les conditions nécessaires à une adoption sereine et sécurisée des technologies avancées comme la 5G.

Pour les experts du secteur, le déploiement des réseaux 5G en Algérie représente bien plus qu’une simple évolution technologique. Il s’agit d’un véritable catalyseur pour la transformation économique du pays. La 5G offre des vitesses de connexion considérablement plus élevées, une latence réduite et une capacité accrue à connecter simultanément un grand nombre d’appareils, ouvrant ainsi la voie à des applications innovantes dans divers domaines tels que l’industrie 4.0, la santé connectée, les villes intelligentes et les véhicules autonomes. Cette technologie viendra compléter et renforcer les infrastructures existantes, notamment le réseau de fibre optique dont le développement se poursuit activement. Les statistiques officielles font état de 1,61 million d’abonnés au réseau FTTH (fibre optique à domicile) en décembre 2024, contre 6,11 millions d’abonnés à l’internet fixe au total. La complémentarité entre les réseaux fixes à très haut débit et la 5G constituera la colonne vertébrale du futur paysage numérique algérien.

Cela intervient dans un contexte de renforcement de la souveraineté numérique nationale marqué par le développement récent d’infrastructures critiques dans le domaine de l’intelligence artificielle. L’Algérie a récemment lancé plusieurs projets stratégiques de centres de données (Data Centers) spécialisés dans l’IA et de supercalculateurs, visant à doter le pays de capacités de traitement massif de données et d’analyse avancée. Ces infrastructures représentent un élément fondamental pour l’exploitation optimale des potentialités offertes par la 5G, notamment en matière d’applications d’intelligence artificielle distribuées et d’Internet des objets industriel. La convergence entre le déploiement de la 5G et ces infrastructures de calcul haute performance permettra à l’Algérie de se positionner favorablement dans l’économie numérique mondiale.

Virage numérique et diversification économique

Le virage numérique entrepris par l’Algérie s’inscrit dans une vision plus large de modernisation de l’État et des services publics. Comme le souligne le communiqué gouvernemental, la 5G contribuera à « améliorer l’accès aux services publics numériques », facilitant ainsi l’interaction entre les citoyens et l’administration. Cette orientation s’aligne parfaitement avec les efforts déjà consentis dans la dématérialisation des procédures administratives, comme en témoigne « le développement des services publics en ligne et de plusieurs plateformes numériques dans divers secteurs d’activité tels que l’éducation nationale, l’enseignement supérieur, l’intérieur, la justice, la formation professionnelle et les finances ». L’apport de la 5G dans ce processus sera déterminant, en permettant un accès plus fluide et plus rapide à ces services depuis n’importe quel point du territoire. Sur le plan économique, l’introduction de la 5G devrait générer un effet d’entraînement significatif. Selon plusieurs études internationales, cette technologie a le potentiel de stimuler la croissance du PIB en favorisant l’émergence de nouveaux modèles d’affaires et en améliorant la productivité dans de nombreux secteurs. Pour l’Algérie, qui aspire à diversifier son économie et à réduire sa dépendance aux hydrocarbures, la 5G représente une opportunité majeure de développement d’un écosystème numérique national innovant, créateur d’emplois qualifiés et de valeur ajoutée.

Samir Benisid