Sonatrach et Sinopec signent un nouvel accord de principe: Valoriser le potentiel gazier des bassins de Gourara et Berkine
Le géant pétrolier algérien Sonatrach et le conglomérat chinois Sinopec consolident leur coopération historique en signant dimanche à Alger un accord de principe d’une portée stratégique. Cet accord, paraphé par Ferhat Ounoughi, vice-président en charge du Business Développement et du marketing chez Sonatrach, et Wu Xiuli, président directeur général de Sinopec Overseas Oil and Gas Limited (SOOGL), sous la supervision du ministre d’État Mohamed Arkab, ouvre la voie à l’exploration et au développement de deux zones pétrolières et gazières particulièrement prometteuses : les bassins de Gourara et de Berkine-est. Cette signature revêt une dimension économique considérable dans le contexte énergétique mondial actuel, où l’Algérie cherche à diversifier ses partenariats et à maximiser la valorisation de ses ressources d’hydrocarbures. L’accord établit le cadre juridique et opérationnel pour de futurs contrats d’hydrocarbures dans ces deux périmètres stratégiques, particulièrement le bassin de Gourara, situé dans le sud-ouest du pays, et celui de Berkine-est, dans la région orientale, tous deux reconnus pour leur potentiel géologique exceptionnel.
Le président-directeur général de Sonatrach, Rachid Hachichi, a souligné l’importance stratégique de cette initiative, déclarant que « cette signature, fruit d’un long processus de coopération et de travail conjoint, est à même d’ouvrir des perspectives prometteuses aux deux parties pour l’exploration des ressources en hydrocarbures dans les deux zones, ce qui renforcera les opportunités de partenariat et la conclusion de contrats d’hydrocarbures prometteurs dans le cadre d’une valorisation responsable et durable des richesses de notre pays ». Ces propos mettent en lumière la vision à long terme de Sonatrach, qui s’inscrit dans une démarche de développement durable et de responsabilité environnementale.
L’accord prévoit une période d’évaluation de six mois renouvelable, durant laquelle les deux partenaires élaboreront conjointement un plan de travail détaillé pour l’évaluation et l’exploitation des ressources d’hydrocarbures. Cette phase préparatoire est cruciale car elle permettra de définir les modalités techniques et financières des futurs investissements. Comme l’a précisé Rachid Hachichi, « nous espérons qu’au terme de cette période, un contrat d’hydrocarbures sera signé pour le développement de ces deux périmètres, à même de renforcer nos capacités de production ». Cette déclaration témoigne de l’ambition de Sonatrach d’accroître significativement ses capacités de production dans un contexte de forte demande énergétique mondiale.
Pour Sonatrach, cet accord représente bien plus qu’un simple partenariat technique. Il s’inscrit dans le cadre d’une stratégie globale visant à élargir ses partenariats stratégiques et à intégrer les meilleures technologies disponibles dans le secteur des hydrocarbures. Le dirigeant de la Sonatrach a d’ailleurs souligné avoir perçu chez Sinopec « une forte volonté de porter la coopération à un niveau stratégique à la hauteur de la profondeur des relations traditionnelles entre l’Algérie et la Chine ». Du côté chinois, Xue Weisong, directeur général et membre du conseil d’administration de Sinopec, a qualifié cet accord de « tournant décisif » dans les relations entre les deux entreprises. Cette qualification n’est pas anodine, car elle traduit la volonté de Sinopec de faire de l’Algérie un hub majeur de ses opérations en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. L’entreprise chinoise envisage d’aller au-delà de la simple exploration en « examinant la possibilité de réaliser des usines de production d’outils essentiels pour le secteur des hydrocarbures », ce qui pourrait créer un écosystème industriel intégré. La collaboration entre Sonatrach et Sinopec n’est pas nouvelle et s’appuie sur une expérience solide. Présente en Algérie depuis 2002, la société chinoise exploite déjà en partenariat avec Sonatrach le gisement de Zarzaitine dans le cadre d’un contrat de partenariat axé sur la récupération assistée des hydrocarbures. Plus récemment, en février 2025, les deux groupes ont signé un contrat d’hydrocarbures portant sur l’exploration et l’exploitation du périmètre de Hassi Berkane Nord, démontrant la continuité et l’intensification de leur coopération.
L’enjeu environnemental occupe une place centrale dans cet accord, les deux parties s’engageant à intégrer « les meilleures pratiques en matière de protection de l’environnement et d’exploitation responsable des ressources naturelles ». Cette dimension est cruciale à l’heure où les entreprises pétrolières font face à une pression croissante pour réduire leur empreinte carbone et adopter des pratiques plus durables. Pour l’Algérie, ce partenariat représente une opportunité unique de bénéficier du savoir-faire technologique chinois tout en diversifiant ses revenus d’hydrocarbures et en renforçant sa position sur les marchés énergétiques internationaux.
Samira Ghrib