Production céréalière : « Il faut rompre avec les décisions administratives »
L’amélioration des rendements de la filière céréalière nécessite la refonte des techniques de production et leur modernisation, mais surtout des incitations et la libération des initiatives.
Arezki Mekliche préconise l’adoption d’une nouvelle stratégie basée sur de nouvelles technologies, des incitations financières mais surtout la libération des initiatives pour augmenter le rendement de la filière céréalière. S’exprimant sur les ondes de la Chaine III de la Radio nationale, le maître de conférence à l’Ecole nationale supérieure d’Agronomie (ENSA), estime que les techniques appliquées dans les cultures de céréales et a vivement recommandé de changer de stratégie, notamment sur le plan technique, en assurant la disponibilité d’intrants (semences, engrais) « de bonne qualité et à temps », sur l’ensemble du pays entre les mois d’août et de septembre au même titre que les engrais ou encore des pièces détachées. Il citera à ce sujet justement l’exemple des agriculteurs qui ont semé leurs terres « au sec », soit avant la tombée des pluies, et dont les cultures « se portent bien » malgré le manque de pluviométrie, contrairement à ceux qui ont choisi de semer après les précipitations et qui risquent de voir leurs récoltes « disparaitre ».
L’utilisation de la charrue, ajoute-t-il, figure aussi parmi les aspects techniques pouvant influer négativement sur les rendements du fait qu’elle « détruit la matière organique » et « réduit », en conséquence, la fertilité des sols. Aussi, il faut favoriser la technique du semis direct (introduction directe de la graine dans le sol sans le travailler) « largement appliquée à travers le monde depuis longtemps » et qui n’est que timidement adoptée en Algérie conclut-il à ce sujet. Il préconisera par ailleurs l’adoption de nouvelles techniques afin de « surmonter » le manque de pluies tout en sachant que le climat algérien est en mesure de nourrir la population et même de réaliser des exportations pour peu que les technologies innovantes soient généralisées et utilisées par l’ensemble des agriculteurs. Mekliche a estimé que les rendements de blé tendre seraient supérieurs à ceux du blé dur « si les bonnes terres lui étaient réservées car le blé tendre est moins sensible à la sécheresse que le blé dur”. Abordant les aspects financiers de sa stratégie recommandée, l’enseignant préconise d’instaurer des incitations financières qui encouragent les agriculteurs à s’orienter vers la culture des céréales à l’instar de l’instauration des prix d’achat des récoltes « proches de ceux appliqués sur les marchés internationaux ». Une démarche qui permettrait, explique-t-il, “de doper la production de l’orge, par exemple, vu que sa culture est beaucoup plus facile que celle du blé dur ou tendre”. Il est également necessaire “de rompre avec les décisions administratives” qui retardent, selon lui, “les processus de lancement des cultures, notamment en matière d’approvisionnement en semences ou en engrais”. Melkiche recommande d’encourager les agriculteurs à prendre des initiatives tout en leur assurant un encadrement en matière de formation et de soutien, ce qui permettra d’instaurer une confiance entre eux et les ingénieurs agronomes qui devront se déplacer vers les exploitations pour mieux orienter les agriculteurs.
Kamel Nait Ameur