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Tensions en mer Rouge : Quel impact sur l’économie mondiale ?

Le deuxième plus gros exportateur de gaz naturel liquéfié, QatarEnergy, a décidé de la suspension du passage de ses méthaniers par la mer Rouge.

L’escalade des tensions en mer Rouge risque d’avoir des effets durables sur l’économie mondiale. Plusieurs grandes compagnies maritimes ont annoncé depuis le début de l’année avoir détourné leurs navires du Canal de Suez vers le Cap de Bonne espérance perturbant les chaines logistiques et des surcoûts sur le fret. La situation commence aussi à toucher l’industrie pétrolière et gazière. Le deuxième plus gros exportateur de gaz naturel liquéfié, QatarEnergy, a décidé de la suspension du passage de ses méthaniers par la mer Rouge. Une situation qui suscite de sérieuses inquiétudes sur l’effet de ces tensions sur les marchés énergétiques, sur l’évolution de l’inflation, et par conséquent sur l’économie mondiale dans son ensemble. En effet, l’agence de presse britannique Reuters a annoncé hier, en citant une source haut placée, que QatarEnergy a cessé d’envoyer des pétroliers via la mer Rouge. La même source précise qu’au moins quatre navires transporteurs de GNL qatari ont été retenus ce week-end après que les forces américaines et britanniques ont mené des dizaines de frappes aériennes et maritimes contre le Yémen. « C’est une pause pour obtenir des conseils de sécurité. Si le passage (à travers) la mer Rouge reste dangereux, nous passerons par le Cap (de Bonne-Espérance) », a déclaré la source à Reuters. « Il ne s’agit pas d’un arrêt de la production », a-t-elle ajouté. Reuter souligne que le détour peut prolonger le trajet les cargaisons de gaz de 9 jours. Il faut dire que pour l’heure, la situation en mer Rouge n’a pas d’impact durable sur les marchés énergétiques. Vendredi, les prix du baril de pétrole Brent ont bondi à plus de 80 dollars après les premières frappes américano-britanniques contre le Yémen, mais ont vite effacer leurs gains pour se situer à 77,74 dollars hier. Les cours du gaz sur le marché européen n’ont pas été affectés et restent orientés à la baisse. Le fait est que les tensions en mer Rouge n’ont pas eu d’impact direct sur les approvisionnements, alors que les niveaux de stocks européens de gaz restent élevés. Cependant, la situation en mer Rouge suscite de sérieuses inquiétudes sur l’impact sur les marchés énergétiques et sur la croissance économique, notamment en Europe.

Ainsi, le commissaire européen à l’Economie, Paolo Gentiloni, a souligné hier que « ce qui se passe en mer Rouge semble, pour l’instant, ne pas avoir de conséquences sur les prix de l’énergie et l’inflation. Mais nous pensons qu’il faut surveiller cela de très près car ces conséquences pourraient se matérialiser dans les semaines à venir ».

Il faut dire que les tensions en mer Rouge ne s’apaisent pas. Après les deux attaques menées par l’alliance américano britannique au Yémen, l’armée américaine a indiqué hier qu’un missile de croisière antinavire a été tiré dimanche depuis une zone du Yémen contrôlée par les Houthis vers un destroyer US. Il faut dire qu’après les premières attaques US vendredi, les Houthis a souligné que tous les intérêts américains et britanniques étaient devenus des « cibles légitimes » pour ses forces en réponse à leur « agression directe et déclarée » contre le Yémen.

Les Houthis ont, rappelons-le, annoncé au mois de novembre dernier, leur intention de cibler les navires israéliens et ceux à destination de l’entité sioniste transitant par le détroit stratégique de Bab El-Mandeb à l’entrée de la mer Rouge tant que l’agression israélienne contre Ghaza et le siège imposé à l’enclave ne sont pas levés. C’est dans ce contexte que Washington a mis en place une coalition pour officiellement « protéger la navigation maritime » en mer Rouge, mais qui a pour objectif d’apporter un soutien explicite à l’occupation sioniste. Une démarche qui n’a au final fait qu’alimenter les tensions et menace le trafic maritime dans la région/ Notons que 12% du trafic maritime mondial y transite et 4% à 8% des cargaisons mondiales de GNL y sont passées en 2023. En 2023, un total de 16,2 millions de tonnes métriques (MMt), soit 51% des échanges de GNL, ont transité par le canal de Suez depuis l’est du bassin atlantique, tandis que 15,7 MMt ont emprunté le canal depuis l’ouest du bassin pacifique, selon S&P Global Commodity Insights. Le Qatar, les États-Unis et la Russie sont les expéditeurs les plus actifs de GNL via le canal de Suez.

Samira Ghrib

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