Le MCA fête son centenaire : Une célébration dans le sillage du soixantenaire de l’Indépendance
Dans le sillage de la célébration du 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, le Mouloudia Club d’Alger, doyen des clubs algériens, a fêté samedi son centenaire, à deux semaines du coup d’envoi de la saison 2022-2023.
Contraint de fêter le 100e anniversaire de sa création un an plus tard en raison de la pandémie du Covid-19, le « Doyen » des clubs algériens a rassemblé le temps d’une soirée, ses anciennes figures, toutes générations confondues, au cours d’une cérémonie organisée au Centre international des Conférences (CIC) Abdelatif-Rahal d’Alger.
Ce rendez-vous a permis à d’anciens joueurs et dirigeants du club algérois de se rencontrer pour fêter le centenaire du Mouloudia, dont les festivités devaient se dérouler en 2021, mais avaient été reportées en raison de la pandémie du Covid-19. » Nous sommes ici pour fêter le 100e anniversaire de la création de ce prestigieux club, considéré comme un patrimoine national, au vu de son aura et de son impact chez tous les Algériens. Je souhaite beaucoup de succès au Mouloudia, et qu’il puisse retrouver sa véritable place au niveau national et continental. Ce club au passé glorieux doit amorcer un nouveau départ à l’occasion de son centenaire », a indiqué le ministre de la jeunesse et des sports Abderrazak Sebgag, lors d’une allocution prononcée au cours de la cérémonie. De son côté, le ministre des Moudjahidine et des Ayants-droit, Laïd Rebigua, a tenu à rendre hommage au vieux club algérois, tout en indiquant que la célébration du centenaire coïncide avec la poursuite des festivités du 60e anniversaire de l’indépendance.
Cette cérémonie était l’occasion pour le club algérois de rendre hommage au fondateur du club algérois Abderrahmane Aouf (1902-1989), considéré comme le père spirituel du « Doyen ». D’autres personnalités ont été également honorées à l’image de Mouloud Djazouli (1914-2009), l’un des dirigeants emblématiques du Mouloudia, Braham Derriche (1907-1995), ou encore Abdelkader Drif, premier président qui avait permis au MCA de remporter la Coupe d’Afrique des clubs champions en 1976. La naissance du MCA remonte à 1921. Un groupe de jeunes algériens de la Casbah entrent en contact avec leurs compatriotes de Bab El-Oued afin de lancer un club de football algérien. Le contact fut établi, en grande partie, grâce à Aouf qui assurait la coordination entre les deux quartiers. La réunion s’est tenue au café « Benachere », et donna naissance au club, le 7 août 1921. Et comme ce jour coïncidait avec la fête du « Mawli Ennaboui », le club fut appelé « Mouloudia Club d’Alger ». Les couleurs choisies furent le vert et rouge: le vert représente le signe de l`espoir du peuple algérien et la couleur symbolique de l`Islam, alors que le rouge symbolisait l`amour de la patrie et le sacrifice pour elle.
Outre la dimension sportive que représentait le Mouloudia à sa création, le Doyen a milité à sa manière pour la cause nationale et l’indépendance du pays, au lendemain du déclenchement de la Révolution le 1er novembre 1954. Le Mouloudia représentait, à cette époque-là, beaucoup plus qu’un simple club de football. Seul club musulman, il avait provoqué par la suite un vrai mouvement sportif musulman grâce à une popularité qui ne cessait de s’agrandir au point d`inquiéter le régime colonial. Sur le rectangle vert, le MCA était considéré comme un outil de lutte contre le colonisateur, notamment dans les années 1950, en affrontant des équipes sportives coloniales.
« Nos matchs contre les clubs français étaient considérés comme des batailles. Avant de fouler la pelouse, on juraient de donner le meilleur de nous-mêmes sur le terrain en criant Allah Akbar », avait témoigné feu Smail Khabatou (1920-2014), l’un des entraîneurs emblématiques du MCA, et membre du staff de la fameuse équipe de 1976, vainqueur du triplé Championnat-Coupe d’Algérie-Coupe d’Afrique des clubs champions. En 1956, le Mouloudia a décidé de geler ses activités, en répondant à l’appel du Front de libération nationale (FLN), qui avait invité les clubs musulmans à un boycott général des compétitions de football, en raison des incidents survenus lors du match disputé le 11 mars 1956 entre le MCA et l’AS Saint-Eugène, où plusieurs supporters avaient été blessés et arrêtés. Le « Doyen » était soutenu par son voisin l’USM Alger, qui avait pris la même décision. Après le recouvrement de la souveraineté nationale (1962), le MCA ainsi que l`USM Alger s’étaient qualifiés pour disputer la finale du championnat régional, perdu par le « Doyen » (3-0). En 1964, le Mouloudia a réussi à décrocher une place parmi les clubs qui joueront le 1er championnat national (1964-1965). La décennie 1970-1980, considérée comme l’âge d’or du MCA, a été riche pour le club en matière de titres et de consécrations. Il a fallu attendre un demi-siècle pour assister au premier titre majeur des Mouloudéens: la Coupe d’Algérie en 1971, sous la houlette du regretté Ali Benfeddah et face à l’USM Alger (2-0), spécialiste de l’épreuve, qui était à sa 3e finale de rang. L’apogée de la gloire du MCA a été atteinte en 1976, une année qui a vu les joueurs de l’entraîneur emblématique, feu Abdelhamid Zouba gagner toutes les compétitions. Le club décroche un triplé qu’aucune autre équipe algérienne n’a réussi à égaler jusque-là (Championnat-Coupe d’Algérie-Coupe d’Afrique), grâce notamment à des attaquants emblématiques: Betrouni, Bachi, Bousri, Bachta, et Benchikh, pour ne citer que ceux-là. Le dernier titre du club remonte à 2016, avec une Coupe d’Algérie remportée au dépens du NA Husseïn-Dey (1-0). Depuis, il a échoué à chaque fois de renouer avec les consécrations. L’année dernière, et en guise de cadeau de centenaire du club, le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune avait décidé d’attribuer la responsabilité d’exploiter et de gérer le stade de Douéra (Alger), en cours de réalisation, au Mouloudia d’Alger. Une nouvelle qui a ravi les supporters du « Doyen » des clubs algériens.
R.S.