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Serguei Lavrov en tournée sur le continent : Offensive diplomatique russe en Afrique

Moscou confirme son intérêt pour le continent africain où le ministre russe des Affaires étrangères effectue une tournée qui l’a déjà amené à visiter plusieurs capitales.

Sergueï Lavrov s’est rendu en Afrique du Sud, en Eswatini, en Angola et en Érythrée. Il doit ensuite se rendre au Maroc, en Tunisie et en Mauritanie. Le chef de la diplomatie russe était attendu hier à Bamako pour une visite d’amitié et de travail de 48 heures. C’est la première fois qu’un chef de la diplomatie russe se rend au Mali, preuve que les autorités russes veulent asseoir un partenariat durable avec ce pays du Sahel déstabilisé par des crises politiques et sécuritaires à répétitions.

Cette visite, qualifiée de « haut niveau » par les autorités maliennes, s’inscrit, selon elles, « en droite ligne du choix politique opéré par le gouvernement de la Transition d’élargir et de diversifier les partenariats stratégiques ». Outre la coopération économique, la coopération militaire entre les deux pays sera abordée. Bamako reçoit de plus en plus de matériels militaires russes, auxquels il faut ajouter des hommes, instructeurs selon le gouvernement malien.

De source diplomatique russe, Sergueï Lavrov va par ailleurs réitérer l’invitation de son pays au Mali pour participer au prochain Sommet Russie-Afrique qui devrait se tenir au mois de juillet 2023 à Saint-Pétersbourg. Depuis le retrait de la France du Mali, la Russie est devenue un partenaire clé de Bamako dans la lutte contre le terrorisme. C’est également le cas de la Centrafrique, pays duquel la France a été éjectée. La Russie s’intéresse également beaucoup au Cameroun qui est réputé appartenir à la zone d’influence française. 

On le voit bien, la Russie, depuis la guerre en Ukraine, a intensifié son offensive diplomatique en mode turbo sur les territoires africains. Et cette offensive n’est visiblement pas conjoncturelle. Dans tous ces pays, la Russie est perçue comme une alternative plus intéressante à la France et plus généralement aux Occidentaux auxquels il est reproché leur posture néo-coloniale, paternaliste et condescendante. Contrairement aux Occidentaux, de nombreux médias du continent soulignent que les Africains ont tout à gagner avec Moscou qui, pensent-ils, propose un partenariat diversifié et plus équilibré à l’Afrique.

Cette tournée sur le continent africain de Sergueï Lavrov, la deuxième en six mois, est « un signal » aux partenaires étrangers « en opposition » qu’il ne s’agit pas d’ »initiatives momentanées » de la Russie, affirme au micro de Sputnik l’africaniste Aleksandr Zdanevitch. Une intensification au grand dam de Washington qui souhaite « lutter contre les activités russes » sur le continent africain, ce que Pretoria a rigoureusement dénoncé. Il est vrai qu’en termes d’offre partenariale, la Russie ne pose pas de limites. A titre d’exemple, des exercices militaires sont prévus avec l’Afrique du Sud. Il est possible de citer également la mise en place d’une coopération dans le domaine des technologies spatiales avec l’Angola et la création d’une monnaie commune pour les BRICS. Cela a de quoi appâter effectivement.

Un monde multipolaire

L’activisme diplomatique russe en Afrique se fait au grand dam de Washington et des Européens qui souhaitent «lutter contre les activités russes» sur le continent africain. Cette lutte consiste, entre autres, à noircir l’image de la Russie. « Il y a eu des tentatives de couvrir nos visites de façon perverse et faussée. Les médias américains et européens essaient de donner de nous une image négative», a d’ailleurs fait observer le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov à l’issue de sa visite en Érythrée. « Pendant mon voyage en Afrique, j’ai regardé certaines chaînes de télévision occidentales et il n’y avait pas d’arguments de la partie russe », a noté M.Lavrov.

Le Chef de la diplomatie russe a alors assuré que les guerres hybrides déclenchées par l’Occident ne pourront pas stopper le développement de nouveaux centres de force politique et économique. « La formation d’un monde multipolaire est un processus objectif qui ne peut être stoppé malgré les efforts entrepris en ce sens par l’Occident, les États-Unis ainsi que l’Otan et l’UE contrôlés par ceux-ci » a-t-il insisté.

À côté de pays comme la Chine et l’Inde, qui dépassent déjà en de nombreux domaines les États-Unis, ainsi que la Turquie, le Brésil et d’autres, le chef de la diplomatie russe a cité l’Afrique comme futur centre de multipolarité. Dans le même ordre d’idées, Sergueï Lavrov a également accusé l’Occident et les pays d’Europe de vouloir rétablir une dépendance coloniale en Afrique. Pour ce faire, a-t-il poursuivi, ils exigent que les pays africains ne coopèrent pas avec la Russie. Mais au vu de l’engouement qui a entouré la tournée de Sergueï Lavrov, il sera difficile pour les Occidentaux de freiner l’arrivée de la Russie sur le continent.

Khider Larbi

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