Afin de consolider sa souveraineté alimentaire : L’Algérie veut reprendre la main sur ses ressources génétiques
L’Algérie entend reprendre la main sur ses ressources génétiques et mettre fin à sa dépendance aux semences importées, à travers une nouvelle banque des gènes qui complètera un dispositif assis sur la Banque nationale des semences et ses 6 antennes spécialisées qui seront installées au niveau des pôles agricoles stratégiques.
La sécurité alimentaire s’appuie sur la relocalisation et le développement des cultures stratégique, mais aussi sur la totale maîtrise des circuits de production agricole, notamment en amont et à commencer par la maîtrise des semences et des ressources génétiques. C’est dans ce contexte qu’une Banque nationale des gènes sera inaugurée le 5 juillet prochain au niveau de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA). Un organisme qui viendra compléter le dispositif destiné à garantir la maîtrise des ressources génétiques et qui compte pour l’heure
Le ministre intervenait lors des travaux d’une journée parlementaire sur « le rôle de la Banque nationale de semences, inaugurée le 1e août dernier par le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane.
Un dispositif destiné à renforcer la sécurité alimentaire a dans ce sens explique le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni. Lors de son intervention à l’occasion d’une journée parlementaire sur la sécurité alimentaire organisée par la Commission de l’Agriculture, de la pêche et de la protection de l’environnement de l’Assemblée populaire nationale, le premier responsable du secteur a expliqué que la nouvelle structure aura « une capacité de conservation de 80.000 souches génétiques », et d’ajouter que celle-ci « conservera une duplication des ressources génétiques agricoles et alimentaires ». Le ministre évoquera également la Banque nationale des semences indiqué que cet organe « constitue la première base pour la plateforme nationale des ressources génétiques agricoles et alimentaires ». Et d’ajouter que la Banque nationale de semences dispose d’une capacité de conservation de 6.000 souches de différentes filières, et contient actuellement 4.015 entrées pour les graines, les légumineuses, les légumes, les plantes industrielles, et les arbres forestiers, aromatiques et médicinales, en sus des bovins, des ovins, des chèvres, et des chevaux pour les espèces animales. La Banque nationale de semences, souligne le ministre, contribue à la préservation des semences d’espèces rares et menacées d’extinction, qui seront réintroduite pour obtenir des quantités suffisantes.
Il a annoncé dans ce contexte « a création de 5 à 6 banques spécialisées, dans les wilayas de l’intérieur du pays, avec une capacité de conservation inférieure ». Pour M. Henni, la Banque nationale de semences se veut « un outil essentiel pour la consolidation de la sécurité alimentaire et de la souveraineté nationale, à travers la préservation de la diversité biologique agricole et son utilisation durable, en sus d’assurer des semences et des espèces qui s’adaptent aux changements climatiques et résistent aux pathologie, l’objectif étant de faire face aux défis climatiques en particulier ». Par ailleurs, M. Henni a affirmé que le secteur agricole contribuait désormais à plus de 14,7% du PIB (Produit intérieur brut), et représente plus d’un quart de la main-d’œuvre active, soit l’équivalent de trois (3) millions de travailleurs. En 2022, la valeur de la production agricole a atteint 4.450 milliards de DA, soit une augmentation de 38%, précise le ministre qui a indiqué que la production nationale a réalisé un taux de couverture des besoins alimentaires de plus de 75%.
Pour sa part, le président de l’Assemblée populaire nationale, Brahim Boughali a affirmé que « la Banque de semences dénote un aspect important de la souveraineté nationale, de la sécurité alimentaire et de son rôle dans le développement durable que l’Algérie s’est engagée à concrétiser à travers divers programmes intégrés et dans tous les secteurs ».Le président de la Chambre basse du Parlement a également évoqué « la politique menée par les hautes autorités du pays pour réduire la dépendance à l’étranger », indiquant que pour l’Algérie « miser entièrement sur la production locale est un pari à gagner et un défi à relever », d’où la nécessité de « renforcer, protéger et fournir des semences de base en quantité suffisante ». M. Boughali a également déploré les nombreux types de céréales, d’arbres fruitiers, mais aussi d’autres types de denrées alimentaires disparus en Algérie du fait de l’importation, rappelant que cette « banque intervient pour préserver l’infrastructure des semences et réaliser une diversité génétique des variétés agricoles et de la végétation ». Il a, en outre, estimé que la banque de semences « aura un impact régional et international, notamment dans les pays voisins et la région de la Méditerranée », soulignant l’impératif d »‘œuvrer à établir une coopération et des partenariats entre cette banque et ses homologues en vue de préserver la biodiversité agricole ».
Lyes Saidi