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Une trentaine d’unités transférées au secteur public

Dans une démarche sans précédent, les pouvoirs publics s’engagent résolument dans la récupération et la relance des unités économiques jadis détournées par les oligarques condamnés pour corruption. Cette initiative, portée au plus haut niveau de l’État par le Président Abdelmadjid Tebboune, marque un tournant décisif dans la politique économique du pays. L’objectif est clair : restituer à la nation ses richesses, préserver l’emploi et insuffler un nouveau dynamisme à l’économie nationale.

À peine quelques jours après les décisions prises lors du Conseil des participations de l’État (CPE) du 5 août 2024, le processus de récupération est déjà en marche. Hier, plusieurs opérations de transfert ont été menées, témoignant de la volonté des autorités d’agir vite et efficacement.

Au total, ce sont 23 unités industrielles, employant pas moins de 3500 salariés et représentant une valeur estimée à 37 milliards de dinars, qui sont concernées. Réparties sur 13 wilayas, ces entreprises couvrent divers secteurs stratégiques de l’économie nationale. L’usine sidérurgique « Casteel Industrie » de Dra El Hadja, à M’sila, illustre parfaitement cette dynamique. Lors d’une cérémonie officielle, cette unité a été transférée de la direction des Domaines de l’État à la Société Nationale Algérienne de Fonderie Holding « Fondal », filiale du groupe Imetal. Noureddine Salhi, PDG de « Fondal », a annoncé que l’entreprise entamerait immédiatement les procédures de réhabilitation de l’usine, à l’arrêt depuis 2019. Avec une capacité de production annuelle estimée à 550 000 tonnes de fer rond à béton, cette usine de 23 000 mètres carrés représente un atout considérable pour l’industrie sidérurgique nationale.

Le tourisme n’est pas en reste dans ce vaste mouvement de récupération. La Société d’investissement hôtelière (SIH) a ainsi réceptionné un projet d’hôtel 4 étoiles dans la wilaya de Boumerdes. Ce complexe de 114 chambres, réparties sur 14 étages, devrait contribuer significativement à l’offre touristique de la région.

Par ailleurs, le Groupe Hôtellerie, Tourisme, Thermalisme (GHTT) se voit confier la gestion de plusieurs établissements : deux hôtels à Alger, deux autres à Tizi Ouzou, ainsi qu’un projet hôtelier à Ouargla. Le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mokhtar Didouche, a donné des instructions claires jeudi pour accélérer la relance de ces unités.

Le secteur agricole bénéficie également de cette opération de grande envergure. Trois entreprises ont été transférées à des groupes publics : une société spécialisée dans la production de viandes blanches et d’œufs au Groupe Agro-Logistique Agrolog, une entreprise de production de fromages au Groupe Giplait, et une unité de production d’huile d’olive à l’Entreprise de développement des cultures agricoles stratégiques (DCAS).

Cette vaste opération de récupération et de relance mobilise l’ensemble des pouvoirs publics. Le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun, a ainsi réuni jeudi les PDG des groupes et sociétés holdings du secteur pour leur donner des instructions précises : prendre en charge et superviser ces unités dans les plus brefs délais, en coordination étroite avec les services du Domaine de l’État. Le ministre a fixé un délai très court pour la finalisation des procédures, exigeant que tous les contrats nécessaires soient préparés d’ici à aujourd’hui dimanche.

L’enjeu de cette opération dépasse largement le cadre purement économique. En récupérant ces unités, l’État algérien vise plusieurs objectifs. Il s’agit de préserver l’emploi. Avec 3500 emplois directs concernés, la relance de ces entreprises permettra de sauvegarder un nombre important de postes de travail. Cette opération envoie un signal fort aux acteurs économiques, montrant la détermination des autorités à assainir le paysage économique du pays. Au-delà des aspects économiques, cette initiative porte un message politique puissant. Le Président Tebboune démontre sa volonté de rompre avec les pratiques du passé et de restaurer l’intégrité de l’économie nationale. Cette action s’inscrit dans une démarche plus large de moralisation de la vie publique et de lutte contre la corruption.

Samir Benisid

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