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Ouverture hier du sommet arabe d’urgence sur la Palestine : Le défi d’un front arabe commun

Alors que la situation humanitaire dans la bande de Ghaza atteint un point de rupture, le sommet extraordinaire de la Ligue arabe s’est ouvert ce mardi au Caire. Dans un contexte marqué par des agressions systématiques, des destructions massives et une crise humanitaire sans précédent, ce sommet représente un moment décisif pour la diplomatie arabe face aux menaces existentielles qui guettent la Palestine. L’Algérie, fidèle à sa ligne de conduite constante en faveur de la cause palestinienne, est représentée par le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf, mandaté personnellement par le président Abdelmadjid Tebboune pour porter la voix de la solidarité et de la justice.

Les enjeux sont considérables. Selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères, le sommet vise deux objectifs stratégiques : l’adoption d’un plan arabe de reconstruction pour Ghaza et l’élaboration d’une déclaration politique commune qui cristallisera la position arabe face aux développements récents du conflit. La reconstruction apparaît comme un défi titanesque. Les chiffres sont accablants : à Rafah, environ 4.000 logements ont été complètement détruits et 11.000 autres endommagés, témoignant de l’ampleur de la dévastation. L’expert en logement des Nations Unies, Balakrishnan Rajagopal, a récemment déclaré que la reconstruction de Ghaza prendrait 80 ans, soulignant la nécessité impérative de « nettoyer d’abord les débris, obtenir un financement et surtout faire cesser l’agression ».

La situation humanitaire atteint un point critique. L’UNICEF a lancé une mise en garde alarmante, révélant que sept nouveau-nés sont morts d’hypothermie la semaine dernière, faute de vêtements, de couvertures et de soins médicaux. Sur 35 hôpitaux, seulement 19 fonctionnent partiellement, illustrant l’effondrement du système de santé. La décision de l’entité sioniste de bloquer l’aide humanitaire menace directement la survie de millions de Palestiniens, une stratégie dénoncée par de nombreuses organisations internationales comme une violation flagrante du droit international.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a réaffirmé lors d’un entretien avec le président du Conseil européen Antonio Costa que « la paix et la sécurité ne peuvent être obtenues dans la région sans la mise en œuvre de la solution à deux États ». Il a catégoriquement rejeté tout projet de déportation des Palestiniens, plaçant la consolidation du cessez-le-feu, l’acheminement de l’aide humanitaire et la reconstruction de Ghaza au rang de priorités absolues.

Les témoignages sur le terrain sont glaçants. À Jénine, l’agression se poursuit pour le 43e jour consécutif, avec des conséquences dramatiques : 28 martyrs, des dizaines de blessés, des quartiers entiers rasés, des infrastructures détruites. L’armée d’occupation a déplacé près de 20.000 habitants, détruit intégralement 120 maisons et partiellement endommagé des dizaines d’autres. Les journalistes locaux et internationaux sont systématiquement empêchés de documenter ces destructions, privant le monde d’un témoignage direct.

Le Croissant-Rouge palestinien a souligné que l’entité sioniste « a la responsabilité juridique de répondre aux besoins des Palestiniens sous occupation ». Philippe Lazzarini, commissaire général de l’UNRWA, a été on ne peut plus clair : « L’aide humanitaire ne doit jamais être utilisée comme une arme de guerre. L’eau, les hôpitaux, les centres de santé et l’électricité sont essentiels pour la survie. »

Ce sommet du Caire intervient donc dans un contexte explosif. La communauté arabe est sommée de dépasser les divisions et de proposer une stratégie unifiée face à l’occupation. L’enjeu dépasse la simple reconstruction : il s’agit de réaffirmer la dignité d’un peuple, de sa terre et de son droit à l’existence. Les regards sont tournés vers les délégations arabes. Leur capacité à formuler une position commune, à exercer une pression internationale et à proposer un plan de reconstruction crédible sera déterminante. Le sommet du Caire n’est pas qu’une réunion diplomatique, c’est un moment de vérité pour la cause palestinienne, un test de la solidarité arabe face à l’une des crises humanitaires les plus graves de ce début de siècle.

Lyes Saïdi

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