Tentative d’immolation par le feu d’un citoyen devant le ministère de la Justice: Une enquête ouverte
Le parquet près le tribunal de Bir Mourad Raïs a ordonné l’ouverture d’une enquête judiciaire suite à la tentative d’immolation par le feu d’un citoyen devant l’une des entrées du ministère de la Justice dans la capitale. L’incident, survenu dimanche, a soulevé de nombreuses interrogations sur les circonstances qui ont conduit à cet acte désespéré et sur les responsabilités des personnes qui l’ont accompagné.
Selon le communiqué officiel du procureur de la République, « en date du 1er juin 2025, le dénommé Zagout Fouzi, résidant dans la commune de Frenda (wilaya de Tiaret), s’est présenté devant l’une des entrées du bâtiment du ministère de la Justice à 07h20, s’est aspergé d’essence et a mis le feu à la partie supérieure de son corps ». L’intervention rapide des agents de sécurité présents sur les lieux a permis d’éteindre les flammes et de prodiguer les premiers secours, avant l’arrivée des éléments de la Protection civile qui ont évacué la victime vers l’hôpital des grands brûlés de Zéralda. Son état est actuellement décrit comme stable.
L’enquête révèle que cet acte dramatique n’était pas isolé mais s’inscrivait dans un contexte judiciaire particulier. Abdelkader Zagout était poursuivi devant le tribunal de Frenda dans deux affaires reportées à la date du 1er juin 2025, tout en étant placé sous contrôle judiciaire et maintenu en liberté. « La première affaire concerne le délit d’exercice d’une activité associative sans agrément, usurpation de fonction et collecte de dons sans autorisation. La deuxième concerne le délit l’incitation à un attroupement non armé et blocage de la voie publique entravant la circulation », précise le communiqué officiel.
L’aspect le plus troublant de cette affaire réside dans les circonstances de l’acte lui-même. Le parquet souligne que « cet acte a été commis avec la complicité de deux individus, le premier ayant assuré le transport du concerné, tandis que le second a filmé la scène sans tenter de l’en empêcher et a diffusé la vidéo sur les réseaux sociaux ». Avant de commettre son geste, Zagout s’était exprimé dans la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, dénonçant ce qu’il considérait comme « des accusations montées de toutes pièces sans fondement » et affirmant qu’en tant qu' »homme dont la dignité passe avant tout, il refuse d’être humilié ». Ces déclarations, filmées alors qu’il se dirigeait vers le ministère de la Justice accompagné de deux personnes, révèlent un état psychologique troublé et une perception subjective de persécution judiciaire.
Les experts juridiques consultés estiment que les deux accompagnateurs pourraient faire l’objet de poursuites distinctes. La personne qui a fourni le transport pourrait être poursuivie comme « complice » de celle qui a filmé et diffusé les images. Cette dernière serait susceptible d’être poursuivie comme « auteur principal » pour plusieurs infractions, notamment « la diffusion et la propagation de nouvelles tendancieuses de nature à porter atteinte à l’ordre public » prévue par l’article 196 bis du code pénal, « l’aide intentionnelle à une personne par des actes qui l’aident ou lui facilitent le suicide » selon l’article 273, et « le défaut de porter assistance à une personne en danger » stipulé à l’article 182 du même code.
Chokri Hafed