Trump s’immisce dans la guerre contre l’Iran et alimente l’escalade des tensions: Le détroit d’Ormuz au cœur des enjeux
L’escalade militaire au Moyen-Orient a franchi un nouveau cap ce week-end avec les frappes américaines contre trois sites nucléaires iraniens, marquant une dangereuse dérive dans la stratégie de confrontation de l’administration Trump. Cette agression, coordonnée avec l’entité sioniste, pourrait déclencher une crise énergétique mondiale sans précédent si l’Iran active son arme économique ultime : la fermeture du détroit d’Ormuz.
Dans la nuit de samedi à dimanche, les États-Unis ont délibérément ciblé les installations nucléaires civiles de Fordow, Natanz et Ispahan, violant ainsi de multiples traités internationaux. Cette action, qualifiée de « barbare » par l’Agence iranienne de l’énergie atomique, constitue une violation flagrante du Traité de non-prolifération nucléaire et de la Charte des Nations Unies. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, n’a pas mâché ses mots en dénonçant cette « escalade dangereuse » qui représente « une menace directe à la paix et à la sécurité dans le monde ». Cette condamnation internationale souligne l’isolement croissant des États-Unis dans leur approche militariste au Moyen-Orient. L’attaque contre des installations sous surveillance de l’AIEA révèle le mépris de Washington pour les institutions internationales et les accords de sécurité nucléaire. En revendiquant officiellement ces bombardements, Trump démontre une fois de plus sa préférence pour la force brute plutôt que pour la diplomatie.
Face à cette agression, la réponse iranienne se dessine avec une redoutable efficacité stratégique. Le Parlement iranien a approuvé dimanche la fermeture du détroit d’Ormuz, cette artère vitale par laquelle transitent 20% du pétrole mondial. Cette décision, en attente de validation par le Conseil suprême de sécurité nationale, place l’économie mondiale au bord du précipice.
Le détroit d’Ormuz n’est pas qu’un simple passage maritime : c’est l’unique débouché pour le pétole et le gaz exportés par l’Irak, le Koweït, le Bahreïn et le Qatar. En 2024, 16,5 millions de barils de pétrole y ont transité quotidiennement, alimentant les économies asiatiques, européennes et mondiales. Sa fermeture provoquerait un choc pétrolier d’une ampleur inédite, dépassant largement les crises des années 1970. Les banques d’Affaires et les experts craignent une flambée qui porterait les cours à 150 voire 200 dollars le baril.
L’hypocrisie américaine face au droit international
La réaction du secrétaire d’État Marco Rubio révèle toute l’hypocrisie de la position américaine. Qualifiant une éventuelle fermeture du détroit de « terrible erreur » et de « suicide économique », il menace implicitement l’Iran de représailles. Pourtant, c’est bien l’agression américaine qui a provoqué cette situation explosive. Cette logique du « deux poids, deux mesures » est caractéristique de la diplomatie trumpiste : bombarder des installations civiles serait légitime, mais se défendre économiquement constituerait une « escalade majeure ». Cette rhétorique orwellienne ne trompe personne sur la nature véritable de cette crise. L’Iran, de son côté, s’appuie sur le droit international pour justifier sa riposte. Le ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi a rappelé que son pays « se réserve toutes les options pour défendre sa souveraineté » conformément à la Charte des Nations Unies qui garantit le droit à la légitime défense.
Cette escalade s’inscrit dans une stratégie régionale américano-israélienne qui multiplie les foyers de tension sans perspective de résolution. En coordonnant leurs actions avec son allié sioniste, les États-Unis s’enlisent davantage dans une logique de confrontation qui ne peut que déboucher sur une conflagration régionale. L’Union européenne, par la voix de Kaja Kallas, appelle pourtant à « une désescalade et à un retour aux négociations ».
Le directeur de l’AIEA, Rafael Grossi, a convoqué une réunion d’urgence, témoignant de l’inquiétude des instances internationales face à cette déstabilisation du régime de non-prolifération nucléaire. Cette convocation exceptionnelle souligne la gravité de la situation créée par l’irresponsabilité américaine.
Si l’Iran active effectivement le « levier d’Ormuz », les conséquences dépasseront largement le cadre économique. Les marchés énergétiques, déjà fragilisés par les tensions géopolitiques, subiraient un choc dont les répercussions se feraient sentir pendant des années, mais c’est surtout l’escalade militaire qui menace de transformer le Moyen-Orient en brasier.
Car une fermeture du détroit ne resterait pas sans réponse militaire américaine. Washington, dont Marco Rubio a déjà évoqué une « réponse » impliquant d’autres nations, mobiliserait probablement une coalition pour rouvrir de force ce passage stratégique. Cette intervention militaire directe dans les eaux territoriales iraniennes franchirait un nouveau seuil dans l’escalade, ouvrant la voie à un conflit régional généralisé. L’Iran ne resterait pas isolé face à une telle agression. Ses alliés régionaux pourraient s’engager simultanément, transformant le Moyen-Orient en un théâtre d’opérations multiples. Le Yémen et le Pakistan sont disposés à intervenir. La Russie et la Chine, déjà critiques envers l’unilatéralisme américain, pourraient apporter leur soutien diplomatique, voire logistique, à Téhéran.
Cette perspective d’embrasement régional place Trump face à ses responsabilités : ses actions militaires aventuristes risquent non seulement de plonger le monde dans une crise énergétique majeure, mais également de déclencher un conflit dont l’ampleur pourrait dépasser les guerres d’Irak et d’Afghanistan réunies. L’Iran, en brandissant cette menace, démontre que l’Amérique ne peut plus imposer sa volonté par la force sans risquer de voir le conflit lui échapper totalement.
Cette crise révèle l’échec patent de la stratégie de confrontation américaine au Moyen-Orient. En privilégiant la force à la diplomatie, Washington a créé les conditions non seulement d’une escalade économique mondiale, mais surtout d’un embrasement régional dont les conséquences militaires et humanitaires pourraient dépasser tous les conflits récents. Lyes Saïdi