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Crise politique en Tunisie : Mechichi se dit prêt à se retirer

Le Premier ministre tunisien, Hichem Mechichi, s’est dit prêt, lundi, à se retirer, alors qu’un nouveau chef du gouvernement devrait être désigné par le président Kaïs Saïed. La veille, ce dernier a limogé l’actuel  chef du gouvernement et suspendu les activités du Parlement.

« J’assurerai la passation de pouvoir à la personnalité qui sera désignée par le président de la République », a déclaré Hichem Mechichi, dans sa première déclaration depuis les mesures de dimanche soir. Dimanche soir, après une journée de manifestations dans de nombreuses villes de Tunisie, notamment contre la gestion de l’épidémie de coronavirus par le gouvernement Mechichi, Kaïs Saïed a limogé ce dernier et annoncé « le gel » des activités du Parlement pour 30 jours, selon les dispositions de l’article 80 de la constitution tunisienne.

Le présidents’est en outre octroyé le pouvoir exécutif, en annonçant son intention de désigner un nouveau Premier ministre. Il a en outre limogé le ministre de la Défense, Ibrahim Bartagi, et la porte-parole du gouvernement, Hasna Ben Slimane, également ministre de la Fonction publique et ministre de la Justice par intérim. Ennahda, principal parti au Parlement, a fustigé « un coup d’État contre la révolution et la Constitution », et lundi, son chef de file Rached Ghannouchi a campé douze heures durant devant le Parlement bouclé par l’armée, pour en réclamer l’accès. En revanche, l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), influente centrale syndicale, a estimé que les décisions de Kaïs Saïed étaient « conformes » à la Constitution, tout en appelant à la poursuite du processus démocratique, plus de dix ans après le soulèvement populaire qui a mené à la chute du dictateur Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011. Signe d’un début de concertations, le président Saïed a rencontré, lundi soir, les représentants de l’UGTT, de la Ligue des droits de l’Homme et du patronat, des acteurs qui avaient tiré la Tunisie d’une précédente crise en 2013.  « La situation a atteint un stade inacceptable dans toutes les institutions de l’État », a déclaré Kaïs Saïed à l’issue de cette réunion pour justifier ses décisions, évoquant « la corruption ». « Je rassure les Tunisiens que l’État est là, et il n’est pas question de porter atteinte aux droits et libertés », a-t-il assuré, réitérant que ces mesures d’exception respectent selon lui la Constitution.

Hier, Ennahdaa a préconisé des élections anticipées et a aussi appelé à un dialogue national pour faire sortir le pays de ses crises: politique, sociale, économique et sanitaire.

Ennahdha s’est dit « prêt à la tenue d’élections législatives et présidentielle anticipées simultanées, afin de garantir la protection du processus démocratique « .

En fin de journée, la présidence a annoncé que le couvre-feu nocturne officiellement instauré pour lutter contre le Covid-19 avait été étendu de deux heures, désormais de 19h00 à 06h00. Elle a aussi interdit des rassemblements de plus de trois personnes. Ce coup de théâtre fait suite à six mois de bras de fer entre Rached Ghannouchi et Kaïs Saïed, qui paraissait sans issue en l’absence de dialogue politique. 

Ces bouleversements marqués par de nombreux rassemblements de foule interviennent alors que la Tunisie, déjà frappée par ailleurs par le chômage et l’inflation, fait face à un pic épidémique, avec l’un des pires taux de mortalité officiels au monde. Le pays de 12 millions d’habitants a enregistré officiellement plus de 560 000 cas de Covid, dont plus de 18 000 décès.

R.I. avec AFP

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