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Algériens déportés par la France coloniale : Un passé commun, une quête d’avenir

Le 5 juillet dernier, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a inauguré une plaque commémorative en hommage des Algériens déportés par la France coloniale. Plus qu’un geste symbolique, celui-ci a mis en lumière le travail de mémoire à entreprendre en ce qui concerne la question des déportés. Au-delà, il s’agit de renouer et de jeter des passerelles en direction des descendants des résistants algériens déportés. En sus d’être lié par le fait d’avoir souffert des affres du colonialisme, les descendants des déportés et les Algériens des nouvelles générations peuvent prétendre à un avenir commun.

Les descendants des Algériens déportés dans les confins les plus éloignés de la planète par le colonialisme continuent de vivre leur algérianité même au-delà des océans et surtout des siècles. En majorité déportés vers les bagnes de la Nouvelle Calédonie et de Cayenne, ces derniers ont tenu et surtout veillé à transmettre leurs racines à leur progéniture. Une nouvelle génération qui continue de maintenir le flambeau et qui veille à transmettre le relais à leurs enfants.

Du côté algérien, la flamme est toujours là. Preuve en est, le dernier hommage qui leur a été rendu par le premier magistrat du pays, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune à l’occasion de la célébration de la fête nationale de l’Indépendance et de la jeunesse. Le clin d’œil est l’un des rares si ce n’est l’un des premiers geste symbolique de l’Etat algérien envers cette petite communauté par son nombre mais grande par son histoire.

Une histoire marquée, selon l’écrivain Mustapha Hadj Ali , auteur de nombreux ouvrages consacrés à ce thème dont «Bagnards algériens de Cayenne», paru en 2018, «Les Algériens en Nouvelle-Calédonie – l’insurrection de 1871», paru en 2019, par des sacrifices consentis pour défendre la patrie contre une colonisation des plus inhumaine ». Notre interlocuteur insiste surtout sur le devoir d’intérêt non seulement pour les ancêtres déportés mais surtout aux nouvelles générations qui restent encore attachées au pays.

Aujourd’hui, cette petite communauté tient viscéralement à ses origines, malgré la perte de la langue maternelleet les traditions. Des traditions qui, selon des recherches sur le Web parmi les associations représentant les algériens de Nouvelle Calédonie,sont en train de renaître grâce à l’intérêt de plus en plus grand des nouvelles génération. Nous pouvons citer comme exemple le couscous. Des correspondance se sont également multipliés entre les jeunes générations d’Algériens de nouvelles Calédonie et les jeunes algériens des patelins d’origine.

De plus en plus de personnes ont repris le contact avec des membres de leurs famillesdont les ancêtres ont fait partie des contingents de déportés. Sur les réseaux sociaux, ces liens se multiplient et annoncent un avenir plus heureux pour les deux parties. « J’ai réussi à entrer en communication avec un descendant d’un membre de ma famille qui a été déporté à Cayenne. Nous prévoyons des visites réciproques dans l’avenir mais l’éloignement nécessite des moyens colossaux pour y aller » affirme notre interlocuteur , un jeune algérien de la wilaya de Sétif dont les parents gardent encore les traces de leur ancêtre déporté après la révolte de 1871.

Le besoin de se redécouvrir

Beaucoup de jeunes Algériens des deux côtés entretiennent encore la passion pour la redécouverte de leurs origines est grande mais les moyens manquent terriblement. Dans beaucoup de villages de Kabylie, des jeunes s’intéressent de plus en plus à ce sujet et veulent sérieusement établir des canaux de communication. »Je prévois de lancer une association dans ce domaine. Je veux aussi mettre sur pied une plate-forme numérique pour établir des liens entre les personnes des deux bords » affirme Madjid, jeune informaticien qui assure que sa démarche pourrait être un élément déclencheur d’action communes entre les jeunes générations de déportés et les Algériens du pays.

Pour le moment, ces canaux de communication entre les deux parties sont rares. Une association spécialisée que nous n’avons pas pu joindre à cause de la pandémie du Covid 19 travaille dans ce sens depuis des années. Mais, c’est plutôt du côté des initiatives individuelles que le plus intéressant se passe.

De nouvelles passerelles pour un avenir commun

Les travaux de l’écrivain Mustapha Hadj Ali sur cette petite communauté à la longue histoirerévèlent si besoin qu’un avenir commun lie ces composantes jeunes avec leur pays d’origine. Le mémorialfort symbolique érigé à la mémoire de leurs grands parents qui sont aussi les grands parents des générations restées aux pays, est un premier pas mais qui laisse entrevoir l’espoir d’autres actions en faveur des algériens de Nouvelle Calédonie et de tous les descendants d’Algériens déportés un peu partout dans les îles du Pacifique et au Moyen-Orient.Pour Mustapha Hadj Ali, d’autres gestes doivent être faits pour faire sentir aux jeunes Calédoniens d’origine algérienne qu’ils sont aussi considérés comme des Algériens dans le pays de leurs ancêtres. « Ces jeunes rêvent de venir ici au pays pour redécouvrir leurs villages, les membres de leurs familles et surtout redécouvrir les traditions qu’ils n’ont pas pu garder » affirme-t-il tout en exprimant l’espoir de voir l’Etat lancer des actions concrètes en directions de cette communauté.

L’écrivain qui continue de travailler sur son thème passion appelle également de ses vœux à la multiplication des travaux sur cette histoire. Mais de notre discussion, il s’avérait que l’histoire n’est pas l’unique domaine qui convient pour aborder ce thème. D’autres domaines peuvent aussi être mobilisés.

L’avenir ne peut ignorer l’existence de ces liens. Il ne fera que les renforcer. Le monde d’aujourd’hui ignore les frontières et surtout méprise les distances. La Nouvelle Calédonie qui signifie le « pays d’où on ne peut plus revenir » n’est plus qu’à quelques heures aujourd’hui. L’Algérie de l’indigénat de la période colonialeest un jeune pays indépendant grâce en partie au sacrifice des ancêtres des jeunes Algériens de la Nouvelle Calédonie. « L’économie peut représenter un excellent trait d’union entre ces jeunes et leur pays d’origine », affirme Youcef, jeune émigré passionné du sujet.En effet, l’idée peut être défendue et développée. Les liens familiaux peuvent bien s’étendre à des liens économiques.

Kamel Naït Ameur

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