Économie

Port commercial d’Annaba : Le clinker alimente le rebond de l’activité

Malgré un rebond de l’activité cette année, après un recul marqué et induit la crise sanitaire en 2020, l’Entreprise portuaire d’Annaba doit relever certains défis afinde diversifier son activité et garantir une croissance pérenne.

L’Entreprise portuaire d’Annaba vient de dévoiler ses résultats pour les neufs premiers mois de l’année 2021. Des résultats caractérisés par un rebond de l’activité et du trafic de marchandises. Le bilan publié par l’EPA fait ainsi état d’un trafic global de marchandises de plus de 4,3 millions de tonnes au 30 septembre dernier. À l’export, le tonnage des marchandises traitées, durant les neufs premiers mois de 2021, a atteint plus de 2,7 millions de tonnes, contre 1,11 millions de tonnes pendant la même période de l’année précédente. L’EPA a expliqué que cette haussea été générée par le trafic clinker dont le flux a atteint au 30 septembre 1.07 million de tonnes, soit une augmentation des 499,40% par rapport à la même période de 2020. Uneaugmentation retenue à l’actif de plusieurs mesures de facilitations à caractère opérationnel, a ajouté la même source. Il s’agit principalement de la passation de conventions commerciales adaptées et mutuellement avantageuses avec les exportateurs de clinker.Avec la dynamique de la croissance de la production du clinker, dont le rythme va en crescendo, les responsables du port d’Annaba espèrent atteindre la barre de 1,5 million de tonnes de clinker exporté à la fin de 2021. Ce qui n’est pas impossible, surtout que cela s’inscrit dans le cadre des efforts de pénétration de nouveaux marchés en Afrique et en Amérique latine, dont le Sénégal, la Côte-d’Ivoire, le Guinée, le Pérou et le Brésil.

S’agissant du volume des importations, le Port d’Annaba a enregistré une régression de 1,14%, a fait savoir la même source. En termes de tonnage, il est fait état de près de 1,6 million de tonnesdurant la période cible. Le volume de céréales importées et ayant transité parcette structure portuaire a atteint les 625.203 tonnes, assurant ainsi une hausse de près de 25,87 % (+de 128 499 t) par rapport à la même période en 2020. En ce qui concerne le trafic maritime, celui-ci enregistre une progression. Par ailleurs et dans le cadre des orientations des Pouvoirs Publics visant à fluidifier le trafic des marchandises conteneurisées au niveau des ports, une rencontreavec les opérateurs économiques activant au Port d’Annaba a été organisée par l’EPA le 7 octobre courant. Une rencontre qui a enregistré la participation de tous les services de contrôle, dont entre autres, les Douanes algériennes, la Police des frontières, les services phytosanitaires et la DCP. Évoquant la plateforme sécuritaire du port, la direction a annoncé l’installation prochaine de 50 caméras de télésurveillance (STMS). Ce qui va encore renforcer la sécurisation de la structure et surtout des conteurs.

Au volet emploi, l’Entreprise portuaire d’Annaba enregistre un sureffectif de 200 employés sur les 1 100 en activité. Évoquant la mise en service de la nouvelle gare maritime, la direction du port d’Annaba a annoncé que la gare maritime sera réceptionnée à la fin de 2021 et sera opérationnelle, dès janvier 2022,notamment les deux premiers étages,qui accueilleront les voyageurs.Dans un autre contexte, la direction a créé, au profit des exportateurs une cellule pour faciliter le trafic des opérations relatives au traitement de leurs opérations, nous dit-on. Une mesure qui intervient, si l’on peut le dire à point nommé.

Une structure boudée ?

Même si le volume des activités augmente alimenté par les exportations de clinker et les dispositifs de facilitations dédiées aux opérateurs économiques, le malaise reste perceptible. Une situation qui met à nu les effets pervers de la gestion bureaucratique de la structure et la lenteur de toutes procédures administratives. En effet, ce port commercial a perdu plus de 50% des acteurs économiques potentiels, qui ont mis le cap sur les ports de Skikda, Jijel et Béjaïa. Selon une source douanière, cela fait plus d’une année que l’activité portuaire à Annaba tourne au ralenti ‘’ le traitement du fret n’est plus comme avant. Il faut compter entre 15 et 20 jours et même au-delà, pour qu’un conteneur soit traité’’.Alors que l’opération ne devrait pas dépasser une semaine, a révélé notre interlocuteur. Bien que la situation ait fait l’objet de plusieurs dénonciations, mais peine perdue. Lésés par ces retards dans le traitement de leurs conteneurs, les opérateurs ont saisi les responsables concernés, afin qu’ils puissent trouver une solution. Surtout qu’une telle situation génère d’importants surcoûts qui impactent le Trésor public en matière de surestaries. Selon certains opérateurs économiques, cette lenteur dans le traitement des conteneurs impacte également les navires, qui sont tenus par un programme de transport d’autres cargaisons vers d’autres destinations. La plupart, enregistrent des retards de plus de trois jours ! Qu’il s’agisse d’opérateurs économiques, de transitaires ou de douaniers, la situation est devenue de plus en plus insupportable. ‘’À ce rythme là et avec cette politique de gestion, le port commercial d’Annaba, va perdre tous les acteurs économiques, aussi bien importateurs qu’exportateurs’’, se sont accordés à dire, les différents interlocuteurs interrogés sur la question. Hassini CH, un opérateur économique, s’est dit las de traiter avec une structure qui fait tout pour freiner l’activité du port’’. Selonl’importateur,la pérennité de l’activité portuaire consiste en la facilitationet la rapidité du traitement des dossiers et du fret. Sans cela, le port commercial d’Annabas’achemine vers un boycottà la faveur des autres ports du pays.

Sofia Chahine

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