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Ouargla : Une date phare ancrée dans la mémoire de la population

L’anniversaire du 1er Novembre 1954, une date phare dans l’Histoire de l’Algérie, demeure gravé dans la mémoire collective de la population Ouarglie et du Sud en général, car commémorant le déclenchement d’une révolution ayant abouti au recouvrement de l’indépendance et de la souveraineté nationale, selon des témoignages de moudjahidine.

L’évènement, dont l’Algérie commémore le 67ème anniversaire, constitue un jalon historique pour raviver le souvenir des énormes sacrifices consentis par le peuple Algérien et les grandes épopées qu’il a menées, pour arracher l’indépendance et préserver l’intégrité territoriale du pays en mettant en échec les desseins coloniaux visant à séparer le Sahara du reste du pays, et ainsi en se débarrassant du joug colonial et ses crimes odieux.

Le Moudjahid Ahmed Naïmi, nonagénaire habitant le quartier de Mekhadma (Ouargla), se remémore encore les actions militantes et révolutionnaires lancées en 1956 dans la région à la faveur de la désignation du Sahara comme 6ème wilaya Historique, en vertu des décisions du congrès historique de la Soummam organisant la Révolution.

Une zone du Sud qui allait dès lors constituer des étendues importantes pour l’acheminement d’armes de pays limitrophes, a souligné ce Moudjahid.

Ayant rejoint tôt, à moins de 18 ans, en compagnie d’un groupe de Moudjahidine les rangs l’Armée de libération nationale (ALN), Ahmed Naïmi s’est vu confier diverses missions, dont la collecte de fonds des militants et de la population locale pour le financement d’armes et munitions acquis de pays voisins, la Libye notamment.

Ces armes, se souvient-il, étaient acheminées clandestinement à dos de chameaux jusqu’à la région d’Ouargla, avant d’être orientées, sur instructions du commandement de l’ALN, aux zones de Biskra, Boussaâda (M’sila), Métlili (Ghardaïa) et dans les Aurès.

Très imbu de valeurs de militantisme et de rejet de l’occupation française, qu’il tient de son père, il raconte avoir « combattu farouchement le colonialisme en régions sahariennes, au prix de plusieurs incarcérations avant même le déclenchement de la Guerre de libération », a relaté Si Naïmi.

Un engagement aiguisé aussi, confie-t-il, par les nombreux chants patriotiques et engagés diffusés sur la Radio, en sus de prêches et cours animés dans les écoles coraniques ayant largement enraciné l’amour de la patrie et la défense de l’identité nationale chez la population.

De son coté, le Moudjahid et responsable de la Kasma des Moudjahidine d’Ouargla, Mabrouk Sid-Rouhou raconte que « la date du déclenchement de la Guerre de libération, le 1er Novembre 1954, fut une nouvelle ère pour l’Algérie contre le colonialisme obscurantiste ayant œuvré à tout prix à effacer l’identité nationale et à spolier les richesses du pays, notamment après la découverte de richesses souterraines au Sud ».

Et de poursuivre: « j’ai vu tant de Chouhada tomber au champ d’honneur durant la Guerre de libération pour arracher notre indépendance, et je remercie Dieu d’avoir vécu l’indépendance de l’Algérie après une colonisation de plus de 132 ans, jalonnée de crimes abominables.    

Le Moudjahid Sid-Rouhou se rappelle que « des chefs de l’ALN, dont le Chahid colonel Si El-Haouès, ont été dépêchés dès 1955 dans la région d’Ouargla, pour peaufiner l’organisation politico-militaire dans cette région aux reliefs et conditions difficiles et mettre en place les cellules révolutionnaires civiles ».

Il raconte, en outre, son arrestation à l’âge de 17 ans par les forces coloniales qui l’ont soumis à différentes formes de torture et d’interrogatoire, après avoir nié tout rôle que lui aurait confié l’ALN.

Sid-Rouhou ajoute que le peuple Algérien, conduit par son représentant unique et légitime le Front de libération nationale et son aile armée l’ALN, a fait face à une grande puissance coloniale, appuyée par les forces de l’alliance Nord atlantique qui se sont heurtés à la détermination inébranlable d’un peuple. « Le 5 juillet 1962 a été le jour de couronnement d’un parcours jalonné d’épopées et de sacrifices pour défendre la Nation ».

Pour Mabrouk Sid-Rouhou, « l’Algérie a dû payer un lourd tribut, soit plus de 1,5 million de martyrs, pour arracher son indépendance », ajoutant que « la grandeur et l’écho de la révolution algérienne a atteint les continents et a même servi d’exemple à des peuples colonisés aspirant à la liberté ».

Il a exprimé, par ailleurs, sa fierté d’avoir pris part, à titre d’illustration de l’unité du peuple Algérien, aux manifestations du 27 février 1962 d’Ouargla, déclenchées pour déjouer les desseins du colonialisme français visant la séparation du Sahara du reste du pays.

Ouargla, base-arrière et point d’approvisionnement de la Révolution en armes

 Le chargé du patrimoine historique et culturel à la Direction des Moudjahidine d’Ouargla Slimane Boumaâkel raconte, pour sa part, que « bien que sous-équipés en moyens logistiques et en armements, les populations du Sahara algérien ont montré une grande détermination à faire face aux forces d’occupation, en menant des résistances farouches depuis 1854, à l’instar de celles de Mohamed Cherif Benabdallah et de Bouchoucha, pour freiner l’expansion coloniale dans la région.

Ajoutée à une conscience d’une lutte disproportionnée avec un ennemi hyper-armé, la volonté et la ténacité du peuple Algérien épris de liberté ont fait d’Ouargla une base-arrière de repli pour les Moudjahidine et un point névralgique d’approvisionnement de la Révolution en armements depuis les frontières limitrophes libyennes.

« Ouargla comptait quatorze (14) cellules révolutionnaires, chargées, chacune selon sa mission et dans la totale discrétion, de l’acheminement d’armes, le recrutement et le financement, sous la houlette du front de libération nationale », a-t-il expliqué.

Le Pr. Lakhdar Aouarib (Universitaire d’Ouargla) évoque lui, comment « la région d’Ouargla a été soumise, en raison de sa position géostratégique, à une surveillance coloniale très serrée des mouvements de la population locale et que tout mouvement devait être conditionné d’un laissez-passer ou d’une autorisation, préalablement établis par l’administration coloniale.

Rappelant l’absence totale à l’époque de structures et d’installations sociales dans la région, hormis une annexe communale et une école au service des colons, M.Aouarib explique que « le conseil révolutionnaire à Ouargla a opté pour +la résistance pacifique+ (sans recours aux armes), par souci de protéger l’action révolutionnaire dans la région, seule issue après la fermeture des frontières par les forces coloniales et la mise en place dans la zone de lignes électrifiées.

La date du déclenchement de la Guerre de libération, en novembre, mois des révolutionnaires, demeure une date éternelle pour le peuple Algérien qui avait, alors, montré une forte détermination à combattre et vaincre une des plus grandes puissances coloniales.R.R/APS

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