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Approvisionnement en gaz du Maroc via les terminaux espagnols : Les limites de la propagande du Makhzen

L’expert pétrolier en stratégies pétrolières, Pr Mourad Preure, a démonté hier, arguments techniques objectifs à l’appui, la propagande makhzenienne quant à un prétendu approvisionnement du Maroc en gaz à travers les terminaux GNL espagnoles. L’expert qui compte plus d’une quarantaine d’années d’expérience dans le secteur a ainsi indiqué dans un entretien qu’il a accordé à l’APS que l’accord sur l’utilisation des terminaux GNL espagnols par le Maroc pour s’approvisionner en gaz naturel via le gazoduc Maghreb-Europe (GME) est confronté à de nombreuses entraves d’ordre technique et financier. Cet accord, annoncé, jeudi dernier, par le ministre espagnol de la Transition écologique permet au Maroc d’acheter sur les marchés internationaux, du gaz naturel liquéfié (GNL) le faire livrer dans une usine de gazéification de l’Espagne péninsulaire et utiliser le GME pour l’acheminer vers son territoire. Une solution qui sera confrontée à de nombreux problèmes, dont essentiellement « la contrainte de temps », explique Pr Preure.

En effet, pour l’expert pétrolier algérien, inverser le flux gazier demande du temps et de l’investissement » . Chose dont ne semble pas disposer le Maroc pour satisfaire ses besoins immédiats en gaz naturel », après la décision algérienne en octobre dernier de ne plus exporter son gaz via le GME, en raison de la politique marocaine « irréaliste et inutilement hostile » vis-à-vis de l’Algérie, explique M. Preure qui précise que  la partie du gazoduc traversant le détroit de Gibraltar ainsi que les stations de compression appartiennent au groupe espagnol Natrugy, alors que le tronçon transitant par le Maroc, appartient à ce dernier et géré par Metragaz, une société mixte entre Natrugy et ses partenaires portugais et marocain. S’y ajoute, fait-il remarquer,  la demande gazière importante de l’Espagne qui « ne peut pas sacrifier ses clients industriels, électriciens et particuliers » pour répondre à la demande marocaine. M. Preure évoque aussi une autre contrainte d’ordre financier qui risque d’entraver la démarche marocaine. L’expert pétrolier s’interroge en effet sur le coût de cette énergie importée d’Espagne, au vu des prix élevés du gaz sur le marché spot et auquel il faut ajouter le coût de sa regazéification dans les usines espagnoles et de son acheminement via le GME. Un constat qui fait que le Maroc pourra assurer la satisfaction de ses besoins gaziers, mais ça sera au prix fort. M.Preure, rappellera à cet effet d’ailleurs que le royaume chérifien bénéficiait auparavant de près d’un milliard de m3 de gaz algérien, dont une partie gratuite, au titre des droits de passage, et une autre au prix contractuel, préférentiel. Enfin, interrogé sur une éventuelle revente par Madrid du gaz algérien à Rabat, en profitant de ce nouvel accord, Mourad Preure relève e les contrats gaziers entre l’Algérie et l’Espagne contiennent une clause instituant que cette option n’est pas autorisée à des clients hors du territoire espagnol. « L’Espagne considère l’Algérie comme un partenaire stratégique, pas seulement sur le plan gazier, et ne peut se hasarder à enfreindre la lettre des contrats, et surtout l’éthique des affaires avec notre pays ». 

Akli Amor

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