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Elles devront faire l’objet d’une loi de finances complémentaire : Tebboune gèle toutes les taxes

Aux grands maux, les grands moyens. Face à la hausse des prix des produits de base, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a opté pour une solution radicale. Il a décidé hier du gèle pur, simple et immédiat, de toutes les taxes notamment celles imposées par la loi de finances 2022 sur « certains produits alimentaires ». 

Le chef de l’État, qui présidait hier une réunion du Conseil des ministres consacrée en grande partie à « l’approvisionnement du marché national » et à la «la prise en charge des préoccupations des citoyens »,  a annoncé des mesures « coup de poing » afin de répondre à l’insatisfaction grandissante liée à la hausse continue des prix des produits alimentaires, notamment les produits de base. Le gel des taxes et droits de douanes annoncé devrait essentiellement concerner les sucre et l’huile de table dont les droits ont connu une hausse imposée par les dispositions de la loi de finances 2022. Autre mesure de la LF 2022 qui a suscité la grogne des citoyens, tout comme celle des opérateurs économiques, les taxes et droits imposés aux téléphones portables et matériels informatiques importés par colis postaux auprès des plateformes d’e-commerce. Une question sur laquelle le président de la République a également tranché. Il a ainsi ordonné  « la suppression de tous les impôts et taxes sur le e-commerce, les téléphones portables, les matériels informatiques à usage personnel et les startups en se contentant des tarifications réglementées », annonce le communiqué des services de la présidence de la République. Autre annonce, celle de la prise en charge par l’État de la différence des prix des produits destinés aux citoyens par l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), et ce, compte tenu de l’augmentation des prix à l’international. Une annonce qui fait suite à la hausse des subventions au blé qui a d’ailleurs induit une baisse des prix des pâtes alimentaires. 

Il est cependant nécessaire de noter que l’ensemble de ces mesures, qui doivent prendre effet dans l’immédiat, ouvre la voie à l’adoption d’une loi de finances complémentaire laquelle devra prendre en charge non seulement l’impact financier de l’ensemble de ces mesures sur le budget de l’État, mais aussi formaliser la hausse annoncée du point indiciaire de la grille des salaires de la Fonction publique, ainsi que la révision annoncée du régime fiscal de la profession d’avocats. Si l’on anticipe l’impact de toutes ces mesures sur les équilibres budgétaires, il semble que le redressement, pour le moment, des prix du brut sur les marchés internationaux offre une certaine marge de manœuvres. 

En attendant, le Gouvernement devra plancher sur les voies et moyens de stabiliser le marché national des produits alimentaires, notamment dans le contexte actuel de hausse de l’inflation mondiale. C’est dans ce contexte que le Président “ a ordonné au Gouvernement de prendre toutes les mesures et procédures visant à faire éviter aux citoyens l’impact de la flambée vertigineuse des prix dans les marchés internationaux durant l’année en cours jusqu’à leur stabilisation » indique le communiqué de la présidence de la République. Ses instructions comptent également sur le renforcement du contrôle sur les subventions dans le secteur de l’agriculture et de l’élevage de bétail pour une stabilité des prix au service des citoyens.

Abdelmadjid Tebboune a aussi ordonné l’organisation d’une réunion de coordination entre les services du ministre du Commerce et les représentants des corps sécuritaires en vue d’élaborer une stratégie efficace visant à mettre fin à la contrebande des produits alimentaires de large consommation à travers les frontières du pays, un phénomène à l’origine de pertes importantes pour le marché et l’économie nationale.

Des mesures pour faire face au stress hydrique

Autre préoccupation majeure que l’État devra prendre en charge, celle de l’alimentation des ménages en eau potable. Dans ce sens le président de la République a ordonné de procéder à un examen, une évaluation et une définition du véritable volume de consommation quotidienne de l’eau potable. L’étude devra « se faire durant un mois au niveau des wilayas d’Alger, Oran et Constantine dans le but de revoir le plafond de production et de distribution, car le véritable chiffre indiciaire actuel est exagéré et atteint dans la capitale un million et 250 mille mètres cubes pour quatre millions de citoyens », précise-t-on. Il a également instruit le Gouvernement à l’effet de « mettre en place un nouveau plan de distribution de l’eau garantissant un approvisionnement régulier, à partir du mois sacré du Ramadhan et en prévision de la saison estivale ». Il a enfin  ordonné d’oeuvrer au plus vite pour mobiliser toutes les capacités foncières et les conditions appropriées afin d’achever les projets des cinq stations de dessalement d’eau de mer, dont la réalisation avait été programmée lors des précédentes réunions du Conseil des ministres.

Dans le domaine de l’industrie et dans le cadre de l’exposé lié au développement de l’industrie électrique en Algérie, le Président Tebboune a instruit le ministre de l’Industrie d’engager immédiatement un recensement des producteurs dans les wilayas connaissant une importante dynamique industrielle, en coordination avec les walis de la République, et de procéder à un inventaire national de toutes les spécialités, catégories et nature de produits électriques en Algérie en vue d’interdire l’importation des produits fabriqués localement, et ce en l’espace d’un mois.  Il a également décidé de l’arrêt définitif de l’exportation des déchets ferreux à partir de la fin mars prochain et l’orientation des ces produits vers le marché national pour appuyer l’industrie, en attendant la régulation du marché, conformément à une étude approfondie des exportations et des importations dans ce domaine. 

Samira Ghrib

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