Économie

Déblocage des exportations ukrainienne et Russes de céréales : Poutine sur le point de gagner son bras de fer 

De crainte de devoir affronter dans un futur proche des pénuries ou encore une hausse vertigineuse des prix, l’Union européenne a entrepris ces derniers jours de reconsidérer sa politique de sanctions maximales qu’elle applique à l’égard de la Russie. Ce travail a abouti hier à une décision importante pour la Russie.  

Le président russe Vladimir Poutine a évoqué mardi, lors de pourparlers à Téhéran avec ses homologues iranien et turc sur la situation en Syrie, des progrès dans les négociations pour l’exportation des céréales d’Ukraine via la mer Noire. A l’occasion, il a remercié son homologue turc Recep Tayyip Erdogan pour sa « médiation » dans ce dossier. Le ministère russe de la Défense avait indiqué vendredi qu’un « document final » serait prêt sous peu pour permettre l’exportation de céréales d’Ukraine. La quantité de céréales destinées à l’exportation et bloquées en Ukraine en raison de la guerre pourrait tripler d’«ici à l’automne» pour atteindre 75 millions de tonnes. Actuellement, entre 20 et 25 millions de tonnes de céréales sont bloquées.

Cette situation de blocage a déjà eu des conséquences désastreuses sur plusieurs pays. La guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie ont fait vaciller l’équilibre alimentaire mondial. Des pays africains et moyen-orientaux sont les premiers touchés et craignent de graves crises alimentaires. L’ONU craint, à ce propos, « un ouragan de famines », essentiellement dans des pays africains qui importaient plus de la moitié de leur blé d’Ukraine ou de Russie, deux pays classés parmi les plus grands exportateurs de blé au monde.

Seulement, Vladimir Poutine a fait savoir que la Russie ne laisserait l’Ukraine reprendre ses exportations de blé qu’à une condition. De quoi s’agit-il ? Le chef de l’Etat russe exige que la reprise des exportations ukrainiennes de céréales via le port d’Odessa (sud de l’Ukraine) soit accompagnée de la levée des restrictions occidentales sur les céréales russes. « Nous faciliterons l’exportation des céréales ukrainiennes, mais en partant du fait que toutes les restrictions liées aux livraisons aériennes à l’export des céréales russes soient levées », a affirmé le président russe. « Nous nous étions entendus depuis le début sur ce point avec les organisations internationales. Mais personne n’a pris la responsabilité de finaliser tout cela, y compris nos partenaires américains », a-t-il poursuivi. « Les restrictions sur les livraisons d’engrais russes sur le marché mondial ont été levées par les Américains, dans la pratique », a assuré M. Poutine.  « S’ils veulent sincèrement améliorer la situation sur les marchés mondiaux alimentaires, j’espère qu’il en sera de même concernant les exportations de céréales russes », a-t-il poursuivi.  

Il y a tout le lieu de croire que sa condition sera satisfaite. Et dans très peu de temps par les Occidentaux. Il faut savoir que la raréfaction des céréales sur le marché mondial touche également de plein fouet les pays de l’Europe Occidentale. De crainte de devoir affronter dans un futur proche des pénuries ou encore une hausse vertigineuse des prix, l’Union européenne a entrepris ces derniers jours de reconsidérer sa politique de sanctions maximales qu’elle applique à l’égard de la Russie. Les Européens ont compris qu’ils ne peuvent pas se passer du blé russe. Le travail de l’UE a ainsi abouti hier à une décision importante à la fois pour la Russie et pour les pays consommateurs de blé.  

L’UE a pris en effet un engagement pour que les sanctions «ne mettent pas en péril la sécurité alimentaire et énergétique dans le monde». L’accord donne la possibilité aux États membres « d’autoriser le déblocage de certains fonds ou ressources économiques gelés appartenant à des banques russes (…) après avoir établi que ces fonds ou ressources économiques sont nécessaires à l’achat, à l’importation ou au transport de produits agricoles et alimentaires, y compris le blé et les engrais ».  Sept banques russes -Bank Rossiya, Promsvyaebank, VEB-RF (ou  Vnesheconombank, VEB), Otkritie FC Bank (anciennement connue sous le nom de  NOMOS Bank), Novikombank, Sovcombank (anciennement connue sous le nom de Buycombank) et VTB Bank- sont concernées par cette dérogation. L’accord trouvé par les ambassadeurs des pays de l’UE à Bruxelles doit être avalisé par les gouvernements pour être publié ce jeudi au Journal officiel afin d’entrer en vigueur.  Il est certain que cette décision sera de nature à réduire la tension qui subit le marché mondial des céréales et à atténuer l’impact de la crise alimentaire qui se profile dans plusieurs parties du monde. 

Khider Larbi

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