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L’UE veut relancer le dialogue énergétique au moment où les cours du gaz explosent : L’incontournable voie algérienne

Le géant russe Gazprom multiplie les suspensions et réductions des livraisons de gaz à l’Europe laquelle se trouve face au spectre d’une crise énergétique majeure dès l’autonome. Et au moment où les prix explosent, le Vieux continent ne dispose pas de beaucoup d’options fiables et sérieuses. Seule l’Algérie apparaît aujourd’hui comme alternative, avec laquelle l’UE cherche à relancer le dialogue énergétique. Un dialogue qui ne sera possible qu’au prix de certains préalables. 

L’Europe s’inquiète. La Russie a une nouvelle fois décidé d’une suspension des livraisons de gaz à travers le North Stream durant trois jours. Un jeu du chat et de la sourie qui dure depuis quelques mois déjà et qui a mis l’UE dans une situation plus qu’embarrassante. En plus de faire face à un risque réel de voir la Russie fermer les vannes dès l’autonome, la réduction continue des quantités de gaz livrées n’a pas permis aux pays de l’Union de reconstituer leurs stocks. Une situation qui met les marchés sous pression et réduit les options disponibles pour l’UE. Hier encore, les prix du gaz sur le marché européen continuaient à flamber. Les prix du TTF néerlandais, référence sur le marché européen, ont bondi de près de 16%. En fin de journée, les contrats à terme pour le mois de décembre s’échangeaient encore à plus de 290 euros. 

Le matin même, ils étaient montés à près de 293 euros, un niveau plus vu depuis les séances très volatiles des premières semaines du conflit en Ukraine, à la mi-mars. Les marchés spots risquent donc d’être une option coûteuse pour les gouvernements européens qui font d’ailleurs face à une montée de la protesta en raison de la hausse des prix de l’énergie. Un marché d’ailleurs peu fiable en raison de la volatilité des prix et des approvisionnements, notamment en GNL. 

L’hiver risque donc d’être froid et rude en Europe et celle-ci doit impérativement trouver des alternatives d’autant qu’il s’agit de remplacer plus d’une centaine de milliards de mètres cubes de gaz russe, voire plus en raison de la hausse de la demande.  L’UE a bien tenté un plan de réduction de la consommation de 15% avec peu de succès. On a également évoqué une hausse des livraisons de GNL US et Qatari qui en plus d’être très coûteux, ne suffiront pas. C’est dans ce contexte que l’Union européenne se tourne vers l’Algérie qui s’impose comme l’option la plus viable et la plus fiable, d’autant que celle-ci est liée au continent européen par deux gazoducs et s’est illustrée par le respect de ses engagements en toute circonstance. Rome a très vite compris les enjeux et a tiré profit de ses relations privilégiées avec Alger pour s’assurer une hausse substantielle des livraisons de gaz via le gazoduc Enrico Mattei, en contrepartie d’un approfondissement du partenariat sur les plans énergétique, industriel, commercial et politique. Un exemple que les autres gouvernements européens méditent aujourd’hui. Emmanuel Macron arrive jeudi à Alger pour parler de gaz principalement, tandis que le chancelier allemand Olaf Scholz cherche des routes qui pourront permettre d’acheminer du gaz algérien jusqu’au cœur de l’Europe et déterre le vieux projet de gazoduc « Medcat » qui devait relier l’Espagne à l’Allemagne via la France. 

Préalables

Pour sa part, la commission européenne cherche à relancer le dialogue énergétique avec l’Algérie, et en ce sens l’Espagne de Sanchez est dans l’embarras, selon les médias espagnols, qui affirment que celle-ci subit la pression européenne pour reprendre langue avec Alger. Or, la réouverture du dialogue et l’engagement de nouvelles discussions sur le gaz devra passer par certains préalables. D’autant que l’Union européenne a négligé par le passé le dialogue énergétique européen engagé et institutionnalisé dans le cadre de l’association et elle en paye aujourd’hui le tribut. Au regard d’une conjoncture nouvelle qui donne un avantage stratégique certain à l’Algérie, celle-ci est bien déterminée à en tirer les dividendes et affiche ses exigences. Car le nouveau dialogue énergétique ne peut être assis que sur un partenariat renouvelé, assis sur un engagement plus important des partenaires dans le secteur des hydrocarbures, dans la transition énergétique, mais aussi l’investissement dans l’industrie, la PME et l’innovation. 

Un dialogue qui doit aussi concerner des discussions sur les dossiers politiques majeurs notamment qui concernent la région du Maghreb et du Sahel et qui doit permettre un rapprochement des points de vue en ce qui concerne le strict respect de la légalité internationale et le respect de la souveraineté des États. 

Samira Ghrib

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